L'Impératrice

Crédits photo : Bestimage
C'est une affaire qui prend des proportions inattendues. Deux mois après avoir annoncé son départ surprise de L'Impératrice, Flore Benguigui a livré sa vérité. Dans une longue interview confession accordée à Mediapart, la chanteuse accuse les membres de son ancien groupe de violences psychologiques régulières et d'un quotidien rempli d'« humiliations » pendant neuf ans, jusqu'à lui faire perdre sa voix. « Personne n'a pensé qu'il fallait que je m'arrête. (...) Pendant un an et demi, j'essayais de chanter au maximum, j'étais en quasi-playback. Pour une chanteuse, c'est une humiliation énorme. (...) Le soir, je pleurais systématiquement, tout le monde le voyait. J'étais en dépression, sous anxiolytiques » livre-t-elle avec honnêteté. Son témoignage, dont la vidéo a été visionnée près de deux millions de fois rien que sur Instagram, lui a permis de recevoir le soutien de nombreux artistes dont Zaho de Sagazan, Pomme, Juliette Armanet ou le duo Terrenoire.

"On réalise ta douleur"

Après avoir une première fois réfuté ces accusations dans l'article de Mediapart, L'Impératrice prend enfin la parole sur les réseaux sociaux. Actuellement en tournée mondiale avec la nouvelle chanteuse Louve, les membres du groupe disent avoir « beaucoup réfléchi avant d'écrire » ce message aux allures de lettre de pardon : « On réalise ta douleur. On n'a pas suffisamment vu, on n'a pas suffisamment compris tes besoins. On se questionne pour comprendre et pour que ça ne se reproduise pas ». S'ils parlent d'une « grande exigence qui s'appliquait à tous les membres » et de « moments de doute, de stress, de tension » durant ces neuf années, les cinq musiciens reconnaissent avoir parfois été peu regardants : « On a peut-être trop souvent cru que ça comptait peu par rapport à nos succès collectifs, à nos moments de joie ensemble ».

"Certains arguments nous blessent"

« On sait ce que tu as apporté au groupe et on est unanimement reconnaissants » poursuit le groupe, qui se défend face aux accusations de Flore Benguigui : « Certains arguments nous blessent, parce qu'ils ont été plusieurs fois abordés entre nous, et on pensait sincèrement avoir trouvé des solutions ensemble ». S'ils font « tout pour être meilleurs », les créateurs de "Danza Marilù" expliquent qu'on ne peut pas leur jeter entièrement la pierre : « On peut nous reprocher de ne pas avoir tout vu ni tout compris, mais pas d'être coupables d'avoir créé tout ce malheur pour toi ». Face au public, le groupe dit vivre avec « une douleur inouïe » ces derniers jours suite à l'interview choc de Flore Benguigui : « Comment raconter notre version de l'histoire sans blesser ni heurter ? On a certainement commis des erreurs, et on entend les reproches. Mais les lignes rouges de l'humiliation, de l'emprise, de la violence n'ont jamais été franchies. Nous espérons de tout coeur que Flore parviendra à se sentir mieux, à trouver sa voie et continuer à partager son immense talent ».

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Seulement, ce message d'excuses, adressé à Flore puis aux fans, ne passe pas du tout. Sur Instagram, de nombreux internautes ainsi que certains artistes dénoncent le côté hypocrite du message. « Hilarant » écrit notamment Barbara Pravi, tandis que la chanteuse sud-africaine Shalom parle d'un post « embarrassant » : « Imaginez écrire ça à votre grand âge, et ne toujours pas comprendre la notion d'empathie. Malheureusement, aucune ligne de basse funky ne peut annuler votre éthique funky ou votre traitement à l'égard d'une personne qui a donné sa vie dans ce travail collectif. Ou la non-excuse que représente ce message. Ce n'est pas une question de défense mais de responsabilité ». Flore Benguigui elle, n'a pas encore répondu à cette lettre ouverte.