Christine and the Queens

Crédits photo : Bestimage
Christine and the Queens est de retour avec l'excellent album "Paranoïa, Angels, True Love" conçu comme un véritable opéra musical en trois parties. Emmené par les singles "To be honest" ou "Tears can be soft", l'album voit l'artiste collaborer avec Madonna et la rappeuse 070 Shake. Tout en reprenant son nom de scène original, le chanteur préfère tout de même qu'on l'appelle Red dans son quotidien. « Même mon père a du mal ! Tel le pharaon, je m'imagine cinq noms. Il y a Christine and the Queens, mon nom d'artiste, puis mon nom sacré, mon nom définitif, mon nom que je ne peux pas utiliser maintenant mais que j'utiliserai une fois passés mes quarante ans - Rahim -… Aujourd'hui, le nom que j'aime bien c'est "Red", le diminutif de "Redcar". Redcar c'était moi, mais poussé dans une saturation de couleurs » confie-t-il dans une interview pour Numéro : « B*rdel de m*rde ! Qu'est-ce que je dois faire pour qu'on le comprenne ? Me mettre à poil ? Je peux, si vous voulez. J'y ai pensé pour ce nouvel "opéra" d'ailleurs ».

"J'ai vraiment pensé à arrêter de vivre"

Ce qui est sûr, c'est que depuis plus d'un an, Christine and the Queens milite pour qu'on le genre désormais au masculin. L'idée trotte dans sa tête depuis les débuts de sa carrière, bien avant qu'il cartonne avec son premier album "Chaleur humaine". « Avant de commencer à faire de la musique, j'ai vraiment pensé à arrêter de vivre, parce que je ne comprenais pas pourquoi j'étais né dans ce corps. J'ai ensuite dessiné ce personnage de Christine qui m'a libéré une première fois, mais de façon imparfaite, car je n'étais pas complètement autorisé à être là en tant que personne » indique le chanteur dans les colonnes du Monde.

On se souvient, sur son premier album, de la chanson "Half-Ladies" ou des paroles « I'm a man now » ou « She wants to be a man » sur "iT". Mais la mort de sa mère en 2019 a été un véritable électrochoc dans sa vie privée et professionnelle : « Le fait de me comprendre en tant qu'homme a libéré ma voix. Mon registre est désormais plus fidèle à qui je suis, je me sens plein de moi-même ». Aujourd'hui, "Red" dit vouloir « chanter avec le coeur » à la façon de Freddie Mercury : « Cela donne une texture à l'interprétation, une exquisité à la voix et à des mélodies enrichies de complexité harmonique ».

"Quand j'ai acté que j'étais un homme, j'avais beaucoup de réflexions qui me disaient de me faire interner donc j'étais là, bon, écoutez, la question s'est posée à un moment. Et, la vérité, c'est que ça sert à rien. Je serai plus productif dehors." https://t.co/K4uXRsmr2Y

— Sandra Onana (@SandraOnana) June 9, 2023

"J'ai eu beaucoup de réflexions..."

Pourtant, l'annonce de son changement de genre a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Celle-ci étant plutôt négatives, de l'ordre de la critique ou de la moquerie, voire même des commentaires transphobes. Ce que l'artiste de 35 ans reconnaît dans les colonnes de Libération : « Quand j'ai acté que j'étais un homme, j'avais beaucoup de réflexions qui me disaient de me faire interner donc j'étais là, bon, écoutez, la question s'est posée à un moment. Et, la vérité, c'est que ça sert à rien. Je serai plus productif dehors ». Au lieu de « battre en retraite », l'interprète de "A day in the water" a préféré « réaffirmer [sa] fantaisie ».

Pour Le Monde, Christine and the Queens précise que ce changement n'est pas une façon de créer le débat. Au contraire, le chanteur préfère affirmer haut et fort qui il est, peu importe les critiques : « Il y a peut-être quelque chose chez moi, dans ma recherche de liberté, qui déclenche ce type de réactions. Je ne cherche pas à provoquer, mais à être une belle personne, un artiste audacieux. Peu de gens savent, par exemple, à quel point il peut être douloureux d'être dissocié de qui on est vraiment. Cela fait dix ans que j'en parle dans mon art, mais une partie de ma vie restait un mensonge. Il faut comprendre que je suis un homme de parole ». Voilà qui est dit !