Grand Corps Malade

Crédits photo : Bestimage
C'est le bras de fer médiatique de l'été. Depuis plusieurs mois, le journaliste et agent de stars Fabien Lecoeuvre est au coeur d'une vive polémique pour des propos choquants tenus envers la chanteuse Hoshi, dont il a dénigré le physique sur l'antenne d'une radio. « Vous mettez un poster de Hoshi dans votre chambre, vous ? Mais elle est effrayante. Elle a du talent, cette fille, vraiment, mais qu'elle donne ses chansons à des filles sublimes » avait-il lancé au beau milieu d'une analyse de la chanson française d'aujourd'hui, dans un discours aux relents sexistes qui a défrayé la chronique. Pas vraiment convaincu par ses explications maladroites après la réaction outrée de Hoshi, Grand Corps Malade a décidé d'en faire une chanson intitulée "Des gens beaux" dans laquelle il tourne en ridicule, avec sa verve piquante, l'argumentaire de Fabien Lecoeuvre... qui a décidé, en retour, de mettre en demeure le musicien. Au motif que sa voix est utilisée « sans son autorisation », il demande ainsi à Warner Music France de cesser immédiatement l'exploitation du titre, dénonçant au passage « une véritable incitation à la haine » lorsque Grand Corps Malade joue le morceau en festival, puisque le chroniqueur se fait allégrement siffler et huer. Aujourd'hui, le slameur réplique et n'y va pas par quatre chemins.

"Moi qui pensais que vous me remercieriez"

Dans une première lettre rendue publique par Le Figaro, Grand Corps Malade s'adresse directement à Fabien Lecoeuvre qu'il trouve « décidément surprenant ». « Moi qui pensais que vous aimeriez ma chanson et que vous me remercieriez. Je transforme vos horreurs radiophoniques en morceau festif et je reçois une mise en demeure. Je pensais que vous me sauriez gré d'avoir trouvé la juste manière de vous excuser bien plus efficacement que par vos six demi-lignes sur Twitter » écrit non sans ironie l'artiste de 44 ans, aussi stupéfait qu'amusé par ces menaces judiciaires : « Vous m'accusez d'incitation à la haine: le comble ! Franchement, seuls vos propos, ceux qui sortent de votre propre bouche, pourraient provoquer une telle réaction épidermique. Ma chanson n'est que bonne humeur, paix, tolérance, et lors des festivals cet été, les gens (beaux ou pas) ont chanté et dansé dessus comme jamais ».

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« Je pense qu'on doit en rester là » ajoute Grand Corps Malade, fier du message d'acceptation que renvoie sa chanson. « Vous avez raté votre première tribune médiatique, vous m'avez l'air mal embarqué sur la seconde. Alors venez danser sur cette jolie chanson, acceptez-la pour ce qu'elle représente, et soyez fier de l'avoir inspirée. À moins, que vous ne me trouviez pas assez beau ? » conclut l'interprète de "Derrière le brouillard", lui qui prend Charles Aznavour, Edith Piaf ou Georges Brassens comme exemples dans sa chanson pour montrer que le don de la musique n'a rien à voir avec l'apparence physique. Un écho aux récents coups de gueule de Louane, cible de critiques sur son poids et qui rappelle qu'elle est chanteuse « et pas mannequin ».

"Le droit a été respecté dans tous ses aspects"

La deuxième lettre relayée par le Figaro est signée de Me Sébastien Haas, l'avocat de Grand Corps Malade, et s'adresse à Me Stéphane Loisy, qui conseille Fabien Lecoeuvre. Pour celui-ci, « les propos tenus publiquement par Fabien Lecœuvre dans l'exercice de sa profession font partie du débat public et ne relèvent aucunement de sa sphère privée ». « Le pedigree de votre client ne plaide pas en sa faveur sachant qu'il passait sur les ondes radiophoniques qu'il maîtrise à la perfection » ajoute-il, en précisant que Fabien Lecoeuvre n'est pas en droit d'estimer qu'il est co-auteur de la chanson parce que ses propos sont réutilisés : « Aucun monopole de propriété intellectuelle n'est envisageable sur la base d'une opinion exprimée sans la moindre expression artistique... au contraire du texte de Fabien Marsaud. Ce texte comme sa musique, constitue autant une oeuvre d'art à part entière que la libre expression d'un artiste qui dispose du droit le plus absolu, sous la forme qui lui sied tant qu'elle respecte le droit, de répondre aux propos publics, avérés et univoques de Fabien Lecoeuvre. Le droit a été respecté dans tous ses aspects, ne lui en déplaise ».

Quant aux accusations d'incitation à la haine évoquée après les performances publiques du titre "Des gens beaux", l'avocat de Grand Corps Malade estime qu'il n'en existe aucune « dans les textes, attitudes ou prestations » de son client. « Il suffit de lire ou d'écouter le texte pour entendre le message de respect, de paix, de tolérance qui l'anime » termine-t-il dans sa lettre, avant d'indiquer : « Toute démarche à l'égard du distributeur Universal Music France visant à faire interdire la bonne exploitation de l'œuvre sera susceptible de poursuites ». Si suite il y a, elle se jouera désormais au tribunal.