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mercredi 14 décembre 2022 12:15

"Ce ne sont pas que des mots" : menacé de mort, Eddy de Pretto parle pour la première fois

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
La justice a tranché en faveur d'Eddy de Pretto, avec la condamnation de 11 personnes l'ayant harcelé et menacé de mort. Pour la première fois depuis le procès, le chanteur sort du silence dans Mediapart pour raconter le calvaire qu'il a vécu, militant en faveur d'une meilleure formation de la police sur la question du cyberharcèlement.
Crédits photo : YouTube
Fin du calvaire judicaire pour Eddy de Pretto. Lundi 12 décembre, le tribunal correctionnel de Paris a condamné 11 personnes ayant harcelé et menacé le chanteur sur les réseaux sociaux en juin 2021, à la suite d'une performance artistique donnée dans une église. Resté silencieux durant toute la durée du procès, l'interprète de "Freaks" s'est exprimé pour la première fois sur cette affaire dans l'émission "A l'air libre" sur Mediapart. Pourquoi ne pas avoir pris la parole plus tôt ? « Je ne voulais pas qu'on m'accuse d'utiliser ce procès pour mon image, que ce soit une histoire de buzz. Je voulais précisément utiliser ma parole une fois le verdict tombé pour pouvoir expliquer pourquoi j'ai fait cette procédure et quelle était la motivation pour la cause générale » a confié Eddy de Pretto en préambule de ce long entretien.

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"Des menaces de mort, des attaques homophobes..."


Le chanteur a tenu à le préciser, le concert qu'il a donné dans l'église Saint-Eustache à Paris le 17 juin 2021, dans le cadre du festival "Qui va piano va sano", s'était déroulé dans la bienveillance générale : « Pour moi, le rôle de l'artiste est de soulever des questions et celle de l'homosexualité dans l'église en fait partie. L'invitation de l'église Saint-Eustache, je l'ai pris pour une main portée vers moi pour discuter ». Ce n'est que le lendemain, lorsqu'il a partagé sur Instagram le replay de sa prestation musicale, que le cyberharcèlement a commencé. « Pendant 4-5 jours, je me suis pris des raids de la part de groupes de gens qui ont commencé à lancer énormément de messages sur les réseaux. Ça va être des menaces de mort, des attaques homophobes, des discriminations sur mes prises de position, des liens avec le racisme au plus large, des choses assez violentes, assez flippantes » a-t-il détaillé face aux journalistes Mathieu Magnaudeix et David Perrotin : « Ma grande peur, c'était que ça puisse arriver véritablement. Certains disaient connaître mon adresse, d'autres parlaient de me trouver là où je faisais des dédicaces. C'était des messages toutes les minutes. J'ai reçu 3.000 ou 4.000 messages. (...) Ça en a fait disjoncter certains. Mais ce ne sont pas que des mots ».

"Il fallait que je fasse entendre ma voix"


Dans ce climat anxiogène, Eddy de Pretto a alors perdu le sommeil et été forcé d'engager un garde du corps pour assurer sa sécurité. Il dit avoir hésité à se rendre au tribunal pour faire face à ses détracteurs : « Personne n'a envie de voir le visage des gens qui vous ont menacé de mort et traité de tous les noms, mais il fallait que je fasse entendre ma voix personnelle et celles de ceux qui ne peuvent pas se défendre ». Le verdict rendu en sa faveur est pour lui « une forme de satisfaction ». « Je suis content de voir que la justice répond en ce sens pour le cyberharcèlement et contre les discriminations. On est un peu au début de cette ère-là. Comment on gère ces commentaires, ces flux ? Aujourd'hui, on a des réponses. C'est un grand message que la justice française a voulu passer. (...) Non, la justice ne fait pas rien » a-t-il souligné à Mediapart, déplorant néanmoins que les plateformes comme Instagram, Twitter ou YouTube « ne se sont pas du tout positionnées » en se constituant, par exemple, parties civiles.




"Il est possible de changer notre société"


Le chemin est encore long, estime toutefois Eddy de Pretto. Le musicien a notamment pointé du doigt des lacunes dans la formation des agents de police face aux cas de cyberharcèlement. « Beaucoup expriment qu'on n'a pas d'armes, qu'il n'y a pas de réaction face à la haine en ligne. Il faut amener une pédagogie par rapport à ça, au niveau des instances politiques et judiciaires » a-t-il affirmé, en prenant pour exemple les questions qu'on lui a posées à la barre : « Au procès, à plusieurs reprises, le juge m'a demandé comment ça se passait Instagram, il m'a demandé de lui expliquer une story. (...) Plus on aura éduqué notre justice à voir ce qu'il se passe sur les réseaux sociaux, plus on arrivera à nos fins, c'est-à-dire moins de violence et de haine ».

Aussi, Eddy de Pretto encourage les victimes de harcèlement en ligne à déposer plainte. Même si le processus « peut être un monument quand on voit toutes les démarches qu'il y a à faire », il estime que chaque procédure sert à mieux sensibiliser sur ce mal qui détruit des vies : « Je pense qu'il faut aller porter plainte quand on le peut, c'est très difficile mais on a besoin de toutes ces petites pierres-là pour avancer, pour montrer que c'est possible de changer notre société ». L'artiste espère que son procès soit perçu comme une touche d'espoir : « Ça montre qu'il est possible de porter plainte, que les démarches se font de mieux en mieux et qu'elles sont de plus en plus écoutées, même concernant les réseaux sociaux ».

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