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Christine and the Queens (Redcar) sur sa transidentité : "Parfois, je suis en souffrance"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Christine and the Queens a mis tout son coeur dans son nouvel album "Redcar les adorables étoiles", sa première sortie musicale depuis qu'il se genre au masculin. Dans une interview-confession, l'artiste se livre sur la genèse du projet, né d'une perte douloureuse, sa transition et sa nouvelle identité.
Crédits photo : Pierre-Ange Carlotti
Sur la biographie de son compte Twitter officiel flotte un drapeau bleu rose blanc symbolisant la transidentité. Depuis qu'il a annoncé se genrer au masculin, Christine and the Queens est resté très discret sur ce grand bouleversement survenu dans sa vie personnelle, à l'exception de quelques mots succins pour expliquer qu'il avait adopté sa nouvelle identité « un peu plus officiellement dans ma famille et dans mon intimité ces derniers mois ». Pour la première fois, l'artiste nantais, qu'il faut désormais appeler Redcar, en parle librement et posément, dans un long entretien pour le magazine Numero. A l'aune de son retour avec l'album "Redcar les adorables étoiles", le chanteur révèle le sens de ce qu'il considère comme « le début d'un grand geste narratif baroque » : « Il y a un spectacle vivant mêlant musique, théâtre et chorégraphie, et un disque. (...) Il s'agit du prologue d'un opéra qui comprendra plusieurs actes et se dévoilera au fur et à mesure. Il est inspiré par la pièce "Angels in America" de l'écrivain Tony Kushner. Cet album coïncide avec une démarche où j'ai commencé à prier les anges tous les jours, après le décès de ma mère. Au coeur de cet opéra se trouvent l'amour, la mort, des anges et des étoiles ».

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"Ma dysphorie de genre a commencé vers mes 12 ans"


L'interprète de "Je te vois enfin" affirme y travailler sans relâche depuis « deux ans » avec le producteur américain Mike Dean (Lana Del Rey, Kanye West). Son nouvel alias, Redcar, est un clin d'oeil à cette petite voiture rouge évoquant l'enfance. « Je pense que j'ai été cristallisé, encapsulé dans l'adolescence. Je suis en train de revisiter cette période pour avancer et faire la paix avec pas mal de sujets. Certaines chansons ont été imaginées comme des clairs-obscurs de choses que je venais d'éprouver » décrypte le chanteur, qui a par exemple écrit "La chanson du chevalier" « comme un lamento, après avoir été quitté par l'homme que j'aime qui venait de partir de chez moi ».

"J'ai été surexposé et commenté très jeune"


La danse tient une place centrale dans l'opéra qu'il prépare. « J'ai profondément investigué ma dysphorie de genre, qui a commencé vers mes 12 ou 13 ans, également pour mieux danser. Danser demande de se connaître soi-même, alors il fallait que je me connaisse mieux pour mieux danser. Parce qu'en tant que danseur, comme je n'arrivais pas à m'envisager pleinement dans mon genre, j'effectuais des mouvements comme si j'étais empêché de moi-même. J'avais l'impression de danser de manière trop inélégante pour un corps de "femme". (...) Parfois je suis en souffrance d'être qui je suis » commente Redcar, qui a très mal vécu sa fulgurante ascension : « J'ai été surexposé et commenté très jeune, à 23 ans. Je n'arrivais pas à me regarder, je tapais du poing pendant les interviews et je pleurais sur les shootings car je n'avais pas les armes pour me défendre ». Le déclic est survenu au décès de sa mère : « Ça a été un choc tellurique. Je n'avais plus besoin de performer le peu de "fille" que je pouvais performer, car si j'étais dans cette performance, c'était pour protéger les gens que j'aimais profondément et qui avaient eux-mêmes leurs blessures ».




"Je veux que cela me rende plus courageux"


Mais ce processus a été long, et douloureux. « Depuis mes débuts, je recevais des lettres de jeunes personnes trans qui me remerciaient, alors que moi je n'avais pas compris ma transidentité. Je n'arrivais pas à dire ce que ma musique disait, très fort, depuis des années » souligne Redcar, alors parti au font contre-lui-même : « On lisse beaucoup le propos, comme si cette libération n'était pas un combat, parfois cher payé dans ses isolements et ses souffrances. Ce ne sont pas les flashs qui m'ont aidé à me voir ; c'est la lumière intérieure, que j'ai cherchée en faisant taire toutes les autres ».

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Pour Christine and the Queens, son avancée dans sa transition « a été une avancée dans la révolte » : « J'ai vu qu'on promettait aux autres, en tant que société, une libération par l'image, la "fame", et par l'argent – tout en n'encourageant pas à d'abord regarder ce qui de soi peut grandir, libre, protégé des injustices d'une société qui n'a pas été pensée sur des rapports d'égalité ». L'auteur entend aujourd'hui se mobiliser pour offrir, par sa musique, « un havre de paix dans une société qui peut être difficile » : « Ce qui s'est déconstruit en moi quand j'ai compris un peu plus qui j'étais, je veux que cela me rende plus courageux, plus engagé ».
Toute l'actu de Christine & the Queens sur son site officiel et sur sa page Facebook.
Ecoutez et/ou téléchargez l'EP "La vita nuova" de Christine and the Queens.

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