Eurovision

Crédits photo : Abaca
Chez France Télévisions, on y croyait dur comme fer. Il faut dire que les voyants semblaient au vert pour faire de 2023 l'année où la France pourrait enfin remporter à nouveau l'Eurovision : l'annonce du choix de La Zarra, en janvier, a suscité des réactions très enthousiastes à l'international et sa chanson "Evidemment", très disco-pop, s'affirmait comme l'une des propositions les plus fédératrices de cette édition du concours. Après les répétitions à Liverpool où la scénographie impressionnante de sa performance, comprenant une colonne de 5 mètres et des jeux de lumière éblouissants - a été divulguée, La Zarra est même grimpée troisième des pronostics chez les bookmakers. Alors forcément, la désillusion fut brutale lorsque la représentante tricolore échoua à la 16ème place du classement lors de la finale, le 13 mai dernier, avec 104 points. Loin, très loin derrière la grande gagnante Loreen et ses 583 points pour la Suède.

"On ne s'attendait pas à être aussi bas"

Au delà de cette contre-performance, c'est le geste malencontreux de La Zarra lors de l'annonce des points, en direct devant près de 200 millions de téléspectateurs européens, qui a mis le feu aux poudres. Son "toz", un signe culturel arabe à connotation négative, a été très mal perçu en France, où beaucoup n'y ont vu qu'un simple doigt d'honneur. Marie Myriam, la dernière chanteuse à avoir fait triompher la France en 1977 avec "L'oiseau et l'enfant", s'est dite « choquée » par ce « geste vulgaire ». « Quelle honte ! Je suis extrêmement déçue car cela n'est juste pas possible. Elle a fait ce geste assise dans un fauteuil avec des drapeaux français derrière elle. La France ne mérite pas cela » a-t-elle tancé. Une « réunion de crise » a même eu lieu au lendemain de l'Eurovision pour gérer la tempête médiatique, selon l'animateur Stéphane Bern.

Pour France Télévisions, la défaite est encore difficile à digérer. Dans un entretien accordé à Télé-Loisirs, Stéphane Sitbon Gomez, le directeur des antennes et des programmes du groupe, affiche encore son dépit, un mois après l'événement. « Nous sommes évidemment déçus par le résultat de cette année et par l'attitude qu'a eue La Zarra après avoir passé plusieurs mois à la soutenir et à la promouvoir » indique-t-il au magazine, en confirmant à demi-mot les bruits de couloirs sur les "caprices de diva" de la chanteuse québécoise. Ce revers a été une vraie gifle pour la délégation. « L'Eurovision n'est pas une science exacte, mais on ne s'attendait pas à être aussi bas dans les résultats » concède l'homme de télévision, qui veut encore y croire malgré tout : « On sait qu'on peut mieux faire. On garde l'objectif fixé par Delphine Ernotte qui est de gagner l'Eurovision ».

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La décision de choisir La Zarra sans consultation du public, par le biais d'une émission comme "Eurovision France, c'est vous qui décidez", a aussi été beaucoup critiquée. Ce dispositif, qui permet aux Français d'élire son ou sa représentante, reviendra-t-il pour l'édition 2024 de l'Eurovision ? « On se pose la question » révèle Stéphane Sitbon-Gomez, qui n'y voit pourtant « pas de corrélation ». « Barbara Pravi avait fini 2ème en 2021 et Alvan & Ahez, avant-derniers en 2022. Il y a la question du choix, mais ce n'est pas la seule. Cela fait 45 ans qu'on perd. On a tenté sans succès toutes les combinaisons donc ça signifie qu'il y a des raisons plus profondes pour lesquelles un artiste français n'arrive pas à convaincre le public européen... » conclut-il, en sous-entendant que la dimension politique du concours, et donc le regard de la France à l'étranger, est une donnée qui ne joue pas en notre faveur.