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samedi 10 septembre 2022 12:49

Benjamin Biolay en interview : "Les cicatrices ne sont pas laides, certaines sont utiles"

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Benjamin Biolay est de retour avec son dixième album "Saint-Clair", deux ans après le joli succès de "Grand prix". L'artiste se confie à Purecharts sur son nouveau rôle de chanteur populaire, ce disque plus personnel, l'imagerie religieuse, ses projets et la tournée à venir. Interview !
Crédits photo : Mathieu César
Propos recueillis par Théau Berthelot.

Comment avez vous vécu le succès de "Grand prix" ?
Je l'ai vécu en total différé car quand l'album est sorti, on était en sortie de confinement. Je devais partir en tournée puis il y a eu un nouveau confinement, le couvre-feu... Donc je n'ai pas pu jouer. Je m'en suis rendu compte longtemps après. Au-delà des chiffres de ventes, ça c'est que de maths et ça commence à être un peu énervant de parler de ça tout le temps, le vrai succès d'une chanson, c'est quand vous la chantez sur scène et que tout le monde chante avec vous. Effectivement, il s'est passé un truc. Ces chansons-là sont rentrées chez les gens et c'est ça le vrai succès. Ma définition du succès.

Ça vous a un peu surpris ?
Vous savez quand on fait ça depuis tellement longtemps, on n'est plus tellement surpris d'être surpris. On sait que ce sera jamais vraiment comme on l'imaginait. Et un album vous réserve toujours des surprises, bonnes, mauvaises ou sidérantes. J'ai fait un album il y a très longtemps qui est celui qui s'est le moins bien vendu en France, un truc comme 40.000 exemplaires, ce qui à l'époque était peu alors qu'aujourd'hui... Mais il a eu énormément de succès en Argentine, au Brésil ou au Chili. J'ai découvert plein de pays grâce à ce disque, qui est un de mes plus grands succès puisqu'il m'a ouvert une nouvelle façon de voir la vie. D'ailleurs, je suis resté beaucoup de temps là-bas, en Amérique Latine. Et ce disque, je le bénis, alors que pendant six mois je le maudissais.

Il paraît que vous avez reçu votre disque de platine par La Poste !
Ouais, c'était en plein couvre-feu ! D'habitude, on fait une petite soirée, une réception, et on n'allait pas braver les interdits. Par Zoom, ça aurait été encore plus sinistre. (Sourire)

Dans la tête du grand public, vous êtes passé de chanteur "indé" à chanteur populaire. On vous a notamment vu dans de nombreuses émissions, où on ne vous auriez pas forcément vu avant. Ça vous fait quoi ?
Je trouve que la société est comme ça, on fonctionne moins par niche, par caste. Les choses sont plus ouvertes qu'avant et on est moins dans le snobisme. Et puis je considère que quand je viens dans une émission, c'est moi. Les 5 minutes où je suis là, c'est moi qui les produis parce que c'est ma musique, ma tête et ma voix, ça fait beaucoup... Dans les pays anglo-saxons, ça a toujours fonctionné ainsi. Nous, on a toujours essayé d'imiter les Anglais mais en le faisant mal.

Avec "Grand prix", il s'est passé un truc
Ce nouvel album "Saint-Clair" arrive finalement assez vite, alors que vous êtes toujours en tournée...
Ça fait quand même deux ans et demi ! "Grand prix" avait été décalé en tout de neuf mois, donc ça fait un bon trois ans. Je devais le sortir début 2020 et comme on avait senti venir la catastrophe... Et puis ça met vachement de temps. Aujourd'hui, c'est devenu complètement ubuesque de sortir des vinyles, c'est six à neuf mois de retard. Il faut rendre les masters neuf mois avant, donc c'est devenu quasiment impossible. C'est une aberration totale à l'heure de l'économie de marché du tout libéral, et de pouvoir fabriquer des putains de vinyles alors que ça redevient quelque chose que les gens adorent.

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Musicalement, on est dans une suite logique de "Grand prix", avec un son très pop-rock. On a l'impression que vous l'avez fait en même temps...
Ah non non ! Quand ma charge d'auteur-compositeur de "Grand prix" s'est finie, j'ai dû arrêter d'écrire pendant un bon moment. J'ai dû réécrire la première chanson de "Saint-Clair", un an ou un an et demi après... Finalement, ça ne s'est pas enchaîné aussi vite que ça en a l'air.

Sur cet album, on y retrouve votre amour pour les Strokes sur "Forever" ou "Les joues roses"... Ça a été une vraie influence pour ce disque ?
Une des grosses influences oui. J'en parle parce que de tout ce que j'ai écouté, c'est un des groupes les plus connus des gens, et Julian Casablancas, maintenant, c'est quelqu'un que j'admire. Mais j'ai beaucoup écouté un groupe brésilien qui s'appelait Los Hermanos, qui était le groupe de Rodrigo Amarante, celui qui chantait la chanson de la série "Narcos". Ce sont un peu les ancêtres latino-américains des Strokes, ils chantent en brésilien et portugais. Et d'ailleurs, il se trouve que Rodrigo Amarante et Fabrizio Moretti des Strokes ont fait un projet ensemble qui s'appelle Little Joy, et que je conseille à tout le monde parce qu'il est magnifique. Et puis j'ai écouté les Growlers, un groupe américain que j'adore, et pas mal les Flaming Lips ou Tame Impala pour tout ce qui est claviers... Mais la pulsion, ce côté CBGB qu'il y a chez les Strokes, j'adore. Et je trouve que Julian Casablancas, c'est un très grand mélodiste.

Les rééditions, c'est un attrape-couillon
Avec 17 titres au programme, c'est un de vos albums les plus longs. Vous avez été plus inspiré que pour les autres disques ?
Il y a surtout eu l'envie de sortir la version définitive tout de suite ! Et ne pas avoir à faire une édition augmentée, qui est toujours un attrape-couillon... C'est un vrai débat. Il y a encore des gens qui font l'effort d'acheter des disques, qui aiment encore ça. Ça rapporte plus d'argent que le streaming aux maisons de disques, c'est quand même le nerf de la guerre des gens qui font une musique comme moi de vendre des disques physiques. On peut pas les arnaquer à ressortir le disque six mois après avec un remix éclaté au sol et une cover toute pétée en acoustique. Donc là j'ai fait la totale !

Pour "Grand prix" il y avait pourtant eu une réédition, mais vous avez sorti les nouvelles chansons à part !
Bien sûr ! Et si jamais il y a de nouvelles chansons, ça se passera comme ça aussi. C'est génial d'acheter la version augmentée, mais je ne veux pas que les gens qui ont été présents tout de suite se sentent lésés...

Après la Formule 1 sur "Grand prix", "Saint-Clair" utilise une imagerie religieuse. Pourquoi ?
C'est un décorum que j'aime beaucoup, esthétiquement parlant. C'est pas une question de foi ou de religiosité, c'est quelque chose que j'aime, ce qu'on appelle vulgairement les bondieuseries. Comme je passe du temps dans le Sud de la France ou même le Sud du monde à Buenos Aires, ça fait partie du quotidien de voir des signes religieux un peu partout.

Je me demandais de quoi j'allais bien pouvoir parler
Surtout que, notamment en musique, sexe et religion sont des thématiques souvent liées. Je pense à l'album "Songs of Faith and Devotion" de Depeche Mode...
Bien sûr ! Ou même le film "Bad Lieutenant" d'Abel Ferrara qui est un peu l'apogée du truc. Et la vie de Marie-Madeleine... Dans la Bible, il y a des moments comme ça, qu'on le veuille ou non.

Du coup, vous aimez cette imagerie sans être quelqu'un de très religieux ?
Je suis très spirituel, assez mystique ou superstitieux, passionné de l'Histoire et en proie à de grandes questions. Mais je ne suis pas un catholique pratiquant du tout.




Cet album marque un retour dans la ville de Sète que vous chérissez tant. Pourquoi à ce moment précis de votre carrière ? Il y a eu un déclic ?
Sans doute. A un moment, je me demandais de quoi j'allais bien pouvoir parler sur le prochain disque. Et je me suis dit "T'es con ou quoi ? Ouvre les yeux !" (Rires) J'étais chez moi à Sète... Après, imaginons que c'est un film qui est tourné à Sète, mais Sète n'est pas le personnage principal. Quand on tourne un film à Nantes, ce n'est pas la ville le personnage principal, ce sont les acteurs de "Une chambre en ville", c'est Richard Berry, Dominique Sanda... Mais j'aime cette lumière. Comme certains peintres, ils vivent dans des endroits qu'ils ne peignent pas nécessairement mais la lumière les inspire. Et puis, je suis attiré et fasciné par la mer. A chaque fois que je la vois, je ressens quelque chose de fort.

Qu'est-ce que vous ressentez en revenant dans cette ville ?
Je dirais que c'est olfactif. Il y a l'odeur de la mer, du port, de la lagune. Les végétaux ne sont pas les mêmes... Il y a un vrai truc, c'est très différent.

Je suis relativement pudique
Vous parlez de Sète mais il y a quand même des références à Deauville et la Normandie, à l'opposé de Sète !
Avec la mer encore ! Moi j'imagine un petit scénario que je garde secret et qui me permet d'avancer dans les relations de paroliers et j'avais envie de délocaliser un petit peu.

Vous seriez prêt à vous y installer définitivement, loin de Paris ?
Oui, sans doute... Je reste un urbain et ça reste quand même une ville. Si vous me demandez si je pourrais vivre à la campagne ou sur une île, ben... Le fantasme me plairait, mais j'ai quand même vécu toute ma vie dans des villes, petites ou grandes ou très grandes. Du coup, j'ai quand même besoin de la compagnie des hommes, de la culture locale.

Il y a un côté très personnel dans certaines chansons comme le magnifique "(Un) Ravel", dans lequel vous vous livrez comme jamais. C'était le bon moment pour le faire ?
Me connaissant, je suis quand même relativement pudique. Si je m'étais dis que j'allais faire une chanson confession, je me serai répondu à moi-même "Ça va pas ou quoi ?". Là, c'est juste que cette musique de Ravel, la "Pavane pour une infante défunte", je l'aime depuis que je suis tout petit. A force de la sentir en moi, un peu comme si je l'avais composée moi-même, un texte est venu et c'est celui-là. Evidemment, il a fait écho à tout ce que j'étais depuis toujours parce que cette musique, ce son et ces harmonies m'accompagnent depuis toujours.

Vous parlez de votre côté pudique, cette chanson a un côté très confession, ou "passe à confesse" comme on dit.
Oui, et puis "passe à confesse" de quasiment toute la discographie parce que je n'ai pas été très exhibitionniste. Mais après, ce sont des réminiscences, des façons de voir la vie qui fonctionnent avec cette musique-là. Evidemment, ça aurait été sur une samba de Sérgio Mendes, ça aurait été différent. Mais la musique de Ravel est hautement nostalgique et mélancolique.

Si on me redonne une vie je ne fais pas du tout la même
Vous y chantez "Si je pouvais changer quelques trucs en vrai, je crois que je changerais tout". C'est vrai ?
Oui oui ! Je ne sais pas vous, mais moi si on me redonne une vie je ne fais pas du tout la même. Je vois pas l'intérêt. Si on me redonne une vie, le seul truc qui me manquera ce seront mes enfants, mais j'en aurais quand même ! Je voudrais être une femme, je voudrais ne pas être né en Europe, je voudrais faire autre chose que de la musique.

Vous auriez fait quoi à la place ?
Aucune idée. (Rires) Peut-être que j'aurais été sénateur, je n'en sais rien...




"Saint-Clair" est un album plutôt d'amours contrariées. C'est plus facile à écrire que des chansons d'amour véritable ?
Déjà, c'est plus facile parce que c'est plus courant. Je les ai pas en tête, mais les statistiques des couples divorcés en France, ça doit barder ! L'espérance de vie d'un couple moyen doit pas être très grande. Il y a des gens qui disent que l'amour ne dure que trois ans, c'est très défaitiste. Mais ce côté "jusqu'à ce que la mort nous sépare", on ne va pas se mentir, la société a changé. Les mariages sont moins arrangés, la possibilité de rencontrer des gens est plus grande, on voyage plus... Et en général, ça ne finit pas bien. Ça met un certain temps, c'est un match qui est perdu au tie break (jeu décisif au tennis, ndlr).

Aujourd'hui c'est plus "jusqu'à ce que le divorce vous sépare"...
Oui, c'est ça ! Et c'est terrible parce que l'amour contrarié, et je connais quelques personnes qui vivent l'opposé de ce que je décris, c'est plus courant, plus facile et ça revient plus facilement. C'est quelque chose qui vous marque. Toutes les cicatrices ne sont pas laides, certaines sont utiles. Tout ce qui laisse une cicatrice créé une réminiscence.

Et les gens peuvent peut-être plus s'identifier à ces histoires-là...
J'ai déjà écrit de belles chansons d'amour au premier degré, une magnifique déclaration d'amour sur ce disque, c'est "Les joues roses". Et déjà, les gens me parlent plus de "(Un) Ravel" en disant qu'ils se sont vachement plus reconnus dans mes phrases. La chanson que j'avais faite avec Jeanne Cherhal, "Brandt Rhapsodie", le nombre de gens qui m'ont dit que ça leur a rappelé leur vie et que ça leur a fait du bien, ça me rendait triste pour eux. C'est une chanson qui ne finit pas bien. Et les quelques chansons d'amour totales que j'ai faites, on ne m'en a finalement que peu parlé.

Par rapport au rap, je suis un rigolo
Par rapport à "Grand prix", vous revenez avec des paroles plus crues ("J'te baise", "J'veux baiser ou faire l'amour"...). C'est finalement assez rare d'entendre ça dans un titre de "pop" variété !
Il n'y a plus de pop variété, il n'y a plus rien de tout cela. Et Dieu merci, par rapport au rap, je suis un rigolo. Heureusement qu'on m'emmerde pas plus que ça et qu'il n'y a pas écrit "Parental Advisory" sur mon album... Mais si tu prends toute la phrase, toute la chanson : "prends tout ce que tu veux, le canapé, la maison... Si tu veux même, je vais cueillir des fraises, je me fous en l'air et même au pire j'te baise". Mais en fait ce n'est pas si cru et provocateur que ça ! Je dis que dans le pire des cas, je suis prêt à passer à la casserole pour te rendre l'amour. C'est quelque chose que je trouvais plus ludique que provocateur. "Je veux baiser ou faire l'amour", je trouve ça beau car c'est une vraie question qu'on se pose tous. Là, le type est dans une situation où les deux lui iraient très bien. En gros, il exprime une forme de solitude et ça, j'aime bien. Sur "J'te baise" je trouvais ça un peu violent surtout en fin de refrain comme ça, mais j'ai pas trouvé une manière de faire mieux.

Ça étonne d'entendre ça !
Ça étonne mais c'est vieux comme la chanson française. Si vous écoutez Colette Renard, ce qu'elle envoie en trois minutes, Brassens qui dit "je bande", Ferré qui hurle des "salope"... La chanson française a, par moment, été très proche de la poésie française et par moment plus proche de la poésie de la rue.

Il n'y a pas eu une peur des radios frileuses ?
Ce que je leur ai dit si c'est que si jamais ça craignait un peu pour eux, on sort une autre chanson à la place. Il n'y a pas mort d'homme non plus !




Comment est né ce duo avec Clara Luciani, "Santa Clara" ?
Je la connais depuis longtemps, je l'aime depuis longtemps et je l'admire depuis longtemps. Et on a chanté très souvent ensemble à la télévision, à la radio ou en live... On s'est dit qu'il était temps de graver une chanson ensemble. Dans cette chanson, je voulais chanter avec une fille qui incarnerait le personnage de l'été, cet été qui s'en va et qui ne s'en rend même pas compte. Un truc un peu abstrait et je trouve que Clara est tellement lumineuse. Elle incarne le Sud : son nom, elle est brune, j'adore sa voix... Et comme c'est elle-même une auteure de texte, elle comprenait les subtilités, les sous-textes. Elle sait que quand elle chante "Quand tu me vois nue, tu me vois pas", il n'y a rien de cochon. Ce sont les auteurs qui peuvent s'en rendre compte. Un simple interprète se dirait "Mais ça veut dire quoi ??".

Et puis j'aime bien l'idée que cette chanson sur la fin de l'été ne sorte pas fin août, mais début septembre !
Bien sûr avec la rentrée, la putain de rentrée ! Et il y a septembre noir, le commando à Munich en septembre 73, septembre 2001, 21 septembre la fin officielle de l'été... Septembre quand j'étais petit, ce n'était pas mon mois préféré. (Sourire)

Les jeunes veulent être célèbres et riches aujourd'hui
"La traversée" est un titre qui parle du sort des migrants. C'est assez rare de vous entendre sur un titre aussi politique et social.
Par exemple sur l'album argentin ["Palermo Hollywood", ndlr] il y avait une chanson qui s'appelait "Ressources humaines" car j'ai vu la misère et la précarité de l'emploi en Amérique Latine. Quand je vais sur un sujet, ou quand je décide de faire de la Méditerranée le personnage un peu central d'un album, je considère que la description aurait été bien incomplète si je n'avais pas parlé de ça. Si vous réduisez l'échelle, c'est comme une piscine. Vous vous amusez dedans, vous barbotez et sirotez des cocktails alors qu'il y a des gens qui se noient. C'est ça la vérité de cette mer : c'est un endroit de villégiature, de vacances, de loisirs, Macron y fait du jet ski, et de l'autre côté il y a des gens qui se noient. C'est ça la réalité.

Et il y a aussi l'idée de ne pas en faire un titre moralisateur.
Non car je ne dis pas que c'est de ta faute ou de la mienne, c'est une réalité. C'est pour ça que ce n'est pas une chanson engagée. Et on peut pas être contradicteur. Ou alors on est négationniste et c'est puni par la loi en France.

"Saint-Clair", le titre qui clôt l'album, semble être un moment de pause et de contemplation où vous semblez faire le point...
C'est un peu le moment où tout se mélange dans la tête, et la dernière pulsion de vie de l'album. Normalement, dans 99% des cas, le disque aurait dû se terminer par "La traversée" et je ne sais pas pourquoi mais j'ai voulu qu'il finisse par "Saint-Clair". On se dit que la vie est courte, la nuit est là, on est fatigués mais on va danser jusqu'au bout.

Dans une interview pour les Inrocks, vous dites que cet album pourrait clore un pan discographique de votre carrière. C'est-à-dire ?
On m'a dit ça et j'ai répondu "Oui pourquoi pas". C'est une très bonne question et une très mauvaise réponse. (Sourire) Mais j'en sais foutre rien ! Je trouve qu'il faut pas extrapoler...

Vous êtes encore trop tête baissée dans "Saint-Clair" pour penser à la suite ?
Tête baissée, et aussi il faut que ça vienne. La musique, c'est un peu magique, ça a un côté naturel. Vous vous asseyez devant un truc qui s'appelle un piano, vous pensez que vous allez juste pianoter pour passer le temps mais il y a un accord ou deux qui déclenchent chez vous une pulsion de mélodie, qui déclenche une pulsion de texte et à la fin ça donne une espèce de chanson que vous essayez de chanter, et puis vous pouvez être encore là, neuf heures après assis sur le même piano, sans vous être rendu compte que la musique vous a kidnappé. Et c'est ça que je trouve beau !




Quand vous avez sorti votre premier album il y a 21 ans, vous imaginiez en être là aujourd'hui avec un tel succès et une telle reconnaissance ?
Au-delà de ces considérations, je ne m'imaginais pas être encore signé chez une maison de disques. Avant le premier album, on ne pense pas au succès. Et à mon époque, on n'avait qu'un seul but : signer dans une maison de disques. C'était vraiment le truc quoi. Du coup, dans le meilleur des cas, je m'imaginais durer un petit peu, mais pas comme ça, c'est sûr !

J'aimerais écrire un album pour Amel Bent
C'est vrai que l'industrie a changé !
C'est moins le Saint Graal pour les jeunes aujourd'hui. Ils veulent être célèbres et riches, grand bien leur fasse, moi je m'en fous ! Je juge pas... Mais c'est un peu notre démarche quoi.

Après cet album, quels sont vos autres projets musicaux ? Vous écrivez pour d'autres personnes ?
Pas en ce moment. On a enregistré des titres avec Yarol et Melvil Poupaud cet été. On est partis chez Yarol, il a un studio chez lui, et le soir on faisait de la musique, c'était hyper cool. Mais ça se trouve, dès demain quelqu'un va m'appeler, ça va m'emballer et je m'y mets à fond. On ne peut vraiment pas savoir...

Vous voyez avec qui ? Peut-être Julian Casablancas ?
Bien sûr, faire un duo avec Julian Casablancas ! Mais même sur des trucs un peu plus locaux, écrire un album pour Amel Bent, un peu comme Gainsbourg écrivait un album pour une chanteuse. Mais en essayant de ne pas jouer à la poupée. Mais faire un truc avec Amel Bent, qui a une voix qui déchire, pourquoi pas ! Ça me plairait ! Il y a toujours des trucs à faire.

Je fais ce que je veux
Ce serait encore un projet sur lequel on ne vous attendrait pas, un peu comme avec l'album de Nolwenn Leroy !
Ou même quand j'avais joué avec le 113, on m'avait dit "Qu'est-ce que tu fous là ?". Avec Elodie Frégé c'était pareil, même quand j'ai invité Orelsan et Oxmo Puccino sur mon album, tout le monde se demandaient pourquoi ils étaient là... Je fais ce que je veux.

Après l'album, il y aura une tournée...
Oui l'année prochaine, au printemps et à l'été. Peut-être qu'on commencera par les festivals. La seule chose à laquelle j'ai réfléchi, c'est que ça va être costaud d'un point de vue intensité rock. Mais il y aura un moment totalement intimiste où je serai quasiment tout seul. C'est un truc que je peux rajouter à mes concerts. Quand la discographie devient un peu longue, on peut faire quatre ballades d'affilée qui plaisent aux gens et qui ont du sens. Je pense que ça fait partie des petites nouveautés. Car soit je faisais des concerts tout seul ou avec un groupe, mais là ce moment un peu seul peut être bien.

On vous voit de plus en plus à l'écran. A terme, vous seriez prêt à arrêter la musique pour vous consacrer entièrement au cinéma ?
Prêt, dans les activités médiatisées, à ne faire que du cinéma oui. Mais la musique et moi c'est pour la vie, c'est obligé. Après, ne plus faire le chanteur pendant un moment, pourquoi pas ? Si je fais l'acteur et que ça prend beaucoup de temps... J'ai eu la possibilité de faire les deux parce que j'ai fait beaucoup de seconds rôles. Mais quand c'est un premier rôle, il y a plus moyen de prendre la guitare le soir, faut apprendre son texte tous les soirs, se documenter, être à fond... Mais la musique c'est toute ma vie, c'est obligé ! Ça ne s'est jamais arrêté.
Pour en savoir plus, visitez benjaminbiolay.com, ou son Facebook officiel.
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