Benjamin Biolay

Crédits photo : Abaca
On ne plaisante pas avec le Front National. Même Madonna en a fait l'expérience. Plus tôt cette année, la Queen of Pop elle-même a plié face aux menaces de poursuite en justice. Depuis le début de sa tournée, la chanteuse diffusait en effet un interlude vidéo dans lequel elle dénonçait certaines figures politiques et historiques. Parmi elles, Marine Le Pen, qui se voyait affublée d'une croix gammée sur le front. Madonna avait tenu bon et diffusé les images malgré les menaces lors de son passage au Stade de France, mais le FN n'avait pas sourcillé et avait immédiatement porté plainte contre elle. Du coup, quand la Madone est repassée par la France pour un concert à Nice, elle a retiré la séquence polémique.

"... Comme Stirbois s'est mangé son cèdre"

Benjamin Biolay, lui, n'aura vraisemblablement pas à affronter le parti d'extrême droite au tribunal, mais le FN n'a pas manqué de s'en prendre à lui en cette fin de semaine. En cause : les paroles de la chanson qui donne son titre à son sixième album, paru lundi : "Vengeance". Un titre que Benjamin Biolay partage avec Carl Barât, chanteur et guitariste britannique qui a fait partie du groupe Dirty Pretty Things avant de fonder avec Pete Doherty le groupe The Libertines, aujourd'hui dissolu.

« La vengeance est un plat que certains mangent froid comme Stirbois s'est mangé son cèdre », chante Benjamin Biolay sur ce titre, évoquant la disparition de Jean-Pierre Stirbois, un ancien cadre du parti dirigé aujourd'hui par Marine Le Pen. Comme l'évoquent assez explicitement les paroles de la chanson de Benjamin Biolay, celui-ci est décédé lors d'un accident de voiture, en 1988. Et évidemment, le Front National n'a pas vraiment apprécié que le chanteur français évoque de la sorte la disparition de l'un des siens.

"Un rebelle en peau de lapin"

Un communiqué du parti a donc été dévoilé ce matin, dans lequel la direction du FN s'en prend directement au chanteur, qu'elle qualifie de « militant socialiste », et rappelle qui était Jean-Pierre Stirbois, « illustre secrétaire général du Front National de 1981 à 1988 et modèle en matière d'enracinement local et de respect des militants. Mort il y a maintenant 24 ans quasiment jour pour jour, Jean-Pierre Stirbois était un bourreau de travail, un militant passionné et plus que tout un authentique opposant au système », indique le FN dans ce communiqué.

Et évidemment, le parti ne manque pas cette occasion de s'en prend au chanteur, qui avait ouvertement soutenu François Hollande lors de la campagne présidentielle, et qui a récemment été fait Officier de l'ordre des Arts et des Lettres par Aurélie Filippetti. Pour le FN, Benjamin Biolay n'est ainsi qu'« un rebelle en peau de lapin qui a reçu l'agrément de la classe dominante », une attaque qui confirme que le parti continue à se positionner comme le seul à lutter contre ce qu'il qualifie de système. « On verra dans les propos de Benjamin Biolay les signes évidents d'un complexe d'infériorité ou d'une admiration refoulée à l'égard des militants du Front National. Entre le confort d'être du côté du manche et l'honneur de mettre sa peau au bout de ses idées, il y a effectivement un fossé », conclut le communiqué du Front national.