Grand Corps Malade

Crédits photo : YouTube
C'est un peu le remake des Trois Mousquetaires en chanson. En début du printemps, Grand Corps Malade, Ben Mazué et Gaël Faye ont eu l'idée de s'enfermer en studio pour stimuler leur créativité et voir ce qui pourrait en sortir. Ainsi sont nées, en l'espace d'une semaine, les sept chansons qui composent l'album "Ephémère", disponible depuis le 16 septembre. « C'est vraiment une parenthèse, qui se voulait courte dans le temps. Une semaine de création et ensuite un peu de promo. Mais cette petite parenthèse, elle était tellement bien, tellement belle, tellement intense, qu'elle restera. Tant qu'on est là, on en aura un beau souvenir » confie Grand Corps Malade dans les pages du Télégramme, tandis que Gaël Faye parle d'un « moment suspendu », ludique : « On avait envie de s'amuser et de trouver une raison pour être ensemble et faire de la musique. Faire un pas de côté ».

"Mais t'es qui toi pour nous donner ton avis ?"

Entré deuxième des ventes derrière Lomepal, cet album concept rencontre un joli accueil critique et public, avec quelques 36.000 ventes au compteur. Défendu en radio par les singles "On a pris le temps" et "Tailler la route", il s'offre juste à temps pour les fêtes de Noël un troisième coup de projecteur avec la chanson "La cause". Un titre intense sur fond de politique, puisqu'il est question, sur un sample du titre "La superbe" de Benjamin Biolay, de la place de l'artiste et de son engagement dans l'espace publique. Chacun d'entre eux incarne une position : Grand Corps Malade est à la croisée des chemins, tiraillé entre utiliser sa voix pour prendre la parole ou rester silencieux pour ne pas passer pour un donneur de leçons. « On m'appelle pour mettre mon nom sur des tas d'pétitions / On m'force à mettre tout un tas de bonnes causes en compétition » entonne-t-il, qualifié par ses détracteurs de « bobo-gaucho ».

Regardez "La cause" de Grand Corps Malade, Ben Mazué et Gaël Faye :



Ben Mazué, lui, est le musicien qui refuse de s'engager sur des sujets clivants qu'il ne maîtrise pas. « Y'a rien qui m'plait moins que celui qui s'permet, de parler de c'qu'il a sur-survolé / Qui montre du doigt, qui condamne et qui sait » souligne-t-il, au contraire de Gaël Faye : lui veut « chanter, rapper, alerter, témoigner », « cracher des tempêtes » et « allumer des brasiers ». Car pour lui, ne rien dire c'est être complice : « Parler c'est prendre position. Se taire c'est prendre position ». Trois avis divergents pour un texte fort prenant tout son relief dans le clip de "La cause", réalisé par Jean-Charles Charavin et qui nous entraine dans trois époques différentes : au Moyen-Âge, avec un spectacle de troubadours avant la mise à mort de condamnés ; de nos jours, lors d'une manifestation sous haute tension ; et dans la noirceur d'un futur totalitaire, à l'heure de la révolte. Un morceau qui résonnera à trois reprises à la salle Pleyel à Paris les 10, 11 et 12 mars 2023, pour trois concerts uniques.