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Quand Grégory Lemarchal parlait de sa maladie, la mucoviscidose : "Je n'en veux pas à la vie"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
En avril 2007, Grégory Lemarchal perdait son combat contre la mucoviscidose à seulement 23 ans. Une maladie génétique rare sur laquelle il ne s'exprimait que très rarement. En 2005, le chanteur avait néanmoins accepté de se livrer sans concession dans l'émission "Sept à huit". Une leçon de courage.
Crédits photo : Bestimage
Ce lundi 7 septembre, les téléspectateurs de TF1 pourront découvrir le destin de Grégory Lemarchal dans le film "Pourquoi je vis", une fiction réalisée par Laurent Tuel racontant « l'histoire d'un gamin pas comme les autres, l'histoire d'une voix, d'une présence, d'un supplément d'âme, d'un combat de chaque instant ». C'est le jeune acteur Mickaël Lumière qui prendra les traits de Grégory Lemarchal dans ce biopic nous ramenant en 2004 à l'époque de la "Star Academy" mais aussi en 1985, année où les parents du chanteur ont découvert que leur fils était atteint de la mucoviscidose, une malade générique rare aux multiples formes qui touchent principalement les voies respiratoires et le système digestif selon le site de l'association Grégory Lemarchal, créée en son nom à sa mort en avril 2007.

Sa condition particulière, Grégory Lemarchal n'en avait jamais fait une fatalité. Sacré champion de France de rock sauté à l'âge de 14 ans, le jeune homme était entré à la "Star Academy" avec l'envie de prouver que rien ni personne ne l'empêcherait de toucher du bout des doigts ses rêves. D'ailleurs, le chanteur n'évoquait presque jamais sa maladie dans les médias. « Quand je suis entré au château, on m'a collé l'étiquette du malade, et depuis, il a fallu que je m'en débarrasse. Parce que si je gagne pour cette raison, alors, c'est une mauvaise raison. Je crois avoir fait mes preuves. Je n'accepterai pas qu'on pense que j'ai gagné parce qu'on a voulu me faire plaisir » expliquait-il dans les colonnes de Gala en décembre 2004, quelques heures avant sa victoire écrasante face à Lucie Bernardoni : 80% du public avait voté en sa faveur, transporté par ses interprétations mémorables de "SOS d'un terrien en détresse" ou "Et maintenant".

"Se soigner, c'est aussi bouger et vivre ses rêves"


Pourtant, Grégory Lemarchal avait accepté d'évoquer longuement sa lutte contre la mucoviscidose quelques semaines après la fin de l'aventure "Star Academy". Ce fut à l'occasion d'un entretien-confession conduit par Thierry Demaizière pour un numéro de "Sept à huit", l'émission de TF1. Alors en plein enregistrement de son premier album, l'interprète de "Écris l'histoire" lançait face caméra, et sans se départir de son sourire angélique, un message plein de courage : « Peu importe ce qu'il se passe dans la vie, je croque la vie à pleines dents. Je suis en vie et je dis merde à tous ceux qui penseront le contraire. Ceux qui pensent qu'être malade, ça veut dire rester tranquillement chez soi, à rien faire de sa vie et la consacrer qu'à se soigner. Se soigner c'est aussi bouger, vivre ses rêves et c'est ce que je m'évertue à faire ». Jamais Grégory Lemarchal n'avait vu en son sacre dans le télé-crochet et sa percée dans la musique une revanche sur la vie et sur la maladie : « Moi je n'en veux pas à la vie, ce n'est pas une revanche. C'est comme ça et puis c'est tout. Ce n'est pas la fin du monde ».

Crédits photo : Bestimage

"Je me donne à fond pour ne pas avoir de regrets"


Au contraire, Grégory Lemarchal estimait que son parcours n'aurait pas été le même s'il avait été un garçon en parfaite santé. « La maladie m'a donné la niaque. Le principal mot d'ordre à retenir, c'est ça : la rage. (...) Depuis toujours je suis impatient, impulsif. C'est mon idée de vivre au jour le jour et me donner à fond pour ne pas avoir de regrets. Depuis tout petit, j'ai l'envie de me battre et de ne rien lâcher. En primaire, j'étais le premier à être dehors en récréation pour faire un match de foot avec les potes. Y'a une année, j'avais marqué 120 buts ! » racontait-il devant les caméras de "Sept à huit", la tête pleine de souvenirs. Face au journaliste, le chanteur de "Restons amis" se livrait sans fard sur son quotidien contre la mucoviscidose, qu'il décrivait comme un « bras de fer ». « C'est tousser, y'a de l'essoufflement. Y'a des aérosols, y'a des kinés. C'est comme pour une bagnole, quand elle arrive à vide ou qu'elle a plus d'essence, il faut refaire le plein. C'est pareil pour moi » expliquait-il pour dédramatiser ce lourd dispositif. La maladie ? Elle avait forgé son caractère. « Je peux vraiment être très mature et des fois je peux être un gosse. J'ai besoin de relativiser tout ce qu'il se passe par moment et pour ça, je fais le con, je fais des blagues » confiait Grégory.

"Je réussis à surpasser la maladie quand je chante"


Comment un jeune homme affecté par une maladie lui coupant le souffle était-il capable de chanter avec une telle aisance ? Grégory Lemarchal ne se l'expliquait pas. « Même les médecins n'arrivent pas trop à comprendre que je puisse avoir autant d'air dans une chanson. Ce qui m'a toujours surpris, et que je ne m'explique pas encore, c'est que je ne tousse jamais sur scène. Je réussis à surpasser la maladie parce que je vais au-delà du mal. J'arrive à le repousser et à franchir les obstacles pour pouvoir aller chercher ce qu'il y a de plus positif en bas et ça sort. Ça vient du fond du ventre » analysait l'ancien candidat de "Graines de star" sur M6, s'estimant chanceux de disposer d'un tel don : « Si je n'avais pas eu la muco, peut-être que je ne serais jamais devenu chanteur. Si j'en suis là aujourd'hui, ce n'est peut-être pas par hasard ». A ce moment de l'interview, Grégory Lemarchal citait alors le passage préféré de l'une de ses chansons, "A corps perdu" : « Et si la vie n'est qu'une cause perdue, je partirais libre d'y avoir enfin cru ». Et de terminer l'entrevue en confiant, avec une lueur d'espoir dans les yeux et un grand sourire, être sûr et certain qu'on pourrait un jour guérir de la maladie qui l'emportera deux ans plus tard.

Regardez Grégory Lemarchal dans "Sept à huit" :

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