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La Zarra (Eurovision) en interview : "Les commentaires négatifs vont me rendre plus forte"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
A quelques heures de la grande finale de l'Eurovision, La Zarra, qui représente la France au concours, se confie à Purecharts sur la pression qui pèse sur ses épaules, les coulisses de sa performance, ce qu'elle espère pouvoir changer ou encore les critiques.
Crédits photo : Sarah Louise Bennett EBU
Propos recueillis par Julien Gonçalves, envoyé spécial à Liverpool, le jeudi 11 mai.

Comment te sens-tu juste avant la grande finale de l'Eurovision ?
Aujourd'hui, je me sens très bien. On est encore dans les préparatifs. J'ai enfin visionné ma dernière prestation, parce que c'est difficile pour moi de me regarder tout de suite, j'ai besoin que ça redescende un peu. J'ai identifié quelques problématiques, et on travaille dessus. C'est juste stressant parce que tu veux bien faire. Mais parfois, il y a des choses que tu ne peux pas contrôler.

Quelles sont les problématiques, selon toi ?
Tout le monde l'a vu, je suis beaucoup trop stressée. (Rires) Il faut aussi que j'apprenne à ne pas être déstabilisée quand je suis en hauteur. Déjà, le son n'est pas le même quand on est en haut. Et la plateforme bouge beaucoup. Dès que je fais un mouvement ça bouge et je sens une vibration. Il faut que je sois assez relaxée pour que mon corps puisse tout prendre et que la prestation vocale glisse. Quand tu es stressée, tu chantes plus haut, une tonalité au-dessus... Mais mon coach vocal est avec moi et il m'a énormément aidée. Sans lui, je n'aurais pas été capable de le faire. On répète tout le temps là, mais c'est ma chanson, je la connais. Maintenant, il faut me transcender et la partager avec le public.

Le public n'est pas là pour me juger mais pour soutenir
Malgré ce dispositif technique un peu complexe, est-ce que tu arrives à prendre plaisir, à vivre le moment ?
Oui ! Quand j'ai répété sans personne dans la salle, c'était bizarre, tu répètes mais tu analyses tout, tu travailles en même temps. Mais quand j'ai fait ma prestation et qu'il y avait le public, c'était merveilleux. Ils ne sont pas là pour juger, ils sont là pour me soutenir. Je l'ai senti et j'étais extrêmement contente. On s'est regardé, on a chanté ensemble, j'étais avec eux, et c'était merveilleux !

Tu as répondu à un fan sur Twitter que tu voulais ajouter quelques petites choses à la version live de ta chanson "Evidemment", comme de la réverb' ?
Oui, il y a des ajustements à faire. Pour vous dire toute la vérité, ce sont des choses que j'avais déjà demandées [à la production] mais ils ont beaucoup d'artistes à gérer donc peut-être qu'il y a certains trucs qui passent à travers. Mais les gens ont raison. La réverb' dans la salle n'est pas la même que celle qu'on entend à la télévision, il y a des compressions. J'ai regardé les prestations des autres artistes, et il y en a où c'est impeccable donc pourquoi moi... On va modifier aussi certains petits trucs au niveau de mes oreilles car quand je monte, il y a beaucoup de basses dans mes oreilles. Ce sont des petites choses qui feront que je pourrai vraiment me concentrer sur ma prestation.

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Tout ce que je dois faire, je vais le faire
Et côté réalisation, il y a quelques plans que tu voudrais modifier ?
En fait, c'est à moi d'identifier les caméras quand je chante. Ils ne mettent pas les lumières sur les caméras donc je ne peux pas les voir, elles sont dans le noir. Il faut que je cherche à quel moment je dois me tourner. Ma prestation est souvent très sombre, donc pour trouver les lumières, bonne chance ! C'est assez compliqué, mais on est tous dans le même bateau ! On va trouver des petites astuces... Je crois que je vais mettre des gens qui vont sauter avec la lumière de leur téléphone pour me dire où je dois me tourner. (Rires) Je m'en fous, tout ce que je dois faire, je vais le faire. Mais les plans, on ne peut plus les changer. Mais c'est vrai qu'au début la lumière est trop foncée, je trouve que ça fait trop sévère, j'ai poussé pour qu'ils allument, que ce soit très clair pour la télé. L'idée c'est d'avoir tous ces éléments pour avoir une belle prestation.

D'être perchée à cinq mètres de haut, ça fait quoi ?
En fait, il y a la scène, la plateforme, et la colonne donc je suis plus à cinq mètres de haut. C'est impressionnant ! J'ai vu un mème qui comparait ma prestation à une scène du film avec les Minions, ça m'a fait trop rire. C'est vrai que c'est impressionnant, mais c'est tellement beau à voir ! D'ailleurs, j'aimerais bien inviter certains journalistes pour qu'ils montent en haut, pour sentir la sensation quand ça descend, quand ça bouge. Je trouve ça fun ! Et comme ça, je pense que les gens seront plus gentils... (Rires)

Jusqu'ici, l'Eurovision est fidèle à ce que tu attendais ?
Oui ! On me parle souvent du rythme mais j'ai l'habitude en vérité. J'ai commencé ma carrière il y a trois ans à peine, je pensais que ça allait prendre son temps, et finalement ça n'a pas arrêté. Au moment où je pensais prendre une pause pour faire le deuxième album tranquillement, Alexandra (Redde-Amiel, la cheffe de délégation française à l'Eurovision, ndlr) est venue me voir... (Rires) Et là je vais partir en tournée après. Donc ça a toujours été à mille à l'heure. Oui, c'est un peu plus intense mais on n'est pas surpris.

Les mauvais commentaires, il faut les prendre
Tu le disais, dans la salle, le public n'est pas là pour te juger, mais sur les réseaux sociaux, on sent que chaque geste, chaque note est analysée. Tu as conscience de ça ?
Oui... Quand tu vas lire des bonnes choses, il y a forcément aussi les mauvaises qui vont avec. Même les mauvais commentaires, il faut les prendre car c'est ça qui va me rendre plus forte. J'essaie de tout prendre mais il ne faut pas trop en lire car on reste un être humain et ça peut nous affecter. Et parfois, je réponds... (Elle éclate de rire) Je trouve ça drôle, je ne veux pas être méchante avec les gens ça ne sert à rien, mais c'est bien de répondre parfois de manière rigolote. Après, je réponds surtout aux personnes qui me soutiennent. On est ensemble, je leur dois. L'amour qu'ils me donnent, je dois leur rendre aussi. Je veux qu'ils sachent que je me bats pour les changements. Et s'ils ne sont pas faits, eh bien... c'est qu'ils n'auront pas été faits. (Sourire)




Quand tu réponds aux critiques, c'est plus fort que toi ?
C'est juste pour donner un petit exemple comme ça ! Non mais ils ne le savent peut-être pas mais j'écris mes chansons hein, donc là je suis gentille mais si je me lance, ça peut être violent. (Rires) Mais là je suis gentille !

Les gens mélangent souvent le perfectionnisme et la prétention
Quelles sont tes astuces pour lutter contre le stress ?
Je suis vraiment très bien entourée. Tout le monde est aux petits soins, parfois c'est même gênant. "Tu veux de l'eau ? Une pomme ?". Je fais pas mal de méditation, mais j'ai surtout besoin de ne plus entendre de bruit. J'ai vraiment besoin de m'isoler avant de monter sur scène. J'ai besoin de me retrouver moi, Fatima, et retrouver la petite fille au fond de moi. Et aussi de retrouver la battante que je suis. Car quand tu as peur, tu peux te renfermer un peu. Parfois, Alexandra me dit qu'elle ne me reconnait pas : "Elle est où la La Zarra qui sait ce qu'elle veut ?". Et elle a raison ! On se montre à nu, et on a peur de ne pas bien faire.

Tu ressens une pression sur tes épaules ?
Oui ! Parfois, j'ai reçu des messages de personnes que je connais, et je me dis qu'elles auraient pu s'abstenir... "C'est super ce que tu fais mais la compétition est féroce !". Ils ne se rendent peut-être pas compte mais je suis un être humain. Moi, peu importe la place, si je suis capable d'écouter et de visionner ma prestation et d'être satisfaite, je serais fière. Car celle que j'ai enregistrée, j'ai mis deux jours à l'écouter et je commentais : "Aïe la note ! Et ça, et ça." Et si j'ai foiré, je vais rentrer la tête un peu baissée...

Mais quand même, on n'avait pas vu une telle mise en scène depuis un petit moment en France. On sent l'ambition côté délégation !
Oui, on a essayé d'aller un peu loin. J'ai fait la promesse d'amener le côté show à l'américaine. Moi on me donne une plateforme, et on me dit : "Tu peux y aller, tu peux t'amuser !". Ma maison de disques et France 2 étaient très motivés. Je veux vraiment aller au bout du truc. Les gens mélangent souvent le perfectionnisme et la prétention, mais c'est important pour moi d'être fière de mon travail. Là c'est un peu dur avec l'Eurovision, parce que c'est hors de ton contrôle, en un petit laps de temps tout doit aller très vite, et tu dois accepter parfois de faire de grandes concessions.

Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?
Souhaitez-moi d'être transcendée, et de faire pleurer l'Europe samedi soir. De tout donner, d'être toute nue sur scène. Au sens figuré hein ! (Rires)

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