Patrick Bruel

Crédits photo : Montage Pure Charts / Bestimage
Au début des années 90, une véritable "Bruelmania" s'abat sur la France. Alors en pleine gloire, Patrick Bruel écoule 3 millions d'exemplaires de son album "Alors regarde...", soutenu par les tubes "Casser la voix" et "J'te l'dis quand même", qui demeure encore aujourd'hui l'un des disques les plus vendus en France. Une époque folle que Patrick Bruel dit avoir bien et mal vécu. « Ce que je vivais bien, c'était ma relation au public, l'histoire qui avançait, mes chansons qui rentraient chez les gens, ces albums qui se vendaient par millions... » explique-t-il au micro de Purecharts : « Ce que j'ai moins aimé, c'est la récupération médiatique qui s'est faite d'un phénomène plus sociologique qu'artistique. Cette dichotomie me paraissait dangereuse pour les années à venir ». A l'époque, le succès est de tous les instants pour Patrick Bruel, dont les reportages montrent surtout les premiers rangs hystériques (« Patriiiiick ») à chacun de ses concerts.

"Ça tombe bien, je suis en bas de chez toi"

Mais davantage que "Casser la voix", cette époque de succès va être marquée par un autre tube, devenu un classique du répertoire de Patrick Bruel : "Place des grands hommes". Une chanson au texte universel qui raconte les retrouvailles d'une bande d'amis de lycée, 10 ans après la fin des cours : « On s'était dit rendez-vous dans 10 ans, même jour, même heure, même pommes... ». C'est en regardant le film "Les copains d'abord" de Lawrence Kasdan (1983) que le chanteur à l'idée de ce titre, comme il l'explique à notre micro : « Ce sont des amis qui se retrouvent à l'occasion de l'enterrement d'un de leurs copains. Ils se retrouvent dans une maison et s'opère une sorte de bilan autour d'une discussion. J'ai trouvé ce principe assez joli et je m'imaginais, moi, avec ma bande de copains, faire la même chose ».

A LIRE - Patrick Bruel en interview : "Le succès rassure, il est souvent synonyme d'affection"

C'est alors que Patrick Sabatier l'invite à participer à un numéro de son émission "Avis de recherche", où il va justement revoir ses anciens amis. Et écrire pour l'occasion une chanson spéciale, qui deviendra cette fameuse "Place des grands hommes", en compagnie de Bruno Garcin. Patrick Bruel a d'ailleurs une anecdote amusante à ce sujet : « Bruno Garcin écrit un texte, me donne le texte, je le pose, j'y pense plus. Et un mois plus tard, il me téléphone. Et il me dit : "Alors où t’en es au niveau de la chanson ?". Je dis : "Ouais ouais, j'avance, j'avance. J'en suis à la moitié. Quand tu passes par là, je te la ferai écouter. Ça va être bien et tout." J'avais rien foutu ! Il me dit : "Ça tombe bien, je suis en bas de chez toi" ». Mais la magie de la musique opère et Bruno Garcin a les larmes aux yeux en écoutant la chanson.

"Les gens se la sont appropriées"

Sorti en single en février 1991, soit 16 mois après l'album, "Place des grands hommes" va alors devenir un immense succès et se classer quatrième du Top 50. Et depuis plus de 30 ans, sa popularité ne s'est jamais démentie, pour le plus grand plaisir de Patrick Bruel : « Dans ma chanson, ce sont des vrais prénoms, mais dans toutes les adaptations que je reçois toutes les semaines des gens qui fêtent leur enterrement de vie de jeune fille ou de jeune garçon, de bar-mitsvah, de mariage... Les gens changent les paroles, c'est très joli, c'est très touchant ! Les gens se la sont appropriées. Elle ne m'appartient plus ». Aujourd'hui, le chanteur est d'ailleurs toujours en contact avec ces amis : « A part certains qui nous ont malheureusement quittés, d'autres sont venus me voir à Toulouse pendant la tournée. Ils ont débarqué un soir... Pendant une tournée, je les vois presque tous, chacun est dans sa ville ». Un beau message d'amitié qui résonne toujours aussi fort !