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Zaho en interview : "Ça m'a mis une vraie pression de devoir revenir"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
De retour avec son nouvel album "Résilience", Zaho se confie en interview sur Purecharts sur son comeback après tant d'années d'absence, comment la musique a évolué, ses chansons pour son fils, son duo avec Indila ou encore Céline Dion.
Crédits photo : Fifou
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Tu faisais ton grand retour avec "Ma lune" en mars 2021. Ton nouvel album "Résilience" sort près de deux ans après. Pourquoi ça a pris autant de temps ?
Il y a eu un événement qu'on a tous oublié qui s'appelle le Covid ! (Rires) Donc c'est très simple, on allait le sortir dans la foulée et on nous a annoncé un confinement. Dans le doute, vu que je n'aurais pas pu le défendre, on a préféré prendre le temps, réinstaller le nom Zaho, et annoncer un retour plus affirmé. J'ai pu prendre le temps de faire de la recherche artistique encore et encore... Je pense avoir bien fait car si j'avais sorti l'album il y a deux ans, il y a six titres qui n'y apparaitraient pas. C'est un mal pour un bien... La résilience, c'est ça de toute façon !

Tu écrivais à l'époque que quatre ans d'absence "c'est une éternité" dans l'industrie musicale. Presque six ans plus tard, tu as eu la pression ?
Ah bah oui, ça m'a mis une vraie pression de devoir revenir parce qu'il y a la pression du jugement, il y a la peur de décevoir. On se dit aussi que le marché a changé, la vie de tous les jours a changé... On avait tous des QR code et des pass vaccinaux... La vie a changé de manière générale. Et la musique a évolué. Ça me mettait une grosse pression de me dire : "Est-ce que je suis à jour ? Est-ce que mon art, ce que je propose, ça peut toucher les gens, sans être vieux ?" C'est pour ça que je me suis entourée de plein de fraîcheur, des beatmakers de la nouvelle génération, que j'ai fait plein de recherches. Après, je ne me suis pas isolée non plus pendant tout ce temps-là, je faisais de la musique, j'écrivais pour les autres...

TikTok a commencé à dicter les singles qui vont cartonner
En effet, depuis ton précédent album, le streaming s'est développé, TikTok a explosé et a même modifié la structure des chansons...
Ah ouais ! TikTok a commencé à dicter les singles qui allaient cartonner dans le monde ou pas. Moi je n'avais même pas de compte TikTok ! Donc il fallait se mettre à jour par rapport à tout ça. Après, je me dis souvent : "Lentement mais sûrement". Il y a des morceaux que j'ai sortis quand tout ça n'existait pas, comme "Tourner la page" qui s'est retrouvé top 10 sur TikTok, et les gens se les sont appropriés. Parfois, je fais des petits concerts, je vois des petits et je suis étonnée de voir qu'ils connaissent "C'est chelou" ou "Tourner la page", les anciens titres, grâce à TikTok justement.

Est-ce que ça a eu un impact sur ta façon de créer ?
Alors... Il y en a qui pensent à TikTok en créant, mais moi je n'aime pas penser à la suite de ce que je fais pendant que je le fais. Je ne pense qu'à l'émotion que ça me procure. Est-ce que ça me donne envie de pleurer ? De danser ? Est-ce que ça plaît à mon entourage ? On fréquente plein de gens au studio, de différents univers, de tous les âges, donc je fais écouter même à des gens qui n'écoutent pas forcément ce que je fais. Après, il faut assumer ! Et si quelqu'un n'aime pas mais que je suis convaincue, il faut y aller aussi. Il ne faut pas se répéter, et il ne faut pas répéter ce que les gens consomment tous les jours, c'est aussi comme ça qu'on sort du lot.

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Il n'y a plus de recette, ce sont les gens qui décident
Tu as décroché plusieurs tubes depuis tes débuts. Avoir un tube en 2023, c'est encore une motivation ?
C'est vrai que la notion de tube, elle a changé. D'ailleurs, je préfère parler de hit car un tube pour moi c'est cylindrique et vide. (Rires) C'est de la consommation rapide. Je préfère penser en termes de classique. Aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, il n'y a plus les mêmes démarches, on n'est pas obligé de passer en radio ou à la télé pour que ça devienne un hit. Il y a des titres que j'ai sortis récemment et que les gens se sont appropriés sans que ça passe en radio. "Solo", le titre avec Tayc, quand je le fais en concert, je n'ai pas le temps de le chanter qu'ils le chantent tous par coeur. Comme "Ma lune", qui est plus dans le flow, et qui est plus difficile à chanter. Il n'y a pas de règles, il n'y a plus de recettes, c'est des coups de coeur. Ce sont les gens qui décident.

Ce nouvel album contient des chansons très intimes. Tu évoques beaucoup l'Algérie, ton enfance, ta famille, ta mère, ton fils ou ton mari... Ce retour aux sources est né d'un déclic particulier ?
Je me suis jamais déconnectée de la source. Je trouve juste que c'est parfois déplacé de parler gratuitement de nos sources s'il n'y a pas la chanson pour le faire bien. Quand ça s'y prêtait dans un morceau, quand il y avait la bonne émotion, la bonne musique, la bonne mélodie, que ça venait naturellement, je le faisais. Mais je ne ressens pas forcément le besoin de clamer haut et fort mes origines, car elles se ressentent déjà dans mon timbre vocal et dans mes mélodies. Et ça fait un petit moment que je suis là donc les gens connaissent mon parcours, savent que je suis née en Algérie, que j'ai grandi au Canada, que j'ai autant la culture nord-américaine que nord-africaine. Quand je crée, je ne le fais pas exprès, c'est mon ADN, donc sans le vouloir. Je le découvre quand les gens me le font remarquer.

Je ne voulais pas faire de chanson pour mon fils
Tu t'adresses notamment à ton fils Naïm sur "Ma lune" et "Tout ce qu'il me fallait". C'était important pour toi ?
Au début, je me disais que c'est tellement kitsch de faire une chanson sur son enfant. En vrai, tout le monde peut plus ou moins avoir un enfant, ce n'est pas non plus un truc de ouf. C'est super mais je ne voulais pas que ça devienne un trophée. Je me suis dit que je ne ferais pas ça, à la base ! (Rires) Je l'ai fait indirectement, en trichant, parce que j'ai plus parlé de moi, du changement que ça a créé en moi. Je parle de moi comme si je parlais à mon fils quand il sera grand, tout ce qu'il m'a apporté, sans forcément lui rendre hommage. Je voulais qu'il ait un souvenir à vie avec moi, peu importe ce qu'il vivra, qu'il sache que maman l'aime. (Elle chante) Et je t'aime Naïm !

Il a écouté les chansons ?
Il a écouté, et il est même dans le clip "Ma lune". C'était en plein confinement ! Il a vu tous les aspects, il a très bien joué son rôle, enfin ça n'en était pas un, on lui demandait juste d'être calme. Il connait la chanson par coeur, il sait qu'elle s'adresse à lui. Mais même sans ça, il sait que je l'étouffe d'amour !




Ton fils est d'ailleurs crédité sur la chanson "Tout ce qu'il me fallait" ! Pour quelle raison ?
Bien vu, pas mal ! Ce morceau-là, c'est le cadeau familial. Sur le premier couplet, je parle de Flo (Florent Mothe, son mari, ndlr), de comment on s'est rencontré... Dans le deuxième couplet, je parle de mon fils. Quand je dis "Tout ce qu'il me fallait c'est toi", je m'adresse à eux, aux hommes de ma vie. Et comme Flo joue les guitares sur ce titre, j'ai aussi crédité Naïm en tant qu'auteur avec moi pour que ce soit son truc à lui vu qu'il a participé quelque part à la chanson.

Justement, Florent Mothe joue les guitares sur deux titres de l'album. C'était naturel de travailler ensemble ?
Oui ! En fait, comme c'était pendant le confinement, quand je créais, il était là, et je ne pouvais pas appeler et inviter d'autres gens, donc on a travaillé ensemble. C'est cool aussi de travailler en famille. Bon, pas trop non plus ! (Rires) Non mais c'était facile, c'était fun, et on n'avait pas de deadline vu qu'il y avait le Covid. Finalement, j'ai testé des choses que je n'aurais pas osées si je n'avais pas eu ce temps-là.

Retravailler avec Céline Dion ? Je ne force pas le destin
Et comment est né le duo avec Indila, "Roi 2 coeur" ?
En fait, c'est marrant, on est de la même génération, on a été là à la même époque, et pourtant on n'avait jamais de feat ensemble. Ça me restait un peu en travers de la gorge, et ça faisait un petit moment que j'y pensais mais je voulais avoir la bonne chanson à lui proposer. Quand j'ai eu ce titre, je l'ai contactée durant le confinement et on s'est super bien entendues au téléphone, on a beaucoup ri. On a parlé de plein de sujets pendant deux heures. Ensuite plein de thèmes me sont venus en tête, et quand j'ai eu cette instru là, je l'ai gardée et je me suis dit tout de suite qu'elle était pour Indila. Je l'ai tout de suite trouvée incroyable. Avec Skalp, qui a arrangé le morceau, ils étaient ravis et charmés par le titre ! C'était inattendu de faire un duo, et encore plus sur ce titre-là !

Tu as travaillé sur le dernier album Céline Dion, "Encore un soir". Tu aimerais retravailler avec elle sur son prochain disque ?
Je ne force pas le destin, je n'aime pas les choses téléphonées. Les forceurs, c'est pas mon truc. Par contre, je serais ravie de le faire si elle me le demande. Ça dépendra aussi à quelle période je serais, si je suis en création ou en tournée. C'est quelqu'un que j'aime beaucoup. On ne s'est pas vues qu'en studio, on s'est vues en France, au Canada, avant ses concerts... D'ailleurs, elle a une super bonne mémoire ! Elle voit beaucoup de gens qui la sollicitent tout le temps mais elle va te reparler d'une discussion que tu avais eue avec elle il y a six mois. Wow ! C'est une personne sincère, et je serai assez sincère avec elle pour ne pas faire la relou. Je ne suis pas intéressée avec elle. C'est que de l'amour, c'est que du kiff.
Retrouvez l"actualité de Zaho sur son site officiel et sa page Facebook officielle.
Ecoutez et/ou téléchargez la discographie de Zaho sur Pure Charts.

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