Booba

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Le grand jour est arrivé pour les ratpi, nom donné aux fans de Booba. Le légendaire rappeur de 47 ans dégaine "Ad Vitam Aeternam", le 11ème album studio solo d'une carrière débutée il y a maintenant plus d'un quart de siècle et qui l'a érigé comme l'artiste ultime du hip-hop français, au point d'en devenir le visage, si ce n'est même son incarnation auprès du grand public. Ce nouvel effort, annoncé lundi à la surprise générale, n'aurait jamais dû voir le jour. En effet, lorsque B2O avait dévoilé "Ultra" en 2021, il avait alors certifié qu'il s'agirait de son ultime album. Seulement voilà, après plusieurs salves de singles ayant rencontré des succès divers, le rappeur a décidé de reprendre le micro et de retourner en studio pour un nouveau projet à part entière, dont il a révélé la tracklist ces derniers jours, comme pour signifier à tous ces concurrents le pilier qu'il est et restera.

Du grand B20

Le temps de dix titres, dont sept inédits puisque les morceaux "Sport Billy", "Signé" et "6G" avaient déjà été mis en ligne sur les différentes plateformes de streaming ces derniers mois, Booba vient reprendre son trône laissé vacant et en profite pour rappeler à tout le monde le formidable technicien de la plume qu'il est. « Le rap français c'est oim, ils devraient tous m'appeler papounet » lâche-il à ce sujet avec un egotrip toujours prégnant. Sur "Ad Vitam Aeternam", on retrouve autant des titres qui laissent la part belle à un kickage violent pour littéralement ciseler les productions ("Rebel"), mais aussi des pistes plus mainstream d'une efficacité redoutable, à l'instar de "Saga" ou de la surprenante outro "CVBSP". Un épilogue au BPM frénétique qui n'est pas sans rappeler les sonorités de la scène marseillaise portée par Jul, son porte-drapeau depuis une décennie.



Pour Booba, c'est aussi là une opportunité unique d'offrir une formidable vitrine à plusieurs artistes signés sur son mythique label 92i. À commencer par SDM, le plus célèbre poulain de son écurie, avec qui il s'associe pour une piste exceptionnelle, "Dolce Camara", qui nous replonge immédiatement dans l'époque dorée de la trap hexagonale, durant laquelle il avait brillé avec "Nero Nemesis" (2015), l'un de ses disques les plus mémorables, avec au passage une punchline sur Demdem, la compagne de Gims. Déjà le meilleur featuring de 2024 ! Mais les autres morceaux avec différents membres de son roster ne sont pas en reste : le bouillant "GM" avec son fidèle acolyte Gato et le méconnu rappeur martiniquais Evil P - seul artiste de l'album à ne pas faire partie de sa structure, le sombre "Abidal" avec Sicario (et une pique gratuite pour Kylian Mbappé) ou encore le mélodieux "Bénigni" avec Usky, valent eux aussi le détour.

Le début d'une nouvelle ère ou la fin d'un chapitre ?

Peut-on cependant dire que "Ad Vitam Aeternam" est un véritable album en tant que tel ? Car sur ce format bien précis, Booba a habitué les auditeurs à des oeuvres plus denses et avec une matière peut-être plus propice à durer dans le temps, avec notamment de nombreux classiques absolus du rap français à la clé ("Temps Mort", "Ouest Side"). Il se contente ici de 28 minutes d'écoute. De quoi laisser présager l'arrivée d'une deuxième partie ou d'une suite à ces titres ? On en rêve déjà ! Reste à voir si ce nouveau disque est synonyme d'une officialisation de sa sortie de retraite qui l'amènera à offrir à son public de nouveaux projets par la suite ou s'il s'agit seulement d'un opus isolé, qui serait donc le dernier de sa discographie. Au vu de sa forme actuelle sur "Ad Vitam Aeternam", on peut douter de la seconde éventualité. Dans tous les cas, son héritage au sein du rap français, lui, sera toujours éternel.