Zaho de Sagazan

Crédits photo : Arno Lam
L'affaire a fait grand bruit il y a tout juste une semaine. Dans les pages de Closer et du Parisien, on apprenait que "La symphonie des éclairs", le tube de Zaho de Sagazan, a été déprogrammé de plusieurs radios appartenant au groupe Bolloré, dont Europe 1, RFM et Europe 2, tandis que son clip aérien a disparu des antennes de CStar et RFM TV. Une éviction qui n'a jamais été justifiée mais qui intervient quelques temps après les propos de la chanteuse phénomène contre la nouvelle émission de Cyril Hanouna sur Europe 1. « Force au Nouveau Front populaire qui doit se battre tous les jours avec des diffamations dégueulasses de la part de pseudos journalistes. Gros mais vraiment gros gros fuck à Cyril Hanouna » écrivait-elle, énervée, sur les réseaux sociaux en réaction à une enquête du Monde sur l'attribution du temps de parole aux candidats d'extrême-droite dans ce show éphémère, à l'antenne juste avant les élections législatives, nommé "On marche sur la tête".

"Une forme de punition"

Et cette déprogrammation est jugée inacceptable par de nombreux artistes. 500 d'entre eux ont signé une tribune adressée à Vincent Bolloré et dévoilée ce jeudi par Le Parisien. « Nous, artistes et professionnels.les de la culture, nous questionnons et nous inquiétons. Difficile de ne pas voir un lien de cause à effet entre ses prises de positions et la fin du soutien de vos radios à cette artiste. Nous ne pouvons nous empêcher d'y penser et d'y voir une forme de conséquence, de punition... » peut-on lire dans cette lettre ouverte. Parmi les signataires ? Des chanteurs de renom comme Renaud, Angèle, Bernard Lavilliers, Zazie, Jeanne Added, Dominique A, Adé, Camille, Alain Chamfort, Yael Naim, Barbara Pravi ou Catherine Ringer, les groupes Feu! Chatterton, FFF ou Isaac Delusion mais aussi la romancière et prix Nobel Annie Ernaux et les comédiens Bastien Bouillon, Juliette Binoche, Romane Bohringer et Blanche Gardin.

Toutes et tous demandent des explications au patron du groupe Canal+ : « Nous refusons d'imaginer un monde où ce genre de répercussion à une parole libre puisse arriver. Nous refuserons toujours de nous laisser intimider par ce genre de pratiques ». Les 500 artistes, « au nom de la liberté d'expression », parlent d'une « réaction de boycott » de la part des médias détenus par Vincent Bolloré, une situation qu'ils estiment « inadmissible » : « Cet événement renforce notre inquiétude sur l'avenir de nos libertés. Nous nous portons ici solidaires de Zaho de Sagazan mais nous vous écrivons car nous considérons surtout que cet événement dépasse son cas individuel. Ces méthodes de la part de la direction des radios concernées nous choquent et nous ne pouvons admettre que de telles pratiques puissent entrer dans les usages ».

Polémique Zaho de Sagazan : Renaud, Lavilliers, Angèle et près de 500 artistes interpellent Vincent Bolloré➡️ https://t.co/7HCPE8CLHU pic.twitter.com/zSFLFl0DTB

— Le Parisien | musique (@parisienmusique) July 25, 2024

Face à « ces tentatives d'intimidation », ce demi-millier d'acteurs du monde culturel demande à ce que ces actes soient « sanctionnés ». « Nous ne nous tairons pas et attaquerons systématiquement toute mise au ban d'un.e artiste dont les opinions et les propos ne conviendraient pas à la direction d'un média culturel. Monsieur Bolloré, nous attendons votre réponse... » lit-on en conclusion.