Patrick BruelVariete Francaise » Variété française
samedi 14 janvier 2023 12:50
"Un cri de douleur" : comment "Casser la voix" a sauvé la carrière de Patrick Bruel
Par
Théau BERTHELOT
| Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
En 1989, Patrick Bruel accédait à la gloire avec son single "Casser la voix". La chanson de la dernière chance pour l'artiste, après une traversée du désert. Il nous raconte l'histoire de son tube pour le format "Face A" de Purecharts.
Crédits photo : Capture d'écran Purecharts / Pochette
Patrick Bruel est de retour dans les bacs avec son nouvel album "Encore une fois". Preuve de sa popularité toujours au sommet, plus de 62.000 exemplaires du disque ont été vendus en l'espace de deux mois. Il faut dire que l'artiste connaît un succès presque sans faille depuis près de 35 ans. Pourtant, tout n'a pas été simple au début : révélé en 1984 avec le single "Marre de cette nana-là", le chanteur a eu plus de mal à confirmer dans les années suivantes. Même si ses concerts affichent complets, les ventes de disques ont du mal à décoller. Jusqu'à une chanson, celle qui va faire toute la différence : "Casser la voix", dont il nous raconte la création pour le format "Face A" de Purecharts. Et son destin a tout d'un scénario de film ! Le player Dailymotion est en train de se charger...
"Une colère intérieure"C'est en 1987 que la chanson naît suite à un concert de Patrick Bruel aux Francofolies de la Rochelle. Il ne joue pas sur la Grande Scène mais sur le parking du Gabut devant 400 personnes. Totalement fan, il reste le soir pour assister au concert de son idole, Jacques Higelin. « En voyant ce spectacle, je vois ce qu'est l'artiste que je veux être. C'est à dire un artiste et un homme libre de ses audaces, de son expression, de sa générosité, de sa manière de recevoir, sa manière de donner, sa manière de profiter, sa manière de vivre la scène » se souvient-il : « C'est exactement là où je dois être et je sais que j'y suis pas. Ça crée chez moi une frustration et à la fois une colère intérieure ». Convaincu de suivre cette voie après ce choc artistique, Patrick Bruel va donc passer toute la nuit « à errer dans les rues de La Rochelle, à rencontrer des gens, à entrer dans des bars, à discuter, à faire de la musique ». Ce n'est que lorsqu'il rentre à son hôtel à 6 heures du matin qu'il va composer les premières notes de ce qui deviendra "Casser la voix", au grand dam de ses voisins de chambre... « Et là, je pose ma guitare, je laisse la chanson de côté » dit-il. Finalement, deux ans plus tard, celle-ci va ressurgir, alors qu'il enregistre ce qui va être son album "Alors regarde" à New York : « On est déjà à 14 chansons, et Mick Lanaro [ingénieur du son, ndlr] me dit "Bon y'a rien d'autre, on a fait le tour ?". Je lui dis : "Ouais attends, il y a peut-être ce truc là." Et je lui joue le début de "Casser la voix". Et il me dit "Wow, c'est bien ça, il faut la finir !" ». "C'était un cri de douleur"Il fait donc appel à l'auteur-compositeur Gérard Presgurvic pour donner naissance aux paroles désormais connues de tous. « C'est la chanson du one shot. C'est à dire que l'enregistrement des musiciens était en une prise » rappelle Patrick Bruel, révélant que le solo de guitare devait être joué à l'origine par le légendaire Eric Clapton : « Et quand Nick Moroch [le guitariste] l'a su, il ne voulait pas laisser la place pour ce solo, il voulait faire ce solo et il a fait un solo. Il a proposé un solo et il a fait une prise. (...) Et ensuite, j'ai chanté et j'ai chanté une prise. Et à la fin de la prise, derrière la cabine, je voyais Mick Lanaro les yeux un peu embrumés, et je lui ai dit "On en refait une ?" (...) "On n'en refait pas". Il me dit : "C'est bon" ». Malgré son évidence, personne ne pense à sortir "Casser la voix" en tant que premier single de l'album "Alors regarde" à part Patrick Bruel, Gérard Presgurvic et sa femme Evelyne. Bien leur a pris au vu de l'immense succès du titre, classé troisième du Top 50 et vendu à 400.000 exemplaires. « J'étais heureux de voir que ça pouvait partir comme ça » se réjouit-il aujourd'hui, avec le recul : « C'était un cri de douleur en même temps, et c'est devenu générationnel. Il y a eu identification sur les chansons et sur l'artiste en même temps, et sur l'homme aussi ». Car ce single a marqué le début d'un phénomène dont Patrick Bruel aura du mal à se défaire, la "Bruelmania" : « Ça faisait beaucoup de choses en même temps, qui nous ont amenés à un phénomène un peu surprenant et agréable, mais il fallait être vigilant parce que ça prenait des proportions importantes ».
Retrouvez Patrick Bruel sur son site officiel et sa page Facebook officielle.
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