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dimanche 16 février 2020 11:00
Alexandra Redde-Amiel (Eurovision) en interview : "On veut s'approcher du podium"
Par
Julien GONCALVES
| Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Alors que sera dévoilée ce soir la chanson qui représentera la France à l'Eurovision en mai 2020, Alexandra Redde-Amiel, la nouvelle cheffe de délégation française, se confie en interview à Pure Charts. Le choix du titre, du chanteur Tom Leeb, ses ambitions et nos chances de victoire. Elle dit tout !
Crédits photo : DR France Télévisions
Propos recueillis par Julien Gonçalves. Est-ce un atout d'être directrice des divertissements de France Télévisions pour être cheffe de délégation à l'Eurovision ? Ce qui me paraît important, c'est la cohérence de ce qu'on fait. En étant directrice des divertissements et cheffe de délégation sur un programme de divertissement, j'ai une stratégie et une envie commune. J'ai envie de surprendre, d'étonner, de continuer à faire rêver. On a la chance que l'Eurovision soit aujourd'hui le plus gros divertissement de France Télévisions. Ça représente 30% de parts de marché, 4,8 millions de téléspectateurs. C'est important dans mon unité aujourd'hui donc c'est important d'avoir un regard cohérent. Ce rôle de cheffe de délégation, c'est la continuité de mon travail aux divertissements, et c'est vrai que pendant un certain moment j'y mets encore plus d'énergie. C'est un poste que je prends à coeur et j'ai envie d'amener, avec la direction, Delphine Ernotte (présidente de France Télévisions, ndlr) et Takis Candilis (directeur général délégué à lantenne et aux programmes, ndlr), et toute notre unité, la France le plus loin possible à l'Eurovision. Il n'y a pas une étape moins importante que l'autre Il y a un turn over régulier chez les chefs de délégation à l'Eurovision en France. C'est un rôle difficile ?C'est un rôle qui est exigeant. Ce n'est pas tant la difficulté. A chaque étape, il faut être extrêmement concentré. Il n'y a pas une étape moins importante que l'autre. Le choix de la chanson, de l'artiste, de la mise en scène... Quand les notes tombent, on ne peut pas avoir été mauvais sur l'un de ces points-là. Dans mon équipe, on me dit parfois : "C'est un détail". Au contraire, le diable s'habille dans le détail. C'est un rôle crucial, où tout dépend de la vision du chef de délégation... On travaille en équipe. Je travaille comme ça, en tant de directrice des divertissements et à la délégation, ce que j'appelle la dream team. J'insuffle des idées, une énergie, mais j'aime être dans l'échange. J'aime me confronter à des regards différents. Je pense qu'on est meilleur en équipe. Est-ce qu'on peut trouver 18 chansons uniques ? Non L'émission de sélection nationale "Destination Eurovision" s'est arrêtée après deux éditions. Cette fois, vous avez choisi l'artiste et la chanson en interne. On pourrait penser à un retour en arrière. Pourquoi "Destination Eurovision" n'a pas été reconduit ?On a réfléchi avec Delphine Ernotte et Takis Candilis. On a envie de s'approcher du podium. On a expertisé, et on s'est rendu compte que trouver 18 très bonnes chansons... Je parle d'excellence puisque pour remporter l'Eurovision, il faut être unique. Est-ce qu'on peut trouver 18 chansons uniques ? Non. Dans l'expertise, on s'est dit que ce n'était pas possible. L'arrêt de "Destination Eurovision" est lié à notre ambition en termes de podium. On a mis notre énergie sur le fait de chercher une chanson, et déployer nos forces différemment pour s'approcher du podium. Faire choisir le titre qui représentera la France au public, c'était peut-être rester dans un schéma trop franco-français ? On a tous le même objectif. Le public français sera heureux si on arrive à ramener un jour la Coupe à la maison. C'est dans cette dynamique-là qu'on a réfléchi. Tout ce qu'on le fait, c'est pour nos téléspectateurs. C'est important d'avoir toujours ce regard. On veut que les Français soient heureux d'avoir une belle place au podium de l'Eurovision. On n'a pas réfléchi en fonction du passé. L'Eurovision, c'est un concours de chansons avant tout. La chanson est une ballade, une performance Quelle est l'ambition cette année pour la France ?On avait envie de continuer à faire rêver. On est une unité où on veut "mettre des paillettes dans la vie des gens". Ça fait 20 ans que je fais du divertissement, et l'an dernier à Tel Aviv, je n'ai jamais vécu un truc comme ça. C'est démesuré, il y a quelque chose d'extraordinaire. Ce qui était important pour moi, c'est que ce soit plus qu'une chanson, que ce soit de faire vivre un moment. Une chanson, c'est une émotion. Je voulais quelque chose d'universel, que de chaque pays, de chaque culture, on puisse se reconnaître. Ça faisait partie des mots-clés quand on a demandé aux auteurs-compositeurs d'écrire pour la France. On a demandé à des auteurs-compositeurs français mais aussi, et pour la première fois, on a ouvert à l'international. Avec pour but premier de plaire au public international ? Il y a deux choses. Oui, pour répondre directement à ta question. Et aussi statistiquement, l'ouvrir au plus de monde et de regards possible permet d'avoir une chance plus importante de trouver LA chanson qui l'emportera ou se rapprochera du podium. C'est donc une proposition internationale qui a séduit... Exactement. Ce sont les Suédois, qui sont très forts. La chanson est signée Thomas G:son et Peter Boström, et John Lundvik, qui est arrivé cinquième l'an dernier à l'Eurovision (avec "Too Late for Love"). Les deux premiers ont remporté l'Eurovision avec "Euphoria" de Loreen (en 2012, nldr). On a reçu une centaine de chansons au total, et cette chanson, quand elle est arrivée, on est devenu addicts. Il s'est passé quelque chose. J'avais envie de la faire écouter au monde entier mais je ne pouvais pas le faire. (Rires) Pendant l'écoute, on s'est regardé et on savait que c'était l'élue. Ça a été une évidence pour nous tous. Souvenez-vous de "Euphoria" de Loreen : Elle ressemble à quoi cette chanson qui représentera la France à Rotterdam en mai prochain ? La chanson est une ballade, ce que j'appelle une performance. On est dans ces deux registres qui se confrontent. On voulait quelque chose qui nous prenne aux tripes. Elle a vraiment tous ces codes-là, de nous emporter. C'est plus qu'une chanson, c'est un moment. Elle provoque plein de choses puissantes quand on l'écoute. Tom Leeb, ça a été l'évidence C'était donc très important de trouver la bonne personne pour incarner cette chanson. C'est Tom Leeb qui a eu vos faveurs...On a eu envie d'un retour aux fondamentaux. Se dire : "C'est un concours de chansons, donc on va chercher LA chanson". Ces six derniers mois, il s'est passé tellement de choses. On a eu peur car on avait la chanson mais il nous fallait un artiste qui puisse l'emporter. On suit des talents au sein de l'unité de divertissements, c'est notre métier. En écoutant Tom Leeb, ça a été l'évidence. Son grain de voix, son univers... On l'a contacté très rapidement, on lui a proposé la chanson et il a eu un coup de coeur. Il l'a testée en studio et, là, la chanson est née, quand Tom l'a incarnée. Il lui a apporté quelque chose de magique, il lui a donné un relief. D'un coup, quand il pose cette voix chaude... Il y a apporté la cerise sur le gâteau. C'est unique en France de choisir d'abord la chanson et de lui trouver un interprète ensuite. On pourrait croire à un processus qui n'est pas très naturel... Là, c'est ce qu'on appelle le perfect match. On a eu très peur au début car il aurait pu refuser, alors qu'on avait une évidence. Personnellement, je ne concevais pas cette chanson sans Tom. Il y a apporté beaucoup de choses, son univers, ce répertoire qu'il aime profondément, pop-folk. Je dis souvent que cette chanson a trouvé son prince charmant. Crédits photo : Julien Carbuccia Vous aviez déjà une idée de ce que vous vouliez comme artiste et comme chanson avant les sessions d'écoutes ? On a des envies, des volontés, des ambitions, mais il ne faut pas s'enfermer. Quand la ballade est arrivée, on s'est tous tout de suite projeté sur un homme. C'est important de se laisse guider. Notre métier c'est d'être des intuitifs. Et je crois qu'on a eu de la chance. Tom Leeb va chanter en direct, dans la Tour Eiffel Vous pensez qu'une victoire de la France à l'Eurovision est possible cette année ?On va rester humble et au fond de nous, bien entendu qu'on a plein d'espoirs. On va y mettre toute l'énergie, on va montrer qu'on a envie d'y arriver. Ce serait formidable d'organiser l'Eurovision en France. Et donc ce soir, la révélation de la chanson se fera de manière inédite... On a envie de créer l'événement. Pour la première fois, on fait quelque chose d'unique pour révéler le titre qui nous représentera en mai. Dès 20h50 sur France 2, on va prendre l'antenne pendant trois minutes pour présenter la chanson aux Français. Tom Leeb va chanter en direct, dans la Tour Eiffel, au premier étage, face au Champ de Mars. Ça va être le symbole de la France. Ça va être un moment exceptionnel. Ce sera l'image qui va être diffusée partout. Ce qu'on voulait faire partager aux Français, c'est cette communion, et ce choix de chanson on a envie de le vivre tous ensemble. Et plus que jamais être fiers de la France, de ce qu'elle représente à l'étranger. C'est un vrai symbole et l'un des plus beaux messages qu'on peut envoyer. Ce sera accessible depuis l'étranger ? Oui, ce reveal sera retransmis sur TV5 Monde, sur le site de France Télé et Slash, mais aussi sur Facebook live, Instagram... Ce sera ouvert à l'étranger. Ce sera la première image de Tom, c'est un moment qui va être unique. Et d'autant plus pour Tom qui va faire une première performance sur un monument qui n'est pas n'importe lequel ! Après ça, il y aura un after show avec les médias pour expliquer tout ça. On partira en mai à Rotterdam avec plein d'ambitions. Podcast
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