Akhenaton

Crédits photo : Facebook officiel
Akhenaton et Coca-Cola ? L'association a de quoi surprendre. Le rappeur et leader d'IAM prête son image à la nouvelle campagne publicitaire de la marque de soda, déclinée sur les écrans depuis ce lundi. Pour ce spot TV au message fort, où il interprète l'inédit "Vivre maintenant", l'artiste marseillais a décidé de reverser l'intégralité de son salaire à quatre associations caritatives, la Fondation Abbé Pierre, Terre des Hommes Valais, Action contre la Faim et l'Association Pascal Olmeta. Cette collaboration intervient alors qu'Akhenaton inaugure l'exposition "Hip-Hop, du Bronx aux rues arabes" dont il est le directeur artistique, et qui a pu compter sur le soutien de Coca-Cola pour son financement. Elle se déroule jusqu'au 26 juillet à l'Institut du monde arabe à Paris.

Découvrez le clip "Vivre Maintenant" d'Akhenaton :

"Je déplore de devoir me justifier"

Malheureusement, certains adeptes du rappeur français n'ont que très peu apprécié cet engagement. Accusé de s'être « vendu » pour le compte de la multinationale, Akhenaton a pris la plume et publié sur son compte Facebook une lettre acide, adressée « à des esprits plus trop ouverts ». Regrettant de devoir se justifier « à chaque interview ou morceau », le rappeur de 46 ans estime qu'il est difficile aujourd'hui de s'exprimer « sans être la cible d'une minorité aigrie mais très active sur le net ». Il revient ensuite sur les décisions qu'ils l'ont poussé à accepter de travailler avec Coca-Cola. « D'abord, ils ne m'ont rien imposé artistiquement » recadre-t-il. « J'ai écrit un morceau de 2min40 qui est une adaptation d'un titre en anglais existant. Les valeurs défendues dans ce morceau sont les mêmes que j'évoque dans le titre "Je suis en vie", issu de mon album solo sorti il y a 6 mois, la quête intérieure du bonheur, c'est peut-être pour ça d'ailleurs qu'ils m'ont contacté », confie Akhenaton.

Ce dernier assure avoir d'emblée fait part à la marque de son « profond désaccord avec l'emploi de l'aspartame » dans ses boissons. « Je pense qu'ils ont apprécié ma franchise dès la première poignée de main, ils savent manifestement quel genre d'artiste ils ont invité pour faire ce titre » raconte-t-il. Et le rappeur de glisser, touché par les critiques à son égard : « Je pense encore, peut-être un peu trop naïvement, que les artistes justement peuvent faire changer des choses », citant "Hold-up mental", morceau d'IAM issu de l'album "L'École du micro d'argent".

"Je fais tout avec le coeur, sans calcul"

Dans cette longue lettre à charge où sa plume se fait aiguisée, le rappeur-producteur renvoie les « pseudo fans » et « les haineux qui déversent leur fiel sur la toile » face à leurs contradictions. « Mon ami(e), je ne t'ai pas entendu quand Common a fait une pub pour Sprite, pourtant il a des paroles engagées lui aussi. Pas entendu quand Pharrell, Busta Rhymes, Nas, Jay Z, Dj Premier ou Kanye West ont aussi fait des pubs. Les américains ont-ils plus de légitimité que les rappeurs français pour faire ces campagnes ? », a-t-il répliqué, cinglant, se définissant comme « un enfant de cette culture qu'on appelle le Hip Hop » et non un « Che Guevara anonyme devant son ordi ». « Je suis pour la reconnaissance de cette culture à sa juste valeur, et dans ce domaine, je pense avoir plus de légitimité que toi » assure-t-il, réaffirmant que ses intentions sont « sincères » : « Je fais tout avec le coeur, sans calcul, même quand mon image est en danger ».

« Blessé » par les remarques qu'il a pu lire ces derniers, Akhenaton invite ses fans à ne pas se laisser influencer « par la mauvaise foi de gens qui nous détestent depuis toujours ». « Si après ces quelques lignes c'est encore le cas, brisez nos CDs et vous n'avez plus rien à faire dans nos concerts, je ne peux rien y changer. Mais quelle ironie d'être crucifié pour une pub par des individus qui justifient des actes d’une violence insensée » conclut le rappeur, avant de donner rendez-vous en 2017 « avec des gouvernants à la hauteur de notre culture, de notre générosité et de notre traitement de l'information ». A bon entendeur !