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À peine commencée, l'édition 2024 de l'Eurovision provoque déjà des remous. En Suède, où la participation d'Israël, pays en guerre, a provoqué des appels au boycott et des manifestations, tout avait été minutieusement préparé pour qu'aucun dérapage n'entache le bon déroulé du concours. Il est par exemple interdit aux spectateurs d'apporter un drapeau pro-palestinien dans l'enceinte de la Malmö Arena : depuis 2017, seuls les drapeaux des 37 pays participants sont autorisés, ainsi que les emblèmes de la communauté LGBTQ+. Seulement, alors que neuf candidats en compétition ont mis leurs voix au service de la paix en appelant publiquement à un cessez-le-feu et à la libération des otages détenus par le Hamas, le geste d'Eric Saade durant la performance d'ouverture de l'Eurovision mardi soir n'est pas passé inaperçu.

"Nous le regrettons"

Invité à chanter "Popular", la chanson avec laquelle il était arrivé troisième du concours en 2011 pour la Suède, l'artiste de 33 ans, d'origine libano-palestinienne par son père, est arrivé sur la gigantesque scène centrale avec un keffieh blanc accroché au bras. Ce tissu traditionnel du Moyen-Orient est devenu depuis la reprise des hostilités à Gaza le symbole de la résistance palestinienne. Le geste de l'artiste durant cette première demi-finale lui a attiré les foudres du diffuseur suédois Sveriges Television. « Eric Saade connaît bien les règles qui s'appliquent lorsqu'on se présente sur la scène du Concours Eurovision de la chanson. Nous pensons qu'il est triste qu'il utilise sa participation de cette manière » a déploré Ebba Adielsson, la productrice exécutive de l'événement, comme le rapporte le journal suédois Expressen.

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« Le Concours Eurovision de la chanson est un spectacle en direct. Tous ceux qui s'y produisent connaissent bien les règles de la compétition et nous regrettons qu'Eric Saade ait choisi de faire des compromis avec la nature non-politique de l'événement » a pour sa part réagi l'Union européenne de radio-télévision (UER). La prestation du chanteur est indisponible en replay sur les chaînes et les réseaux sociaux officiels de l'Eurovision, contrairement aux chansons interprétées par Eleni Foureira et Chanel durant le show.

"Ce n'est que du racisme"

Le week-end dernier, Eric Saade s'était justifié de sa présence lors de la première demi-finale de l'Eurovision. « Quand vous n'êtes plus en mesure de porter un symbole de votre ethnicité dans notre prétendu "monde libre", il est plus important que jamais pour moi de participer. La gestion de l'UER de l'Eurovision est scandaleuse. Les symboles palestiniens ne sont pas autorisés à l'intérieur de l'Arena quand d'autres symboles représentant d'autres ethnicités sont les bienvenus. (...) Vous pouvez interdire nos symboles, mais vous ne pourrez pas m'ôter ma présence » avait-il écrit sans prendre de gants, dénonçant notamment « la propagande israélienne ». Des positions fermes qui posent une question : pourquoi l'organisation a-t-elle programmé le chanteur à l'Eurovision en ayant connaissance de son engagement militant ?

A l'issue de son passage très commenté devant des centaines de millions de téléspectateurs européens, Eric Saade a publié quelques mots sur son compte Instagram : « Un rappel : ce n'est que de l'amour. Il est uni par la musique ». Il a ensuite exprimé sa déception de voir son geste être instrumentalisé dans ce contexte tendu auprès des médias suédois. « J'ai reçu cette écharpe de mon père quand j'étais un petit garçon, pour ne jamais oublier d'où notre famille vient. A cette époque, je ne savais pas que cela finirait par être qualifié un jour de "symbole politique". A mes yeux, ce n'est que du racisme. Je voulais juste apporter et inclure quelque chose qui est vrai - mais l'UER semble penser que mon ethnicité est controversée. Cela n'a rien à voir avec moi mais tout à voir avec eux » réplique-t-il, en colère.