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dimanche 03 septembre 2017 11:28

Laurent Voulzy en interview : "Avec Alain Souchon, on a bien fait de se rencontrer"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Laurent Voulzy sort cette semaine "Belem", un album inspiré par le Brésil qui fait la part belle à la samba, contenant quelques textes d'Alain Souchon. Pure Charts a rencontré l'artiste pour évoquer cette nouvelle étape d'une carrière riche. Interview !
Crédits photo : Rogério Van Krüger
Sur la péniche Les jardins du Pont-Neuf, Laurent Voulzy enchaîne les interviews le jour de la sortie de son nouvel album "Belem". Souriant, malicieux, l'oeil rieur, le chanteur se prend d'admiration pour les bateaux qui se succèdent sur la Seine, salue ceux qui le reconnaissent et échange même avec eux sur leur passion commune. Au bord de l'eau, Laurent Voulzy se confie ensuite sur le genèse de son projet, se confie sur son amitié avec Alain Souchon et plonge dans ses souvenirs pour évoquer l'ensemble de sa carrière. Un artiste passionné et passionnant.

Propos recueillis par Julien Gonçalves.

"Belem" est le neuvième album de votre carrière. C'est peu quand on voit que certains artistes sortent un album par an ou tous les deux ans. Vous aimez prendre votre temps ?
Certainement... J'ai une notion du temps assez élastique. Mais depuis 2002, on m'a dit que j'ai accéléré la cadence... Avant j'en faisais un tous les neuf ans. Ma maison de disques ne m'a jamais pressé. Personne ne m'a jamais rien dit.

En studio, je ne suis jamais content
C'était un besoin d'avoir du temps pour vous ressourcer, pour aussi avoir votre vie à côté ?
Non, pas du tout. Je fais tout le temps de la musique en plus. Je ne sais pas pourquoi je mettais neuf ans. Mais je mets souvent longtemps à enregistrer mes albums. "Avril" j'ai mis trois ans... Il y a le temps de faire les chansons... Je ne suis jamais content ! Mais à un moment, il faut lâcher le bébé. (Rires)

Si ça ne tenait qu'à vous, vous resteriez tout le temps en studio pour peaufiner vos chansons ?
Peut-être. Mais à un moment je les sors quand même. Car il y a aussi le plaisir d'espérer que ça passe à la radio. C'était mon fantasme quand j'étais gamin d'entendre mes chansons à la radio.

Vous vous souvenez de la première fois où vous avez entendu une de vos chansons à la radio ?
Ah oui ! C'était une chanson qui s'appelait "L'amour est un oiseau". C'était dingue ! La maison de disques m'avait dit : "Tu vas passer sur Europe 1 ce week-end". Mais on ne m'avait pas dit l'heure ! Alors j'ai passé tout mon week-end à écouter la radio. J'allais faire mes courses avec le transistor ! Et là, vers 21h, le dimanche soir, j'ai entendu l'intro de ma chanson. C'est un sentiment incroyable. Tu te dis : "Ah y est c'est arrivé ! Toute la France m'entend". C'est un sentiment étrange, bouleversant, qui vous met les larmes aux yeux.

Je ne suis pas blasé
Aujourd'hui encore ça vous fait quelque chose ?
Oui ! M'entendre à la radio me fait quelque chose. Avec la radio, il y a un truc. Il y a quelque chose de magique. Je suis tout seul sur la route, j'entends une de mes chansons qui passe... Je ne suis pas blasé. Je sais que je suis chanteur et que je suis sans doute passé des milliers de fois à la radio, mais ça me fait quelque chose.

Vous qui aimez tellement ça, vous pensez donc forcément aux radios quand vous faites un album...
Je pense toujours aux radios. Quand on a enregistré "Spirit of Samba", je rêvais de l'entendre à la radio. Après je sais que certaines chansons comme "Quand le soleil se couche" ne passeront jamais. Mais il y a des titres qui ont un truc, un punch ou une certaine forme... (Il s'interrompt pour admirer un bateau qui passe sur la Seine, s'excuse et se lève pour aller le prendre en photo. Il dialogue avec le navigateur et prend même son numéro de téléphone avec l'envie de naviguer prochainement avec lui) Je suis désolé ! On en était où ?

On parlait des radios... Aujourd'hui, des artistes confirmés travaillent avec certaines stars de la jeune génération, comme Florent Pagny avec Maître Gims.
Ah oui ? Je ne savais pas...

Vous, vous n'avez jamais cédé aux tendances.
Non, c'est vrai. Après, je peux très bien bosser avec des gens mais c'est toujours parce que ce sont des coups de coeur, qui ne sont pas du tout dirigés par des raisons médiatiques.

Regardez le clip de Laurent Voulzy, "Spirit of Samba" :



Le premier single de "Belem" est "Spirit of Samba", sorte de "Rockollection" de la samba. Comment vous est venue l'idée quarante ans après l'originale ?
L'idée n'est pas de moi. L'artiste Philippe Baden Powell, fils de Baden Powell, m'aime bien. Il est Brésilien et il avait envie de faire un album avec une dizaine de mes chansons en brésilien, dont "Rockollection". Finalement, ça ne s'est pas fait. J'étais touché de sa proposition et je trouvais l'idée hyper sympa. Donc on l'a fait ensemble. C'est parti de là...

Alain Souchon est génial !
Vous aviez mis du temps à assembler toutes les pièces du puzzle pour "Rockollection". Ça a été compliqué de créer "Spirit of Samba" ?
Oui, pareil. C'est un plaisir d'aller piocher dans des morceaux géniaux, et en même temps une fois qu'on les ordonne, on se dit que tel titre serait mieux là... Ça nous a pris pas mal de temps. Les transitions entre les couplets... On a commencé ce travail pendant que j'étais en tournée avec Alain (Souchon, ndlr). Il y a eu peut-être six ou sept sessions de travail pour qu'on construire le schéma du morceau avant qu'on enregistre.

Vous retrouvez Alain Souchon, qui signe quelques textes sur l'album. Vous êtes inséparables !
Je ne sais pas. (Rires) On ne se voit pas si souvent que ça. On n'est pas tout le temps ensemble ! On se voit beaucoup quand on écrit ensemble, on écrit à Paris ou on part dans le Sud. Il est génial ! Ses textes sont dingues. Il est très fort. On se connaît, on s'entend bien. C'est un coup de bol, on se dit souvent qu'on a bien fait de se rencontrer.

Vous vous souvenez de votre première rencontre avec Alain Souchon ?
Bien sûr. La tout première rencontre c'était en 1973 pour un goûter. Le PDG de la maison de disques voulait que les nouveaux artistes fassent connaissance. Après, on m'a sollicité pour écrire les arrangements de son album. On s'est vu tous les jours, je ne devais être qu'un arrangeur et finalement on a écrit "J'ai dix ans". C'est celle-là qui a marché, et ça a commencé comme ça.

La samba fédère les riches et les pauvres
Vous aviez 17 ans quand vous avez écrit et composé "Timides" qui ouvre votre nouvel album. Votre amour pour la samba date de l'adolescence. Pourquoi "Belem" n'arrive que maintenant ?
Je suis incapable de vous répondre. De temps en temps, il y a eu des sambas dans mes albums. "Le rêve du pêcheur", "Le soleil donne"... Cette musique a toujours été autour de moi... Donc je n'en sais rien. Je me laisse embarquer dans des projets qui me passionnent et je mets toujours beaucoup de temps. Ensuite, il y a les tournées... J'aurais pu le faire plus tôt c'est vrai que c'est étrange, mais le temps passe, les projets s'enchaînent. Ça s'est fait comme ça.

"Timides" a été écrite à 17 ans, 'Quand le soleil se couche" date de la même époque. Qu’est-ce que ça vous fait de chanter des paroles d'adolescent ?
Absolument... C'était justement des mots d'adolescent donc je ne me voyais pas les enregistrer un jour. "Timides" je l'avais déjà faite très brièvement sur scène, c'est tout. C'est ma première bossa nova. J'ai chanté le titre à Alain, et il m'a dit : "C'est naïf, elle est mignonne ta chanson. C'est adolescent mais ça a du charme. Tu peux la mettre, il n'y a aucune prétention d'écrire mais il y a un truc sincère". Donc je me suis lâché !

Vous avez enregistré à Rio de Janeiro, sur la plage, qu’on entend d’ailleurs sur le très beau final de l'album. Qu'est-ce que possède cette ville et ses habitants de si inspirant ? Christophe Willem sort un album qui s'appelle "Rio"...
Ah oui ? Super ! C'est drôle...

J'espère retravailler avec Nolwenn
Dans une interview, Christophe Willem nous a dit qu'il avait ressenti là-bas "une urgence de vivre". Qu'est-ce qui vous a frappé en arrivant à Rio ?
(Il réfléchit) L'urgence peut-être pas, mais la vie. L'ouverture à la vie et l'omniprésence de la musique. On ne l'entend pas forcément mais elle est là. On sent qu'au quart de tour, ça peut démarrer. Spontanément, elle est là tout autour. Ça m'a beaucoup plu.

Vous chantez "Pour le coeur, la samba c'est bien. Les gens malheureux le sont moins". Là-bas, les gens vivent parfois dans des conditions très dures. Vous pensez que la musique les aide à vivre ?
La musique est à fleur de peau là-bas. Elle est comme un vêtement. C'est comme une seconde peau. Ça les aide à affronter le froid de la misère. Après, il y a de la violence là-bas. Mais j'ai l'impression que la samba fédère les riches et les pauvres. Ils ne se côtoient pas, mais ils ont ça en commun. La samba fédère tout le monde.

Etre coach dans "The Voice" ? A priori, non
Vous avez collaboré avec Nolwenn Leroy sur son album "Histoires naturelles" en . Vous avez suivi sa carrière ? Vous êtes toujours en contact ?
Oui, bien sûr. On est liés Nolwenn et moi, depuis que je l'ai rencontrée la première fois. Parfois on reste des mois sans se voir, elle travaille sur ses projets et moi sur les miens, mais j'espère qu'on refera un projet ensemble un de ces quatre. Au moins une chanson ou deux. Musicalement, il s'est passé quelque chose entre nous. Elle est passionnée de musique. On a les mêmes attirances pour les légendes celtiques. Ça nous a rapprochés. Je l'aime beaucoup !

Je vous verrais bien coach dans "The Voice"...
On m'a demandé au tout début mais j'avais dit non. La première raison c'est que j'étais embarqué dans un album. Et puis je sais pas si je me sentais d'être coach. Donner mon avis, peut-être. Mais je ne l'ai pas trop senti. A deux reprises, j'ai décliné l'offre qu'on m'a faite. Je ne jette pas la pierre à ceux qui le font. Je ne dis pas que je ne le ferai jamais, mais à priori non.

Votre dernière participation aux Enfoirés remonte à 2002. Vous revenez quand ?
Je ne sais pas... (Sourire) Je n'ai aucun malaise. Pour l'instant, c'est vrai que je n'y ai pas participé depuis longtemps. Je respecte Jean-Jacques Goldman qui a passé un temps fou à faire ça. Il l'a fait avec tout son coeur. Tous les artistes qui y participent, le public qui est au rendez-vous, je trouve ça bien. Mais moi pour l'instant je n'y suis pas.

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