Madonna

Crédits photo : ABACA
1978. En quête de nouvelles aventures et motivée par ses ambitions, Madonna Louise Ciccone quitte le Michigan, où elle se sent trop à l'étroit. Fille aînée d'une grande fratrie que son père Silvio, ingénieur chez Chrysler, doit élever seul après le décès de sa femme en 1963, la jeune femme d'à peine vingt ans quitte Détroit pour New York, persuadée qu'elle réussira dans le domaine artistique. La légende dit qu'elle n'avait que 35$ dollars en poche en quittant le foyer. Elle est aujourd'hui l'une des popstars les plus riches au monde, incarnant l'accomplissement du rêve américain par son talent et sa détermination. Car tout n'a pas été rose pour Madonna, qui a mis cinq ans avant de pouvoir publier son premier album, éponyme, sorti le 27 juillet 1983. Signée chez une filiale de Warner Music, la chanteuse était peut-être loin d'imaginer la consécration qu'elle rencontrerait par la suite, même si elle en rêvait sans doute déjà secrètement.

Succès en discothèque pour son premier 45 Tours "Everybody"

Mais avant de devenir l'icône qu'elle est aujourd'hui, Madonna a commencé bien bas. Très bas même sur l'échelle de la réussite, en multipliant les rencontres, les petits boulots de serveuse et de danseuse. Remarquée par les producteurs de Patrick Hernandez, elle rejoint la France en 1979, où elle passe quelques mois avant de regagner son pays natal pour cumuler les rôles dans des films à petit budget et des performances scéniques dans le groupe Breakfast Club. Présentée à Seymour Stein, le PDG du label Sire Records, Madonna signe un contrat et tente sa chance en publiant un premier 45 Tours en 1982, "Everybody". Un titre qui rencontre un certain succès dans les discothèques et à travers un clip laissant apercevoir une jeune femme gesticulant sur une piste de danse, affublée d'un pantalon kaki et d'une veste bien trop large. Les modes évoluent...

Regardez le clip "Everybody" de Madonna (1982) :



Le tire "Everybody" figurera bel et bien sur le premier album de Madonna, qui paraîtra plusieurs mois après. Entre temps, d'autres singles sont lancés en radio. Ils ne rencontrent qu'un succès modeste aux Etats-Unis, permettant seulement à Madonna de se faire remarquer. "Burning Up" et "Physical Attraction" ne dépassent pas les frontières, mais c'est assez pour que le label se décide à faire enregistrer à la chanteuse cinq autres titres : "Lucky Star", "Borderline", "I Know It", "Holiday" et "Think of Me". C'est donc un album de seulement huit pistes qui paraît en plein milieu de l'été 1983.

Madonna investie dans la production et les textes de ses chansons

La production de ce premier effort est confiée à Reggie Lucas, qui travaille chez Warner Records. Non contente du résultat, la chanteuse demande à son ami John Benitez d'y apporter sa griffe. Ensemble, ils produisent un son nouveau, funkisant, mélange de dance et de disco qu'on nommerait aujourd'hui pop commerciale mais qui a le mérite d'être efficace. Madonna signe la plupart des textes, ce qu'elle continuera de faire tout au long de sa carrière. Elle y raconte des histoires d'amour plutôt banales, s'appuyant sans doute sur ses propres expériences personnelles. On est encore bien loin du personnage sulfureux qu'elle deviendra ! Entre le look de garçonne, le nœud dans les cheveux et les lunettes de soleil, celle qu'on aurait pu nommer Miss Bling Bling avec ses parures étincelantes n'avait rien de sexy.

L'image n'était sans doute pas la priorité de Madonna à l'époque, mais la danse occupait déjà une place importante, comme on peut le voir à travers le clip de "Lucky Star" (son premier Top 5 aux Etats-Unis), tout comme son attirance pour la culture hispanique se faisait déjà sentir avec le port d'une tenue de flamenco pour les besoins du clip "Borderline". Mais globalement, l'image de mauvaise fille des rues est celle qui marque le public.

Regardez le clip "Lucky Star" de Madonna (1983) :


Regardez le clip "Borderline" de Madonna (1983) :



En l'espace d'un an, Madonna s'impose dans le paysage musical américain et parvient à décrocher une huitième place dans les charts. Tièdement accueilli par la presse de l'époque (aujourd'hui encensé), ce premier essai s'est écoulé à près de 3 millions d'exemplaires la première année, et totalise plus de 5 millions de ventes à ce jour aux Etats-Unis, 10 millions dans le monde. A noter qu'une réédition baptisée "The First Album" est parue en 1985, incluant deux remixes de "Burning Up" et "Lucky Star". Quant aux singles, ils ont fait leur effet. "Holiday" est d'ailleurs toujours considéré comme un des classiques de la Madone.

Défendues sur scène lors de sa première tournée US, ces chansons ont régulièrement été intégrées aux spectacles successifs de Madonna. Aucune d'entre elles n'a été interprétée dans son intégralité lors du dernier tour de chant de la popstar ("MDNA Tour"), "Borderline" et "Holiday" ont été reprises sur la scène du "Sticky & Sweet Tour" (2008/2009) et "Lucky Star" sur celle du "Confessions Tour" deux ans plus tôt.