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samedi 19 mars 2022 12:01

Kungs en interview : "Je fais de la musique positive, qui fait du bien et qui rassemble"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Nouvelle star de l'électro made in France, Kungs célèbre le retour à la "bamboche" avec son deuxième album "Club Azur", pensé comme une décharge d'insouciance et d'adrénaline après des mois difficiles. De sa collaboration avec Martin Solveig à son penchant pour le mouvement italo-disco, le DJ de 25 ans raconte la conception de son disque solaire au micro de Pure Charts.
Crédits photo : Island / Def Jam
Ton nouvel album se base sur le concept des soirées "Club Azur" que tu as lancé en pleine pandémie. Tu peux m'expliquer ce que c'est ?
C'est parti d'un délire pendant le confinement. J'étais chez moi et j'ai appelé un pote nommé Victor à la rescousse, un soir, qui s'est déconfiné de chez lui pour venir se confiner chez moi. Et on a fait un live sur Instagram où on jouait de la musique. Ça s'est éternisé, on a fait ça pendant cinq ou six heures. Et les gens interagissaient entre eux comme s'ils étaient dans un club. Et c'est comme ça qu'on a trouvé le nom "Club Azur", c'est resté. On a décidé de poursuivre ça dans une vraie discothèque à Paris, au Sacré, et c'était tous les samedis de 22h à 5h. On recevait des artistes, des DJs comme Bob Sinclar, Martin Solveig ou Lost Frequencies, mais aussi des humoristes et des gens du stand-up comme Roman Frayssinet et Alison Wheeler. On faisait des rubriques interviews et le thème c'était de proposer de la musique tout le temps, donc on jouait de la musique pendant des heures. Ça a duré 12 semaines : on interagissait en live avec les gens qui ne pouvaient pas se rassembler en vrai mais qui le faisaient virtuellement. Via Zoom, ils pouvaient se connecter avec leurs webcams et se filmer en train de danser chez eux ! On a réussi comme ça à fédérer des milliers de personnes toutes les semaines, et depuis on en a fait de vraies soirées "Club Azur". Le fil rouge, c'est toujours la bienveillance, le partage, tout le monde est le bienvenu et on s'amuse.

La pandémie a été un frein bizarre
Toi tu l'as vécu comment, à titre perso, cette période de confinement ?
Je ne l'ai pas très bien vécue avant de commencer à faire "Club Azur", justement. Je me suis senti tout de suite touché, ça fait un frein assez bizarre. Je suis habitué depuis maintenant cinq ans à tourner, à voyager dans le monde entier, à être tout le temps dans des avions. Et puis du jour au lendemain, c'était fini ! On ne savait pas si ça allait durer plusieurs mois, plusieurs années. A partir du moment où j'ai pu continuer à échanger avec mon public, c'est passé beaucoup plus vite parce que je me suis projeté en me disant que ce public-là, j'allais le retrouver dans de vraies soirées dans le futur. On s'est serré les coudes. Tout a pris sens et c'était beaucoup plus simple à vivre.

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Ce disque, c'est le retour à la bamboche. En le créant, tu l'as vraiment pensé comme une ode au déconfinement ?
Ouais, complètement. Je l'ai fait en plein confinement et avant ça, j'avais un autre album différent de prêt. C'était un disque beaucoup plus mélancolique, plus romantique, je voulais explorer de nouvelles choses. Je l'ai mis à la poubelle ! Pour me concentrer sur de la musique positive, qui fait du bien et qui rassemble les gens. C'était ça le message que j'avais envie de faire passer et je pense que c'est ce dont les gens avaient besoin et ont besoin en ce moment. J'ai fait "Never Going Home" et puis tout l'album derrière. Je me suis imaginé en train de le jouer devant des gens qui se réunissent au moment où c'était interdit de le faire.

Tu as vraiment jeté un album tout entier ?
Pour l'instant, il est de côté ! Je ne sais pas si je le ressortirais un jour. Peut-être dans plusieurs années mais pour l'instant, je l'ai vraiment mis de côté.

C'est le moment parfait pour faire la fête
Vraie question, pourquoi tu le sors en plein mois de mars et pas aux abords de l'été ?
Honnêtement, moi je voulais le sortir avant ! L'album est prêt depuis un petit moment déjà, mais entre temps, les clubs ont refermé, le Covid est réapparu et a refoutu la pagaille, je ne voulais pas du tout le sortir dans un contexte comme ça. Là, mars, le printemps arrive, les gens vont ressortir, il commence à faire beau... Je pense que c'est le moment parfait pour faire la fête. C'est ça qui nous a manqué, en tout cas moi c'est ce qui m'a manqué le plus. Je voulais arriver avec un album qui représente la fête à l'état pur, tout simplement.

Le single "Never Going Home'' a rencontré un énorme succès en France et dans le monde. Dans le milieu de l'électro qui repose beaucoup plus sur du live, avoir un tube qui passe en radio, ça ouvre des portes ?
A fond, ouais ! Ça ouvre énormément de portes. Déjà "This Girl", il y a six ans, m'a permis de rencontrer plein de monde, de faire de la musique avec des artistes incroyables, de voyager, de jouer ma musique aux quatre coins du globe. Quand tu sors un tube, tu as l'attention qui est évidemment plus portée sur toi, sur tes projets, donc tu obtiens plus de possibilités de collaborations par exemple. C'est comme ça que ça marche : quand tu as un morceau qui rencontre un petit succès, tu essaies d'en profiter pour débloquer de nouvelles opportunités professionnelles.

J'ai essayé au maximum de me détacher du succès de "This Girl"
Ça t'a rassuré, quelque part, de ne plus être cantonné qu'à "This Girl" ?
J'avoue que j'ai essayé au maximum de me détacher de ce premier succès. Il a été tellement immense et inattendu que c'est dur de reproduire la même chose. On parle du 7ème morceau le plus Shazamé de tous les temps, ça a été un raz-de-marée ! Je ne peux pas construire une carrière là-dessus et en même temps c'est mon tube, je l'adore et j'en suis fier. Je le mets dans une petite boite et j'en prends soin. Mais c'est vrai que ça fait plaisir, aujourd'hui quand je fais des interviews, de parler d'autre chose que "This Girl" et que je ne sois plus le gamin à qui il arrive un truc qu'il ne comprend pas ! (Rires) Là, c'est un choix de ma part, la musique que je fais je l'ai voulue et je suis fier d'avoir commencé à me constituer un catalogue.

Ça t'avait désarçonné, ce premier succès ?
C'était assez particulier. C'était un mélange de plein d'émotions, en fait. J'étais très jeune, je n'avais aucune expérience dans ce domaine, c'était le premier morceau que je sortais de ma vie... Personne n'est préparé à ça ! Et encore moins à 19 ans. C'était hyper kiffant et hyper grisant parce que j'ai vécu un truc que peu de monde a la chance de vivre, et en même temps, c'était tellement impressionnant que des fois ça me faisait un peu peur. Avec du recul, évidemment j'en suis super heureux. Ça m'a permis de me démarquer et aujourd'hui de continuer à vivre de ma passion. C'est une chance énorme. Il faut que j'en profite au maximum.

Martin Solveig, c'est le meilleur pour les toplines !
Sur "Never Going Home" et sur "Lipstick", tu as collaboré avec Martin Solveig qui assure la partie vocale. Comment vous vous êtes rencontrés ?
On se connait depuis un moment avec Martin. La première fois que je l'ai vu, c'était à la Foire aux Vins de Colmar. Le nom est un peu bizarre mais en vrai c'est un très bon festival, très sympa ! Quand j'ai sorti "This Girl", l'été suivant j'étais dans tous les festivals, tous les clubs, et avec Martin, on partageait souvent la même scène. Il est venu à ma rencontre et on s'est tout de suite super bien entendu. Ça fait cinq-six ans qu'on est potes, maintenant ! Il y a trois ans, j'ai rejoint son équipe de management donc on travaille ensemble, on se voit tout le temps, on est hyper proches. Quand je lui ai présenté le projet "Club Azur" et dit que je voulais faire danser les gens, il était super partant et donc la collaboration s'est faite très naturellement. J'avais la base des morceaux, on s'est mis en studio et on a commencé à imaginer une voix par dessus. Martin pour trouver des toplines c'est le meilleur, il a vraiment une vision pop de la musique. Il est très fort ! La phrase « And we are never going home » est partie d'un délire pour le déconfinement et finalement c'est resté. Mais à la base, Martin n'était pas très chaud pour qu'on garde sa voix...

Ah bon ?
Ouais ! C'était plus pour une démo qu'il s'est mis à chanter sur la piste. Je suis allé voir plein de chanteurs pour essayer d'utiliser une autre voix et en fait ça ne marchait pas du tout aussi bien qu'avec Martin. (Rires) Donc je suis retourné le voir et je lui ai dit : "Mec, il faut absolument qu'on garde ta voix sur le morceau". Je l'ai tanné et il a fini par accepter ! On a tout réenregistré pour la version finale et on l'a sortie comme ça.

Regardez le clip "Lipstick" de Kungs :



Qu'est-ce que vous avez en commun, tous les deux ?
On n'est pas vraiment de la même génération mais je sais pas, on se comprend sur notre manière de faire de la musique. Les messages qu'on a envie de revendiquer sont les mêmes. Inconsciemment, il m'a énormément influencé. Avec mes potes on était fan de Martin Solveig et j'écoutais sa musique quand j'étais ado. Il fait partie de mes références, il m'inspire beaucoup. Avoir sa voix sur mes morceaux aujourd'hui, c'est un truc de ouf.

Dans cet album, il y a une vraie unité dans le son avec cet hommage au mouvement italo-disco. Pourquoi s'y être intéressé ?
Tout me plaît dans l'italo-disco. Par rapport à ce qu'on vit, je voulais m'inspirer d'une période hyper colorée et festive. Les années 70-80, c'est la libération des moeurs, des clips complètement fous, une créativité sans limite, de la funk, du disco, tout ça mélangé. En plein confinement, au moment où on broyait tous du noir, j'avais envie de puiser dans cet âge d'or, que je n'ai pas connu certes mais qui était hyper positif. Ça a été bénéfique.

La dolce vita, moi ça me parle
L'Italie, ça représente quoi pour toi ?
Pour moi, les Italiens sont nos plus proches cousins. Je viens de la Côte d'Azur ! Les étrangers avec qui je m'entends le mieux ce sont eux parce qu'on a les mêmes références, le même état d'esprit, ce truc de la dolce vita, de vivre à la française, on se comprend là-dessus. Cette période en question que j'ai voulu recréer sur l'album, ce sont des grands romantiques qui font du disco modifié, avec des vidéos super langoureuses... Moi ça me parle ! Ça me fait marrer.

Tu as bossé avec les producteurs Boys Noize et The Knocks sur l'album, mais on ne trouve pas de collaborations vocales avec de grosses stars internationales. Pourquoi ?
Je pense que la période n'a pas aidé ! Ça fait un moment que j'ai envie de sortir un deuxième album et il fallait que je le fasse. Là on était dans un contexte très particulier, je n'ai pas eu la possibilité de rencontrer des artistes. C'est plus dur de communiquer avec des étrangers. J'avais plein de démos et je me suis dit, il faut que je les sorte maintenant, il faut que j'avance. Et donc j'ai fini les morceaux sans prendre le temps de voyager et aller à la rencontre d'autres artistes pour les faire bosser sur ces titres-là. Je préfère sortir un truc fait maison avec Martin et Boys Noize, que j'ai pu voir en vrai. Après les featurings, évidemment j'ai envie d'en faire mais je pense qu'il faut que ça ait du sens. Je vais le faire très bientôt !

Mon plus grand rêve ? Une résidence à Ibiza
Est-ce que tu es fier du chemin que tu as parcouru depuis "This Girl" il y a six ans ?
Bien sûr ! C'est vrai que c'est dur de regarder en arrière, parce qu'on a toujours envie de plus, on a toujours envie de mieux. On a toujours tendance à se comparer. Avec Instagram, c'est toujours mieux ailleurs ! Mais quand je prends deux minutes pour jeter un oeil dans le rétroviseur et mesurer mon parcours, ouais, je suis hyper fier franchement. Je viens de Toulon, je suis arrivé là-dedans je ne connaissais personne, personne ne m'a aidé. J'ai fait mon truc tout seul et aujourd'hui je suis entouré de gens que j'adore, avec qui j'adore travailler, je fais de la musique dont je suis fier, cet été je vais mixer dans des festivals incroyables. J'ai la chance de vivre de ma passion, parce que c'est une chance énorme. Plus je grandis, plus je m'en rends compte. Quand t'es jeune tu as la tête dans le guidon, tu ne percutes pas trop. Je vois des gens qui ont des métiers difficiles, dans lesquels ils ne s'épanouissent pas. Moi ce n'est pas mon cas. J'ai la chance de m'éclater, de faire danser les gens donc c'est un chemin incroyable et j'espère qu'il va durer encore.

C'est quoi le rêve le plus fou qu'il te reste à accomplir ?
J'ai plein de rêves, encore ! Mon rêve le plus dingue, c'est d'avoir une résidence à Ibiza. Je pense que ça, c'est vraiment un truc qui me ferait kiffer. Ibiza, c'est vraiment un rassemblement, un brassage de personnes des quatre coins du monde. Quand tu arrives à avoir une résidence à Ibiza, ça veut dire que les gens du monde entier te connaissent. Arriver à ça, c'est un objectif. Dans le milieu de l'électro, y'a Ibiza, y'a Las Vegas. Si j'arrive à avoir Ibiza et Las Vegas, ce serait ouf. On en reparle dans quelques années !

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