Lady Gaga

Crédits photo : Montage Pure Charts / Bestimage
C'est un documentaire long de six heures qui secoue l'industrie musicale aux Etat-Unis. La semaine passée, la chaîne Lifetime diffusait sur son antenne "Surviving R. Kelly", une mini-série consacrée aux accusations de pédophilie et d'agressions sexuelles dont fait l'objet l'interprète de "I Believe I Can Fly". Plusieurs personnages ayant côtoyé l'artiste durant sa carrière, dont son ex-femme Andrea Lee, témoignent des relations troubles qu'il aurait entretenu avec des jeunes filles de moins de 16 ans alors qu'il était lui-même majeur : la chanteuse disparue Aaliyah mais aussi des filles mineures que R. Kelly aurait embrigadées dans un "culte sexuel" obscur. Des témoignages accablants qui ont mené à l'ouverture d'une enquête en Géorgie et au lancement d'un appel à témoins dans l'Illinois, pour tenter de faire la lumière sur cette affaire. R. Kelly, qui s'est déjà retrouvé devant la justice pour des faits similaires dans le passé, n'a jamais été condamné. Il avait avoué avoir été lui-même abusé sexuellement sur la chanson "I Admit" cet été, sans pour autant plaider coupable des faits qui lui sont reprochés. Le chanteur a déjà annoncé son intention de « poursuivre tout le monde » lié de près ou de loin à ce documentaire.

"Ce que j'entends est absolument terrifiant et indéfendable"

Le séisme médiatique causé par l'affaire a mené Lady Gaga à sortir du silence. Depuis plusieurs jours, la popstar américaine est sous le feu des critiques pour son silence autour de son ex-collaborateur, avec lequel elle a enregistré le duo "Do What U Want" en 2013. Un clip choc réalisé par le photographe controversé Terry Richardson avait à l'époque été censuré car jugé trop explicite a posteriori par la chanteuse et son entourage. Face à la polémique, Lady Gaga avait même ré-enregistré une version avec Christina Aguilera pour étouffer l'incendie. Alors qu'elle court les tapis rouges pour son rôle dans "A Star Is Born", Lady Gaga ne pouvait plus échapper à la question et prend donc la parole pour manifester son soutien le plus total aux victimes de violence sexuelle. « Je suis à 1000% derrière ces femmes, je les crois, je sais qu'elles souffrent et je crois fermement que leur voix devrait être entendue et prise au sérieux. Ce que j'entends au sujet des allégations contre R. Kelly est absolument terrifiant et indéfendable » affirme d'emblée la chanteuse, pour dissiper tout soupçon.

Souvenez-vous du titre "Do What U Want" :



Lady Gaga, qui a déjà évoqué à plusieurs reprises le viol dont elle a été victime à 19 ans, explique pourquoi et comment cette chanson a vu le jour : « En tant que victime d'agression sexuelle moi-même, j'ai fait la chanson et le clip lors d'une période sombre de ma vie. Mon intention était de créer quelque chose d'extrêmement rebelle et provocant parce que j'étais en colère, et que je n'avais pas encore digéré le traumatisme que j'avais subi dans ma vie. La chanson s'appelle "Fais ce que tu veux (de mon corps)", je pense que cela montre explicitement à quel point ma réflexion était tordue à l'époque ».

"Do What U Want" retiré des plateformes ?

Analysant sa propre expérience, Lady Gaga avoue être saisie par les regrets : « Si je pouvais revenir dans le passé et parler avec la version jeune de moi-même, je lui dirais d'entamer la thérapie que j'ai depuis suivie, pour qu'elle puisse comprendre l'état post-traumatique confus dans lequel j'étais (...) Je ne peux pas revenir en arrière, mais je pense aller de l'avant et continuer de soutenir toutes ces femmes, ces hommes, ces personnes de toute identité sexuelle et de toute origine qui sont victimes d'agression sexuelle. J'ai démontré ma position sur ce sujet et bien d'autres à de nombreuses reprises durant ma carrière. Je ne partage pas cette lettre pour me trouver des excuses mais pour expliquer. Jusqu'à ce que ça vous arrive, vous ne pouvez pas savoir ce que c'est. Mais je sais ce que ça fait, maintenant ».

L'interprète de "Shallow" révèle enfin avoir entamé des démarches pour faire retirer "Do What U Want" des plateformes de streaming et de téléchargement. Quant à R. Kelly, elle l'affirme sans détour : « Je ne travaillerai plus avec lui. Je suis désolée, à la fois pour mon erreur de jugement lorsque j'étais jeune et pour ne pas avoir pris la parole plus tôt ».

I stand by anyone who has ever been the victim of sexual assault: pic.twitter.com/67sz4WpV3i

— Lady Gaga (@ladygaga) 10 janvier 2019