Serge Gainsbourg

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Le 5 bis rue de Verneuil, dans le 7ème arrondissement à Paris, sera bientôt transformé en musée à la mémoire de Serge Gainsbourg. Alors que l'on célèbre les 30 ans de la disparition de l'iconique chanteur, sa fille Charlotte a porté à bout de bras ce projet pour que les lieux, rebaptisés La Maison Gainsbourg, ouvrent leurs portes au public, friand de découvrir l'antre de ses secrets. L'inauguration sera organisée « début 2022 » à en croire le site officiel. En parallèle, une multitude de projets voit le jour afin de rendre hommage à l'oeuvre intemporelle de l'homme à la tête de chou. Un coffret intégral de vingt albums studios, réunissant 271 chansons sur 16 disques originaux et quatre à thèmes, a notamment été édité pour rendre compte de l'influence considérable de "Gainsbarre" sur la chanson française. Pour souligner l'impact de son travail sur des générations d'artistes, plusieurs cinéastes ont été approchés pour mettre en images des chansons connues de tous. Au printemps, le réalisateur Michel Gondry livrait sa propre interprétation de "La chanson de Prévert" à travers une vidéo poétique retraçant le parcours d'une feuille morte qui traverse les villes et les saisons. Aujourd'hui, place à "Ballade de Melody Nelson".



Sorti en mars 1971, l'album-concept "Histoire de Melody Nelson" tient une place très particulière dans la discographie de Serge Gainsbourg. Au lendemain du succès planétaire de "Je t'aime moi non plus", l'interprète de "La javanaise" décide « de passer aux choses sérieuses » en collaboration avec un jeune musicien, Jean-Claude Vannier, pour créer un disque de pop orchestrale stupéfiant. Avant-gardiste, le projet n'avait à l'époque pas rencontré un très grand succès commercial mais sa maîtrise et sa beauté romanesque ont au fil du temps été saluées par les plus grands spécialistes. La "Ballade de Melody Nelson", interprétée en duo avec Jane Birkin, sa muse dont le personnage est inspiré, a été enregistrée à Londres en avril 1970 avant d'être complétée au Studio des Dames à Paris. Les paroles indiquent l'âge de Melody, « 14 automnes et 15 étés », et annonce déjà son destin tragique dans un accident aérien : « ses jours étaient comptés » chante Gainsbourg.

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"Serge échappait à son époque"

50 ans plus tard, Christophe Honoré donne une autre définition à ce couple mythique. Le réalisateur de "Chambre 212", "Les chansons d'amour "et "Les bien-aimés" a accepté de prendre part à cet hommage en raison de son admiration sans borne pour Serge Gainsbourg. « Gainsbourg, c'est d'abord un truc d'adolescent. Je me souviens, quand j'étais en seconde en 1985, c'était l'album "Love on the beat", le premier album de Gainsbourg que j'ai découvert tout seul. Un disque très important, qui fait encore partie de mes oeuvres préférées de Gainsbourg. Petit à petit, je suis remonté en arrière et c'est quelqu'un qui m'a toujours beaucoup ému. (...) Il échappait à son époque » explique-t-il dans le making-of du clip qu'il a souhaité ancré dans son époque, puisqu'on y suit le destin de deux hommes lors d'une manifestation qui dégénère en violence.

"Des chansons qui appartiennent à la mémoire collective"

« C'est très étrange parce que j'avais commencé à travailler et à rêver d'un film d'après l'album "Melody Nelson", avant qu'on me propose ce clip. Je l'ai vraiment envisagé comme une petite histoire. Ce sont des chansons qui sont tellement fortes, qu'on a tellement entendues, qui appartiennent tellement à la mémoire collective qu'il ne faut pas essayer de les illustrer. Je voulais que les paroles prennent un autre sens » explique le metteur en scène de 51 ans, qui dit s'être « attaché au texte, à cette idée d'un amour impossible, de l'annonce de la tragédie ». Melody devient ici un militant grièvement blessé dans ce qui s'apparente à une émeute. « Je me suis mis à imaginer un couple très différent du dandy et de la lolita, un couple d'aujourd'hui qui serait fracassé par l'histoire, un accident, une violence qui surgit dans une rue » atteste Christophe Honoré, qui fait de l'ambulance venu secourir le protagoniste le messager funeste de « la séparation de deux amants ».