Accueil > Actualité > News musique > Actualité de Indochine > "Inadmissible" : une parodie d'Indochine fait enrager le public !

"Inadmissible" : une parodie d'Indochine fait enrager le public !

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Dans une émission belge, deux humoristes ont parodié le tube "3e sexe" d'Indochine et Christine and the Queens (Rahim Redcar) en se moquant des questions de transidentité et de non-binarité. Un sketch qui fait scandale en Belgique, où le public parle d'une séquence "dangereuse". Plusieurs drag queens montent au créneau.
Crédits photo : Capture d'écran YouTube
Une parodie qui ne passe pas. Jeudi soir, dans l'émission belge "Le grand cactus" diffusée sur la RTBF, les deux humoristes Damien Gillard et Cécile Giroud se sont grimés en Nicola Sirkis et Christine and the Queens (désormais Rahim Redcar) pour pasticher le tube "3e sexe", devenu ainsi "128e sexe". Le but ? Tourner en dérision les questions de transidentité et de non-binarité, à travers des paroles comme « Garçon, fille ou thé à la menthe / Peu m'importe, je suis non genrée », « Je suis une bille ou un héron / Moi un lapin qui se sent poisson », « J'ai envie d'être un merlu » mais aussi « Suis-je une femme ou Brigitte Macron ? » en référence à la fake news visant la Première dame en France, suite à laquelle deux femmes, qui ont diffusé cette rumeur, ont été récemment condamnées. Si de nombreux internautes sont hilares, cette parodie, vue plus d'un demi-million de fois rien que sur X, a également choqué.

Le player Dailymotion est en train de se charger...


"Banaliser un discours transphobe"


A commencer par des nombreuses drag queens de l'émission "Drag Race Belgique". Alvilda, gagnante de la saison 2 du concours, se dit prête à rendre sa couronne : « Banaliser un discours transphobe à une heure de grande écoute sous forme de "parodie humoristique" n'est pas la solution ! ». De son côté, La Veuve, parvenu.e en finale, est extrêmement « choqué.e et déçu.e de ce qu'on autorise sur une chaîne de télévision nationale à une heure de grande écoute » et déplore « la transphobie ordinaire, maquillée en humour grossier ». En France, la populaire Nicky Doll est également montée au créneau, parlant de « supplice » et de « cruauté » : « C'était ni nécessaire, ni agréable et surtout méchant et dangereux. Je doute que c'était les intentions, mais en 2024, c'est déstabilisant pour votre audience. Il est encore temps de réaliser le mal fait et corriger la chose ».



"Inadmissible et insupportable"


Face à l'ampleur prise par ce sketch controversé, la RTBF a tenu à réagir dans un message publié sur les réseaux sociaux, en commentaire de la vidéo. « Ceci est une parodie diffusée dans une émission satirique qui traite tous les sujets de la société avec la même liberté de ton. Il n'y a aucune volonté de nuire ou de cibler de façon irrespectueuse les personnes transgenres et non-binaires » martèle la chaîne de télévision belge : « Si ce contenu a heurté les sensibilités et le vécu de personnes nous le regrettons. En tant que média public nous continuerons de promouvoir la liberté d'expression et de lutter contre les discriminations ». Selon les porte-paroles de la Radio-télévision belge de la Communauté française, cette parodie « n'est pas un appel à la haine et n'est pas à prendre de manière isolée », précisant que « la RTBF produit de nombreux contenus pour traiter des questions de société en phase avec la pluralité d'opinions ».

Sauf qu'au lieu d'apaiser les tensions, la vidéo a ajouté de l'huile sur le feu. Dans la foulée, bon nombre de drag queens se disent choquées par la teneur des propos de la RTBF. « Vous n'avez RIEN compris aux valeurs que vous prétendez défendre. Vos soi-disant excuses tiédasses et votre volonté de vous draper dans votre dignité en piétinant la nôtre en dit long sur le fond » s'insurge La Veuve. Kitty Space, présente dans "Drag Race France" saison 2, juge la réaction de la chaîne, tout comme ce pastiche, « inadmissible et insupportable » tandis que La Big Bertha, candidate de la saison 1 du programme, dénonce « un bon sketch de blancs privilégiés ». Le chanteur belge Mustii, qui a représenté son pays à l'Eurovision 2024, partage lui aussi son dégoût sur les réseaux sociaux. Et ce alors qu'en Belgique, 53% des personnes LGBT interrogées disent avoir déjà été victimes de harcèlement, d'intimidation voire même de violence.



La CSA ouvre une enquête


Rita Baga, présentatrice de "Drag Race Belgique", produit et distribué par la RTBF, est « profondément déçue » suite à la diffusion de ce numéro parodique mettant en scène Damien Gillard et Cécile Giroud, et au communiqué de défense de la chaîne. Elle dénonce d'ailleurs « la modération et la suppression de commentaires » par la RTBF : « Ignorer ces voix n'était pas assez; il a été délibérément choisi de les taire. Les deux gagnant.es de Drag Race Belgique veulent remettre leur couronne puisqu'elles ne veulent pas s'associer à ces actions. Encore une fois, ça ne suffit pas. (...) Contractuellement, il ne m'est pas permis de prendre une position publique allant à l'encontre de celles prises par la RTBF. Mais au nom de la liberté d'expression, comme la RTBF l'invoque, je le fais aujourd'hui ».

A LIRE - Indochine : on a classé les albums du groupe, du pire au meilleur !

Ainsi, le CSA a annoncé l'ouverture d'une instruction après avoir reçu « un grand nombre de plaintes » concernant cette séquence, dont les téléspectateurs dénoncent « le caractère transphobe et stigmatisant des paroles de la chanson à l'encontre des personnes transgenres et non-binaires ». En parallèle, la Pride de Liège a annoncé qu'elle ne renouvellerait pas son partenariat avec le média digital Tipik, appartenant à la RTBF et diffusant "Drag Race", pour son édition 2025. De son côté, la Fédération Prisme, qui rassemble les associations LGBTQIA+ wallonnes, a elle aussi déposé une plainte auprès du CSA et de l'IEFH (Institut pour l'égalité des femmes et des hommes). Elle s'insurge contre ce sketch « banalisant ainsi le discours croissant anti-trans, sous couvert de l'ironie ou de la dérision » : « Ce type de contenu médiatique participe à rendre la haine "acceptable", avec comme prétexte : rire de tout. (...) Il est temps que les chaînes de télévision prennent leurs responsabilités et cessent de promouvoir des contenus qui, même sous couvert de parodie, alimentent le rejet de l'autre ». Pour l'heure, ni Indochine ni Rahim Redcar n'ont réagi à cette séquence.

Charts in France

  • A propos de Pure Charts
  • Mentions légales
  • Publicité
  • Politique de cookies
  • Politique de protection des données
  • Gérer Utiq
  • Nous contacter