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Dalida : Orlando en interview pour les 35 ans de sa mort, "Elle était avant-gardiste"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Dalida nous quittait il y a 35 ans déjà. C'est d'ailleurs le nom que porte le coffret inédit, disponible cette semaine et renfermant une nouvelle version de "Mourir sur scène". Sa mission de faire vivre sa soeur dans l'actualité, son image intemporelle, leurs souvenirs et les projets : son frère et ancien producteur Orlando se confie en interview sur Pure Charts !
Crédits photo : Montage Pure Charts
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Le coffret "Dalida, 35 ans déjà" vient de sortir. C'est vous qui en êtes à l'initiative ?
Tout ce qui concerne Dalida, j'en suis, et ce n'est pas prétentieux de le dire, à l'initiative. Je fais mon travail aujourd'hui comme quand elle était parmi nous. Je laisse le soin de ça à personne mais, après, c'est un travail d'équipe, en accord avec la maison de disques. Nous avons d'excellents rapports ! Mais c'est moi qui ai eu l'idée oui.

Vous aviez envie de marquer le coup pour les 35 ans de sa disparition ?
Oui, et je le fais tous les cinq ans. J'ai pris l'habitude, depuis qu'elle est partie, de trouver des idées pour commémorer son départ, tous les cinq ans. Il y a eu la sortie du film en 2016, puis l'exposition au Palais Galliera. Cette année, il y aura l'émission phare "Hôtel du temps". Ce sera une première à la télévision ! L'émission passe sur France 3 la veille de son départ. Je pense que ça va être une révolution, c'est bluffant. C'est osé mais formidable. Et le coffret, comme on le dirait pour un spectacle, ça vaut le détour !

C'était une avant-gardiste Dalida
Qu'avez-vous voulu apporter au public avec ce coffret ?
En dehors des CD avec les chansons emblématiques en français, il y a un best of de sa carrière internationale, le DVD du documentaire "Dalida pour toujours" réactualisé et remastérisé, et des vinyles qui reviennent à la mode. A son époque, c'était la Reine du vinyle. C'est vrai, un sondage paru a révélé qu'elle était l'artiste féminine, et Aznavour pour les hommes, qui a marqué le marché du vinyle. Et sans oublier qu'il y a le livret qui est une merveille. C'est fait avec beaucoup d'amour j'espère, avec des photos magnifiques qui représentent la diversité de ce qu'elle a fait, de ce qu'elle a représenté. Que ce soit du point de vue artistique, vocal ou physique, c'est une Dalida intemporelle. Quand on voit les photos, on dirait qu'elle est sortie du studio la semaine dernière.

C'est important de faire vivre son répertoire ? C'est comme une mission ?
Absolument ! Et la traiter au présent. C'est pour ça qu'elle est si présente au quotidien, dans la presse, en radio ou à la télévision. Je l'ai toujours traitée au présent depuis qu'elle est partie. C'était une avant-gardiste Dalida, elle était moderne à une époque qui ne l'était pas encore. Aujourd'hui, je lui fais profiter de toute la technique que la génération actuelle a à sa disposition. J'ai été le premier à faire des remixes - et après tout le monde l'a fait ! - pour que la nouvelle génération redécouvre les chansons qu'ils ont aimées par leurs grands-parents ou leurs parents, avec une vision et une écoute modernes.

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Comment vous expliquez que Dalida soit toujours une icône, 35 ans après sa disparition ?
Si Dalida est devenue une référence pour la nouvelle génération, c'est parce qu'elle a une telle diversité dans son répertoire, un tel métissage de styles. Au départ de sa carrière, ça agaçait un peu tous ces styles qu'elle faisait mais aujourd'hui c'est peut-être le moteur de sa longévité. A chaque époque, il y a un morceau de Dalida qui correspond. Vous savez, au cinéma, on a vu avec la maison de disques que Dalida est l'artiste la plus employée ! Il y a 45 films qui contiennent au moins une ou plusieurs chansons de Dalida. Regardez, le dernier "James Bond" qui contient "Dans la ville endormie". Et la dernière campagne de Ralph Lauren, c'est Dalida qui chante "Ciao ciao bambina". Et ce n'est pas terminé ! Sur Netflix, il y a trois films actuellement où on entend Dalida, et sept autres vont arriver et ils contiendront au moins un titre de Dalida, c'est incroyable ! Ce qui me fait le plus plaisir c'est quand les chanteurs de la nouvelle génération reprennent les chansons de Dalida, dans les émissions ou dans leurs projets. C'est merveilleux ça !

On était très fusionnels
C'est difficile de faire les bons choix maintenant qu'elle n'est plus là ?
C'est difficile, oui et non. Ça remonte à longtemps mais j'ai pris la destinée de sa carrière en 1966, en devenant son directeur artistique chez Barclay, et en 1970 on a formé notre production indépendante. On était les premiers producteurs indépendants de l'histoire en France ! Aujourd'hui, tout le monde s'auto-produit. En réalité, je continue à faire ce que j'ai toujours fait pour elle. On était très fusionnels, elle l'a dit elle-même que je la comprenais très bien, et donc je sentais, même du côté répertoire, ce dont elle avait besoin. Après, le choix définitif c'était elle qui le prenait, c'est normal, c'est elle qui le défendait après. Donc ce n'est pas une difficulté pour moi de continuer mon travail pour elle. Et j'essaie, comme je le disais, de lui faire profiter de toute la technique moderne.

Le coffret contient une nouvelle version de "Mourir sur scène". Pourquoi ?
Ce titre est devenu, surtout depuis qu'elle est partie, iconique, si j'ose dire. C'était merveilleux mais c'est une orchestration qui correspondait à l'époque où elle était encore parmi nous. A ce moment-là, avec l'arrangeur, on ne voulait pas lui donner un ton trop grave, c'est pour ça qu'il y a cette rythmique entraînante, presque disco, en contradiction avec le texte. C'est la chanson qui est la plus reprise de Dalida et il y avait un manque chez moi... Je trouvais que le texte n'était pas assez bien servi. Donc j'ai appelé un ancien arrangeur, Sandro, qui a une fibre très sensible et avec qui on a toujours bien travaillé. Je voulais que la chanson démarre de manière confidentielle, qu'on la laisse s'exprimer sans trop l'étouffer par l'orchestration, pour que le texte prenne toute sa valeur, sa puissance. Et c'est simplement au moment du refrain que je voulais que ça devienne un feu d'artifice avec une rythmique qu'on appelle aujourd'hui urbaine, avec ces passages de flûtes que certains disent orientaux mais ce n'était pas voulu. Franchement, c'est une très grande réussite.

Tout ce qu'elle a enregistré, on l'a sorti
Pourquoi il n'y a pas d'inédits ? Vous n'en avez pas ou vous en gardez pour plus tard ?
Ça fait un moment que Dalida est partie... Dalida, et moi-même, car c'est moi qui la produisais, on avait l'habitude de tout sortir. Contrairement à d'autres artistes, tout ce qu'elle a enregistré pratiquement, on l'a sorti. Quand quelque chose ne lui allait pas, ou qu'elle nous disait "Non ce n'est pas pour moi", on avait l'habitude d'effacer. On ne voulait pas laisser des choses traîner. Mais il peut y avoir des trouvailles parfois, comme sa reprise de "La mamma". Je l'ai trouvée après qu'elle soit partie. Elle l'avait enregistrée pour une émission des Carpentier pour faire une surprise à Charles Aznavour, sauf qu'il n'a pas pu venir finalement donc la chanson est tombée dans les oubliettes. Quand on cherchait dans les bandes, on l'a retrouvée, on a fait une nouvelle orchestration et on l'a sortie. Le peu qu'on avait d'inédits sont déjà sortis.




Quelle est votre chanson préférée de Dalida ?
On me pose souvent la question, et comme elle a enregistré pratiquement 1.000 chansons, dont 500 en français, je ne peux pas en citer qu'une ! (Rires) Je vais toujours par trois : sur la première période, ma préférée c'est "Gondolier". Dans la période des grandes chansons, c'est "Mourir sur scène", et pour l'époque disco, j'aime beaucoup bien sûr "Laissez-moi danser". Ce sont trois références très différentes. Et j'ai un faible aussi pour "Gigi l'amoroso", numéro un mondial à l'époque !

On ne peut pas résumer Dalida, elle savait tout faire
Vous écoutez souvent ses chansons ?
Je n'ai pas besoin de chansons pour me rappeler d'elle mais par la force des choses, quand il y a un événement ou alors une compilation qui sort, je les écoute forcément pour vérifier que le travail a été bien fait : la gravure, le mastering... Automatiquement, je les écoute et ça me fait plaisir. Mais je ne vais pas le chercher car périodiquement, je vis avec.

Ça vous rend triste ou...
Je ne vous laisse même pas finir votre question ! (Rires) Au contraire, c'est un plaisir, c'est une merveille ! C'est une nostalgie positive et ça me fait penser à tout ce qu'on a vécu à cette époque-là. J'ai de très nombreuses anecdotes et parfois, des souvenirs moins bons aussi ! Mais cette nostalgie positive, ça nous sert à accepter le présent et nous propulser dans l'avenir.

Quand vous pensez à elle, quels souvenirs avez-vous tout de suite en tête ?
C'est un tout Dalida. D'un point de vue artiste et femme. Elle a d'ailleurs chanté "Je suis toutes les femmes" ! Artistiquement, elle a touché à tout. Elle passait avec une facilité déconcertante de "Je suis malade" à "Salma Ya Salama", à "Gigi l'Amoroso" à "Laissez-moi danser", ou de "Avec le temps" à "Il venait d'avoir 18 ans". On ne peut pas la résumer ! C'est pour ça qu'il y a d'ailleurs une école de la voix qui va ouvrir, un peu comme l'Actor's Studio à New York, et qui va s'appeler Dalida Institute parce que c'est une artiste complète. Elle savait tout faire !

Quels sont vos projets autour du répertoire de Dalida ?
Il y a eu déjà le film, le documentaire, l'exposition Galliera... Pour l'instant, je vis les 35 ans, mais il y aura du temps pour réfléchir aux 40 ans. Le temps que je respire un peu quand même ! (Rires)

Et une comédie musicale, c'est en projet ?
Il y a eu une comédie musicale au Canada, qui a eu beaucoup de succès là-bas mais je n'ai pas trouvé nécessaire de la faire venir en France parce que je ne sais pas si c'est adapté à notre public. Je ne sais pas... Vous savez, il y a eu trop de choses faites, avec les films qui sont sortis et puis Dalida est encore tellement présente, donc je ne sais pas... A un moment, on est venu me voir pour faire une comédie musicale mais le projet est tombé à l'eau. Je n'ai pas essayé de le relancer. Pourquoi pas un jour peut-être mais ce n'est pas pour tout de suite.
Plus d'infos sur Dalida sur son site officiel et/ou sa page Facebook.
Ecoutez et/ou téléchargez la discographie de Dalida sur Pure Charts.

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