Indochine

Crédits photo : Bestimage
Égaré dans la vallée infernale, le héros s'appelle Bob Morane... Mais son auteur Henri Vernes ne pourra plus, hélas, nous raconter les aventures du célèbre personnage de fiction. De son vrai nom Charles-Henri Dewisme, l'écrivain belge est décédé dimanche à l'âge de 102 ans comme l'annonce son éditeur. Au cours de sa prolifique carrière, il avait signé sous divers noms (Cal W. Bogar, Gaston Bogart, Pat Richmond, Ray Stevens...) une large collection de romans d'espionnage, de science-fiction ou d'aventure. Mais son plus grand fait d'armes reste la création de Bob Morane, ingénieur et ancien pilote de la Royal Air Force dont les lecteurs ont pu découvrir le courage, la force et l'agilité le 16 décembre 1953 avec la parution de "La vallée infernale". Ce premier tome, tiré à 8.000 exemplaires pour la collection Marabout Junior des éditions André Gérard, n'allait pas tarder à donner naissance à un véritable phénomène littéraire. La série principale et ses dérivés, qui compte plus de 230 oeuvres, s'est depuis vendue à près 40 millions d'exemplaires dans le monde, marquant des générations entières avec ses récits exotiques. Dont un certain Nicola Sirkis, tombé en admiration devant ce héros intrépide lorsqu'il n'était encore qu'un enfant de 12 ans.

"C'étaient des gens de ma génération qui l'avaient lu"

Nicola Sirkis n'était pas encore l'iconique rockeur capable de soulever des stades entiers lorsqu'il a écrit les paroles, bientôt fredonnées par tous, de sa chanson "L'aventurier", composée dans l'optique du tout premier concert d'Indochine. « On avait notre premier concert le 29 septembre 1981, on avait 15 jours pour essayer d'avoir une setlist d'au moins 25 minutes (...). Il nous en manquait quelques chansons. Donc on a fait "L'opportuniste" et "L'aventurier". Je suis allé chez Dominique et on enregistrait sur son magnéto 2 pistes. Il m'avait dit : "Ah je crois que j'ai trouvé un gimmick !". Mais il n'arrivait pas à le finir... C'est venu comme ça, plus les accords, plus cette fameuse rythmique très très new wave à l'époque qui va à contretemps » expliquait l'an dernier le musicien dans un format vidéo pour Pure Charts, réalisé pour les 40 ans du groupe culte. Et Nicola Sirkis avait choisi la figure de Bob Morane pour une raison bien précise : « Je voulais avoir aussi un certain message, de se foutre un peu de la gueule de tout ce mythe du héros invincible. Ce n'est surtout pas à prendre au premier degré. Bob Morane, ça a parlé à beaucoup de gens parce que c'étaient des gens de ma génération qui l'avaient lu. C'est pour ça que c'est devenu très populaire en Belgique ».

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"Il appartient à la mémoire commune"

A l'époque, Indochine n'imaginait pas que le morceau puisse connaître pareil destin : « Quand je l'ai fait écouter par téléphone à ma fiancée de l'époque, elle m'a dit : "C'est incroyable ce morceau, il se passe quelque chose". La première fois qu'on l'a fait sur scène aussi, les gens se sont levés en se demandant : "Mais qu'est-ce que c'est ce morceau ?". On ne s'est pas rendus compte en l'écrivant mais on se rendait compte tous les jours, avant qu'elle passe à la radio, que les gens l'appréciaient beaucoup. Il y avait quelque chose de nouveau ». Aujourd'hui, la chanson "L'aventurier" « appartient à la mémoire commune et à tout le monde », et c'est donc avec une pointe d'émotion que la formation a appris la triste nouvelle de la disparition de Henri Vernes. Nicola Sirkis a naturellement tenu à rendre hommage à l'écrivain. Sur ses comptes Twitter et Instagram personnels, le chanteur a partagé la couverture d'époque du premier roman "La vallée infernale", comme un clin d'oeil appuyé à celui qui lui a inspiré l'un de ses plus grands tubes. Les comptes officiels d'Indochine ont quant à eux publié des photos de l'auteur accompagnés d'un coeur, avant de rediriger les fans vers le clip de "L'aventurier", dans lequel la bande interprète le titre dans un décor psychédélique.

❤️Henri Vernes https://t.co/rZo3Kn8mn3

— Indochine (@indochinetwitt) July 26, 2021

Avec le décès de Henri Vernes, Bob Morane tire définitivement sa révérence puisque l'écrivain assurait vouloir l'emporter avec lui dans sa tombe. « J'aimerais encore écrire une centaine de livres, courtiser quelques dames et pour le reste je laisse tout au sort (...). Et bien sûr, ça me fait plaisir qu'on se souvienne de moi aujourd'hui, on aurait pu m'oublier » expliquait-il à la RTBF il y a deux ans, à l'occasion de son 100ème anniversaire.