Serge Gainsbourg

Crédits photo : Bestimage
Samedi 5 avril 1986. Présentateur vedette du PAF, Michel Drucker, 44 ans, reçoit ce soir-là dans sa célèbre émission de variétés "Champs-Élysées" du beau monde. Une jeune chanteuse américaine encore inconnue, une certaine Whitney Houston, fait sa première apparition, divine, devant les téléspectateurs français. Sur le plateau, l'animateur l'invite à s'asseoir et lui présente une icône de la chanson française, Serge Gainsbourg. « Serge, dites-lui que vous l'avez trouvée sublime ! » incite Michel Drucker, alors que le musicien, gentleman en smoking, lui offre un baise-main. Puis tout bascule. Dans un état second, le musicien tente maladroitement de la séduire en anglais avant d'avouer en direct qu'il aimerait bien la « baiser » : « I want to fuck her ». Choquée, la chanteuse, 22 ans à l'époque, a très bien compris le sous-entendu grivois même si Michel Drucker tente de noyer le poisson. « Oui, euh... Alors... Je vais vous traduire... Non, non, no, no... He said you are great, il dit que vous êtes très jolie » bafouille l'animateur. « Pas du tout, j'ai dit "j'voudrais bien la baiser !" » corrige l'interprète de "Melody Nelson". L'assistance est hilare, la star très mal à l'aise et la séquence devenue culte.



Invité cette semaine dans l'émission "En Aparté" sur Canal+, Michel Drucker admet n'avoir jamais rayé de sa mémoire cet instant qu'il qualifie de « cauchemar ». Le présentateur revient sur les circonstances de la venue à Paris de Whitney Houston qui, il ne savait pas encore, allait devenir l'une des plus grandes divas du siècle. « Sacha Distel était très lié à Dionne Warrick, qui était une grande chanteuse black américaine et la tante de la petite Whitney. Et la tante a appelé Distel en disant : "Écoute, ma nièce qui est en train de devenir une vedette très importante, vient en France. Quelle télé, il faut qu'elle fasse ?" Et Sacha lui a dit : "Une seule, il faut qu'elle fasse "Champs-Elysées". C'est un copain à moi qui présente. Elle va être reçue de façon inoubliable". La suite, vous connaissez » se souvient-il avec humour.

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"Ça reste un cauchemar pour moi"

A l'époque pourtant, l'animateur de "Vivement dimanche" rit jaune. Si Whitney Houston ne laisse rien paraître devant les caméras, en coulisses l'ambiance est explosive et au grand dam de Michel Drucker, ce moment très gênant fait le tour de la planète. « Ça a été un scandale mondial ! D'ailleurs, cette séquence-là que vous voyez, qui est le buzz de ces cinquante dernières années à la télévision, passe dans le monde entier. Il m'est arrivé de me promener au Cambodge, de me promener en Israël, de me promener en Angleterre et on me parle de ça. Ça passe tout le temps. C'était tellement énorme, énorme ce qu'il lui a sorti... » confesse-t-il, encore marqué par l'incident. S'il était ce soir-là parvenu à arracher péniblement quelques mots d'excuses de la bouche de Serge Gainsbourg, Michel Drucker assure aujourd'hui qu'il s'y serait pris autrement pour calmer le jeu : « Aujourd'hui, je lui aurais dit de s'excuser. Mais c'était du direct. J'étais tellement sidéré. J'ai essayé de traduire comme j'ai pu, tout le monde s'en souvient. Et surtout, il dit à un moment dans l'extrait : "Mon micro ne marche pas". Qu'est-ce que j'aurais aimé qu'il ne marche pas ! Ça reste un cauchemar pour moi, cette séquence ».

En 2017 dans l'émission "50 ans de rires et d'émotions" diffusée sur France 2, Michel Drucker avait raconté avoir recroisé Whitney Houston huit ans après ce jour maudit, alors qu'il se trouvait à Monaco pour présenter avec Claudia Schiffer les World Music Awards, cérémonie à laquelle Whitney Houston était conviée : « Tout se passe, on ne se croise pas, ouf, et le soir : dîner officiel à la table des princes et des princesses. Qui est assis à côté de moi ? Whitney Houston. Je lui tournais le dos. Au bout d'un quart d'heure elle me dit : "Quel est votre nom ? Je suis sûre que je vous connais. Je suis sûre que je vous ai rencontré il y a quelques années". Et là je lui ai dit : "Serge Gainsbourg". Elle a éclaté de rire et m'a dit : "C'était le pire cauchemar de ma carrière" ».