Björk

Crédits photo : Bestimage
Les langues se délient dans le monde entier suite à l'affaire Harvey Weinstein. Ce producteur ultra-puissant à Hollywood, honoré de 81 Oscars, est accusé de harcèlement, agressions sexuelles et viols par une trentaine de femmes, dont Asia Argento, Emma de Caunes ou Rose McGowan. Il aurait usé de son pouvoir afin de profiter de la crédulité d'actrices débutantes ou confirmées. Licencié par le conseil d'administration de sa maison de production Weinstein Company, exclu de l'Académie des Oscars et alors que l'Elysée devrait lui retirer sa légion d'honneur, Harvey Weinstein se mure dans le silence. Depuis, la parole se libère enfin. Sur les réseaux sociaux, le hashtag #BalanceTonPorc, largement relayé, a mis en lumière les nombreuses agressions et cas de harcèlement au travail, dans le cinéma, dans les médias et dans tous les autres corps de métiers. Des témoignages glaçants et courageux qui poussent d'autres victimes à sortir de l'ombre.

"J'ai mis plusieurs années pour me rétablir"

Parmi elles, la chanteuse Björk. C'est dans un long message publié sur Facebook que l'interprète de "The Gate", « inspirée par les femmes qui s'expriment en ligne un peu partout », a voulu raconter son « expérience avec un réalisateur danois ». « Parce que je viens de l'un des seuls pays qui a réussi à atteindre ce qui s'approche le plus de l'égalité entre les sexes et que, à l'époque, j'avais acquis une position de force dans le monde de la musique et une indépendance durement gagnée, il m'est apparue clairement, quand j'ai débuté en tant qu'actrice, que mon humiliation et mon rôle en tant que petit être sexuellement harcelé était la norme » a-t-elle écrit, sans jamais nommer Lars von Trier, avec qui elle a tourné son unique film "Dancer in the Dark" en 2000.

Une expérience traumatisante pour Björk. « J'ai pris conscience qu'un réalisateur qui touche et harcèle ses actrices est universel et l'industrie du cinéma le permet. Lorsque j'ai repoussé le réalisateur plusieurs fois, il m'a boudée et m'a punie. Il m'a fait apparaître comme un personnage difficile auprès de son équipe, en raison de ma force et du fait que je n'avais rien à perdre, n'ayant aucune ambition dans le monde du cinéma. Je suis partie et j'ai mis plusieurs années pour me rétablir ». Pour la chanteuse, la faute est aussi à rejeter sur l'équipe d'une douzaine de personnes qui a « encouragé » cette situation. Selon elle, « le réalisateur était très conscient de ce jeu » : « je suis convaincue que le film qu'il a tourné ensuite est inspiré de son expérience avec moi. Parce que j'étais la première à l'affronter ». Espérant que son message aidera les actrices et les acteurs du monde entier, Björk a ensuite conclu par : « Arrêtons tout ça ».