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"Il fallait oser l'écrire" : ce tube culte d'Indochine qui a fait polémique à sa sortie

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Indochine prépare actuellement sa prochaine tournée, et nul doute que ses tubes cultes des années 80 seront au programme. Parmi eux, une chanson qui a défrayé la chronique à sa sortie mais qui reste toujours d'actualité : "La maison de disques disait qu'on allait perdre tout notre public".
Crédits photo : Bestimage
« Un garçon au féminin, une fille au masculin ». A l'heure où de plus en plus d'artistes et d'anonymes se revendiquent non-binaires ou changent de genre (à l'instar de Rahim Redcar, ex-Christine and the Queens), la chanson "3e sexe" d'Indochine n'a jamais semblé autant d'actualité, 39 ans après sa création. Pourtant à l'époque, beaucoup de personnes sont frileuses face à ce titre, en avance sur son temps, et au coeur du nouvel épisode du podcast "Face A" de Purecharts. Nous sommes donc début 1985. Indochine est déjà bien installé grâce au tube "L'aventurier" et au succès de ses deux premiers albums, qui les a même permis de s'exporter en Scandinavie.

A l'époque où Nicola Sirkis écrit "3e sexe", de nombreux artistes anglais bousculent les codes vestimentaires et les genres, de Boy George à Robert Smith en passant par leur modèle à tous, David Bowie. « J'étais à Londres et je voyais toute cette vague de groupes très maquillés comme The Cure, Depeche Mode, Japan... Je trouvais très joli ce côté théâtre japonais. Je me souviens qu'à Londres, les mecs et les nanas se ressemblaient, ils étaient totalement lookés avec le même maquillage » se remémore Nicola Sirkis, alors conscient qu'il y a une place à prendre dans le rock français : « [Il] n'était pas très sexuel. On avait Téléphone et Trust qui avaient un côté "vestiaire de mecs" et je n'ai jamais trop aimé ça ».



"On allait perdre tout notre public féminin"


Inspiré par l'essai "Le deuxième sexe" de Simone de Beauvoir, le chanteur d'Indochine écrit le texte de "3e sexe" avec une idée en tête : « Si ces deux personnes, que j'ai vues à Londres viennent à Paris ou en Province, on va leur jeter des pierres. Le message, c'est que les gens les plus pervers sont ceux qui crachent sur ces gens-là. Cette intolérance-là m'a fait écrire cette chanson ». Quant au fameux refrain et son « on se prend la main » ? C'est un clin d'oeil au classique des Beatles, "I Want To Hold Your Hand" ! « Il fallait oser l'écrire en France, en français. Mais je ne m'attendais pas à que ça devienne un hymne, qu'encore aujourd'hui des gens m'arrêtent dans la rue pour dire que cette chanson est importante pour eux, c'est fou » poursuit Nicola Sirkis.

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"Les mecs étaient affolés"


En préparant son troisième album, Indochine délaisse donc les aventures exotiques pour aborder des thématiques plus "adultes", comme la sexualité ou l'androgynéité au coeur de ce morceau. Et ça ne plait pas à tout le monde, notamment aux professionnels ! « La maison de disques ne voulait pas que ça sorte en single en disant que c'était une chanson trop marquée "homosexualité" et qu'on allait perdre tout notre public féminin. C'était la grande théorie à l'époque. Et après, on les a tous retrouvés en train de faire des boys band » sourit aujourd'hui le chanteur. Car si le label est réticent, le public adopte directement "3e sexe". Chiffre porte-bonheur, le single se classe troisième du Top 50 et s'écoule à plus de 600.000 exemplaires. L'album "3", sur lequel on retrouve aussi les tubes "Canary Bay", "Trois nuits par semaine" et "Tes yeux noirs", s'arrache à 750.000 copies et permet au groupe de remplir quatre soirs le Zénith de Paris.




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Un succès fou plaçant Indochine comme le groupe de rock français le plus populaire à l'époque, au moment même où Téléphone se sépare : « Je me rappellerai toujours des gamins de 10/15/20 ans qui appelaient les radios en disant "On veut écouter 3e sexe !". Les mecs étaient affolés ». Et Nicola Sirkis se dit toujours impressionné par la longévité du titre : « C'est à la fois triste est bien qu'elle existe. Le monde est toujours raciste et homophobe, mais la jeunesse est porteuse d'espoir là-dessus ».
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