Bilal Hassani

Crédits photo : France 5
Ce mercredi soir, Bilal Hassani aurait dû reprendre sa tournée dans l'ancienne église Saint-Pierre-Aux-Nonnains, à Metz. Mais face aux menaces venant des mouvances catholiques et traditionnalistes locales, menaçant la bonne tenue du show, le chanteur a préféré annuler le concert à quelques heures de l'événement. Il s'en est expliqué ce mercredi soir dans "C à vous" face à Anne-Elisabeth Lemoine. « Ils n'avaient pas envie que je monte sur scène » témoigne Bilal Hassani, déçu de ne pas pouvoir présenter son nouveau spectacle : « Là où au début, j'avais l'intention d'aller au bout, il m'arrivait plusieurs fois de recevoir des menaces et je me suis toujours porté le plus courageux possible, là ça commençait à être inquiétant, surtout pour mon public ».



Son concert a donc été annulé par précaution en raison d'un appel au rassemblement qui aurait eu lieu tout autour de l'église désacralisée de Metz, mais aussi dans les rues de la ville. Le collectif à l'origine de la polémique estime les concerts de Bilal sont « pornographiques ». « Je ne fais pas de la pornographie, je danse, je chante sur scène depuis toujours » rétorque Bilal Hassani, qui assure que ses concerts sont un espace pour tous : « Tout le monde peut venir à un concert de Bilal Hassani. On a voulu faire cette tournée dans des lieux atypiques. Ça n'a jamais été mon intention de provoquer ».

"C'est parce que c'est moi et c'est désolant"

L'incompréhension du chanteur vient surtout de la levée de boucliers contre son show, alors que cette ancienne église est désormais « un lieu qui accueille des expositions et des concerts depuis très longtemps » : « C'est un lieu public et culturel qui accueille des shows tout le temps, et on n'en parle jamais ». Malgré tout, Bilal Hassani n'est pas dupe : « Je comprends très bien la mission derrière tous ces messages et ces menaces, c'est parce que moi, et c'est désolant ». Ainsi, l'interprète de "Roi" « commence à être un tout petit peu fatigué » d'être incessamment la cible de critiques homophobes : « Ça fait quatre ans que je suis exposé, mais je reste un être humain, j'ai 23 ans. Ça fait beaucoup à porter sur mes épaules. (...) Quand ça va se calmer, je vais retrouver mon public ». Pour lui, ce début de tournée a été « gâché » : « J'ai l'impression qu'on n'avance pas trop. Parfois, on a l'impression de voir des belles choses arriver, et d'un seul coup on recule et ça fait peur ».

🎵 "Laissez-moi danser" par @iambilalhassani en live dans #CàVous 🎵 pic.twitter.com/GFb4qIk3hL

— C à vous (@cavousf5) April 5, 2023

Malgré tout, Bilal Hassani a reçu le soutien de la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, tandis que l'association Stop Homophobie annonce porter plainte après cette polémique : « C'est rassurant tout ce que j'entends depuis ce matin. Il y a un combat pour la culture, l'art et je suis fier de pouvoir rester debout, et de continuer de chanter et de danser ». Symboliquement, Bilal Hassani a fini la soirée en reprenant "Laissez-moi danser" de Dalida dans une version sobre et intime à la guitare. « Laissez-moi danser, chanter en liberté / Tout l'été / Laissez-moi danser / Laissez-moi / Aller jusqu'au bout du rêve » : les paroles du tube disco de la chanteuse italienne ont donc pris une toute autre signification sur le plateau de "C à vous", devant ainsi un appel à laisser Bilal Hassani s'exprimer aussi librement que possible. Symbolique et nécessaire.