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"Beautiful Trauma" : Pink expose ses failles sur un album à vif mais un peu sage

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Après cinq d'absence, Pink fait son grand retour cette semaine avec "Beautiful Trauma". Un septième album engagé, mature et personnel sur lequel la chanteuse américaine brise l'armure pour raconter les aléas de la vie. Tient-il toutes ses promesses ? Verdict !
Crédits photo : Pochette de l'album
Que reste-t-il de l'esprit punk qui scandait "Get The Party Started" en 2001 ? A 38 ans, Pink est devenue une mère de famille accomplie qui fait passer ses enfants Willow et Jameson en priorité sur sa vie professionnelle. Pas simple pour un artiste de dicter ses propres codes dans une industrie en constante mutation. Mais la chanteuse américaine a toujours été un électron libre. Elle a donc pris cinq longues années avant de concevoir son septième opus, intitulé "Beautiful Trauma" (comme sa piste d'ouverture) car « la vie est p*tain de traumatisante mais aussi incroyablement belle ». Une phrase qui témoigne de la dimension intime que prend ce disque de 13 pistes, assez éloigné du débridé "Funhouse" (2009) mais se rapprochant davantage de "Rose ave.", l'album de country qu'elle a enregistré en 2014 avec l'artiste canadien Dallas Green sous le nom You+Me.

Pourtant, c'est toute la crème de la production pop moderne qui l'a accompagnée en studio : de Max Martin (Katy Perry, The Weeknd) à Jack Antonoff (Taylor Swift) en passant par Greg Kurstin (Sia), Shellback (Britney Spears, Ariana Grande) et Mattman & Robin (Selena Gomez), le projet arbore un casting royal ! A tel point qu'on pourrait craindre de dériver dans une succession de titres artificiellement fabriqués... Mais ce serait oublier ce supplément d'âme qui fait de Pink une artiste unique.

Garde baissée


Oui, la chanteuse américaine a encore des choses à dire. Sur l'état du monde actuel comme avec "What About Us", puissant grower dressant en filigrane le portrait d'une Amérique déboussolée par l'arrivée au pouvoir de Donald Trump. « You fooled us, enough is enough » clame-t-elle entre colère et désespoir sur cet hymne pour les laissés-pour-compte. Sur elle-même, aussi. Derrière les airs old school de "Whatever You Want" se dévoile un coeur qui s'interroge sur la nature des relations amoureuses. Réparer ? Recommencer à zéro ? Existe-il seulement une solution plus valable qu'une autre ? « Did we just shoot too high and spoil like wine ? » questionne-t-elle du bout des lèvres sur l'épuré "But We Lost It", sublimé par quelques notes de piano. Un instrument omniprésent sur une bonne partie de l'album. C'était déjà le cas sur "The Truth About Love" (avec "Try" ou le génial "Just Give Me A Reason") mais Pink, qui a entièrement co-écrit l'intégralité du disque, démontre à travers une plume à vif et l'intensité de ses ballades ("Barbies", "For Now", le majestueux "Wild Heart Can't Be Broken"...) qu'elle est une auteur-interprète remarquable, bien au-dessus du lot de la pop actuelle.

Regardez le clip "What About Us" de Pink :



Reste qu'au milieu de ces compositions remplies d'élégance, l'ensemble paraît un peu trop sage. Les tubes potentiels se comptent sur les doigts d'une main et sont parfois d'une qualité discutable. Pink a souhaité renouer son tandem avec Eminem sur "Revenge" « pour le fun » dit-elle, mais le titre ne décolle jamais et le rythme irrite déjà au bout de deux écoutes. La construction électro-pop de "Secrets", elle, se révèle cruellement générique. On leur préférera facilement "Where We Go", autre titre sur les difficultés de communication d'un couple dont les faux airs de "Raise Your Glass" s'évanouissent dans un refrain pop-country vivifiant, et l'excellent "I Am Here", rejeton folk-gospel de The Lumineers. "Beautiful Trauma" se termine alors sur une note douce-amère avec le vertigineux "You Get My Love". Seule devant son piano, Pink revendique le droit d'être simplement humaine, quitte à faire les mauvais choix. « Don't let my mistakes take that away from us » implore-t-elle sur un fil d'émotion qui provient des entrailles. D'une pureté belle à en pleurer : Pink nous a rarement bouleversé à ce point.

Ça ressemble à un disque introspectif et délicat, sans gros tube mais fait avec le coeur
A écouter : "Whatever You Want", "What About Us", "Where We Go", "I Am Here", "Wild Heart Can't Be Broken", l'émouvant "You Get My Love"
A zapper : "Revenge" et le facile "Secrets"

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