samedi 09 mars 2024 12:28
Barbara Pravi en interview : "Si le succès avait été plus fort, je n'aurais pas tenu"
Par
Julien GONCALVES
| Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Barbara Pravi est de retour avec le single disco "Bravo", avant un deuxième album qui s'annonce plus à son image. En interview sur Purecharts, la chanteuse se livre sur son premier disque, l'après Eurovision et le vide, le succès de "Voilà" ou encore ses nombreux rêves. Rencontre avec une artiste sans tabou, bien dans ses baskets !
Crédits photo : Laura Gilli
Propos recueillis par Julien Gonçalves. Quel bilan fais-tu de ton premier album "On n'enferme pas les oiseaux" ? J'y ai vachement réfléchi. Pour faire le deuxième, j'ai réécouté mon premier album pour faire un état des lieux, regarder ce que j'aurais pu mieux faire. Je ne l'avais pas écouté depuis longtemps car quand je le jouais sur scène, c'était très différent, il était très vivant. J'ai été d'abord étonnée, car je l'ai trouvé très feutré. Et hyper spécial ! Sur le moment, je ne m'en rendais pas compte. Mon premier album était très spécial Je t'avoue que quand je l'ai écouté la première fois, j'ai été un peu... déstabilisé.Mais oui ! Je suis tout à fait d'accord. Je ne m'en rendais pas compte. Et j'étais aussi dans le rush de l'Eurovision, de la suite... Je suis hyper contente de cet album, je le trouve beau, poétique mais très spécial. Là, j'ai envie de faire quelque chose plus ouvert, plus accessible, plus chansons, plus pop, plus coloré, plus joyeux. Mais ce côté spé, il fait partie de toi aussi... Tout est un peu inconscient, mais avec du recul, je pense que j'avais envie de marquer quelque chose. C'était la fin de cette époque où... J'avais eu beaucoup de doutes, pendant des années je n'étais pas sûre de la musique que je voulais faire. Ce disque marque la fin de ça. Maintenant, il m'a emmenée sur les routes du monde entier. J'ai une gratitude infinie pour tout ce que m'a apporté ce disque, mais c'est vrai que je me demande comment j'ai pu faire un disque aussi spé. "Voilà" a été LE tube de l'album. Il a d'ailleurs cannibalisé les autres singles... Oui mais ça, c'est pas grave ! D'abord, je m'y attendais, donc je ne suis pas du tout déçue. A la sortie de l'Eurovision, je me suis dit : "Comment tu fais durer le truc pour que ce ne soit pas un coup de projecteur qui s'efface ?" Je m'en fiche qu'il n'y ait pas eu d'autres gros singles, ce qui compte c'est que ça a continué. Et ça, ça me rend super heureuse. Les gens sont venus me voir en concert... Alors peut-être qu'ils sont venus pour "Voilà", mais au moins ils ont découvert l'album, et je sais que ça leur a plu. Les gens étaient hystériques avant que je chante "Voilà" puisque je la chantais en dernier. Comme ça ils étaient obligés de rester jusqu'à la fin. (Rires) Il faut une chanson qui porte ton album. Bien sûr que si c'est encore "Voilà" qui amène les gens à venir découvrir mon nouvel album, je serai un peu plus emmerdée... En même temps, franchement, ce ne serait pas bien grave. Oui et c'est déjà un énorme cadeau ! Qui peut se dire : "J'ai fait une chanson qui est tellement forte que, trois ans après, elle est encore reprise ?". Et pour en faire d'autres, j'ai toute la vie. J'espère que je suis en train de bâtir une carrière, on verra dans dix ans. Donc je suis hyper reconnaissante ! Après l'Eurovision, j'étais vraiment HS J'ai lu que tu avais dû retrouver l'envie pour ce nouvel album. Tu as tout coupé pour prendre du recul ?Je suis allée faire mon potager ! (Rires) J'avais plus rien à raconter, j'ai pris le temps que les chansons reviennent à moi. A un moment donné, tu vois un truc ou tu parles à quelqu'un, et il y a quelque chose qui te vient... Mais j'étais vraiment HS. Tu finis une période où tu as vu tellement de gens, tu as fait tellement de choses, et d'un coup tu es toute seule face au vide. C'est bizarre à appréhender. Je le voulais tout ça mais le contraste est archi violent. Tu te poses mille questions : "Qu'est-ce que je vais devenir ?", "Comment je vais payer mon loyer ?", "Comment je fais faire mon deuxième album ?"... Je voulais surtout que ce soit sincère. Le player Dailymotion est en train de se charger...
Quel a été le déclic pour le texte de ton nouveau single "Bravo" ? Je ne pensais pas garder ce texte. Je l'ai vraiment écrit pour moi car j'ai eu une grosse déception amicale. Et après l'Eurovision, rien n'était jamais assez. On me disait "Tu es que deuxième", "Tu n'as pas vendu assez"... Qui te disait ça ? Oh bah tout le monde, que ce soit l'entourage ou les patrons de label de l'époque... A un moment donné, c'est devenu hyper épuisant. Je me suis dit : "Mais putain, il n'y a pas un monde où on peut me dire que c'est super et que tout va bien ?" Cette espèce de course à toujours plus... Je suis trop contente pour Zaho (de Sagazan, ndlr) que j'aime infiniment, mais je suis contente de ne pas avoir gagné 4 Victoires de la Musique parce qu'à un moment donné, tu te retrouves avec tout ça, et c'est quoi la suite ? Elle va avoir une suite incroyable, j'en suis sûre. Mais plus tu as, plus ces questions t'habitent, et plus tu veux autre chose. Mais vraiment, tu fais quoi après, si tu as tout sur le premier album ? Ce ne sont pas les artistes qui changent Le succès te fait peur ?Ça m'aurait fait peur que ça pète d'un coup. C'est pour ça que je suis contente d'avoir été deuxième à l'Eurovision. Ça a pété et ma vie a changé, mais si ça avait été encore plus fort que ça, je n'aurais pas tenu. Franchement, c'était beaucoup déjà. Tu ne peux pas te préparer à la fatigue, à la façon dont les gens changent autour... Sincèrement, ce ne sont pas les artistes qui changent. Enfin, certains peut-être. Mais c'est surtout l'entourage. Donc forcément après l'artiste change... Les gens projettent un truc sur toi. Et ça te met dans une position très spéciale. Oui mais en faisant un album plus accessible, tu peux légitimement te dire que tu t'exposes à un succès encore plus large... J'espère ! Mais cette fois-ci, je suis prête, c'est choisi. Avec tout ce qu'il s'est passé après l'Eurovision, je suis rompue à l'exercice de l'interview, j'adore ça, j'ai pas peur. Je sais les erreurs que j'ai faites parfois à parler de choses trop personnelles. Je sais quelles barrières je mets autour de ma vie privée. C'est débile mais quand tu n'as jamais fait ça, tu ne sais pas. Maintenant, si ça pète, et je l'espère pour moi comme pour mon équipe, on est tous prêt. On a trop envie de faire une tournée de malade. Mais là "Bravo" c'est qu'un titre parmi 12 ! Avec ce nouveau son et cette nouvelle énergie, "Bravo" va sans doute surprendre ceux qui te connaissent avec "Voilà" ! Oui c'est vrai mais sinon, ce n'est pas marrant ! Dans une interview, -M- parlait du triangle des trois premiers albums d'un artiste. Plus tu t'éloignes entre le premier et le deuxième album, puis entre le deuxième et le troisième, plus ta musique va évoluer là-dedans après. Si tes trois albums se ressemblent, à un moment donné, tu es en boucle et tu ne peux plus changer de style car les gens ne comprendront pas. J'écoute plein de musiques différentes, j'aime plein de choses. Sur scène, c'est tellement n'importe quoi, dans le bon sens du terme, que j'ai envie d'explorer toutes les facettes. Le meilleur exemple d'album "loufoque", c'est "Racine carrée" de Stromae. Plein de titres n'ont rien à voir et pourtant tout va ensemble, c'est incroyable. Qu'est-ce que t'a apporté d'écrire "Bravo" ? J'avais le coeur brisé par cette relation d'amitié, qui change quand le succès interfère. Ce texte m'a fait du bien. Je l'ai pas mal retravaillé mais le fond était là. Je me suis dit : "Meuf, bravo !" C'est la première fois que tous les matins, je peux écouter un de mes titres, elle me met de bonne humeur et je me dis que je vais passer une bonne journée. Je ne me sens plus toute seule, j'ai fédéré De quoi tu es fière aujourd'hui ?Je suis plutôt fière en règle général. Déjà, j'ai des super amis ! Je suis fière de ma petite chienne, elle a cinq mois, je l'aime même si elle est insupportable, elle n'est pas propre. (Rires) C'est dur ! Mais qu'est-ce que je l'aime. Je suis fière de ce qu'on a commencé à faire sur le nouvel album. Je suis super contente car j'ai vraiment une équipe très investie. Je ne suis plus toute seule avec ma manageuse, on a une belle équipe, à tous les étages. Je ne me sens plus toute seule. Je suis fière d'avoir réussi à fédérer. Avec ce côté flamboyant, "Bravo" sera-t-il le reflet de ton deuxième album ? Oui ! Mais il dessine un chemin assez multiple... J'ai un ou deux piano-voix, j'ai des trucs vachement électro, d'autres chansons un peu plus rock. Il est assez spécial mais c'est beaucoup plus assumé. C'est marrant, tu sais, Pravi, ce n'est pas mon vrai nom, c'est Piévic. Avant, je croyais que Piévic et Pravi, c'était important de dissocier les deux. Je suis en train de découvrir comment habiter Barbara Pravi, c'est trop bizarre mais c'est vrai, de creuser les racines de Barbara Pravi. Cette âme rock, elle te vient d'où ? J'ai toujours écouté plein de trucs. J'ai adoré l'album d'Izia dernièrement ! Quand j'étais petite, j'adorais le rock et après j'ai été choriste d'un groupe de rock quand j'avais 18 ans. On jouait au Bus Palladium, on se renversait des pintes sur la gueule ! (Rires) Il y a un endroit où ça fait vraiment partie de moi depuis longtemps. Quand j'ai commencé à travailler sur le disque, comme je ne savais pas par où commencer et que je ne voulais pas de pression par rapport au regard de l'autre, j'ai voulu faire de la musique comme quand j'avais 18 ans, quand on allait répéter et qu'on faisait des boeufs. "Bravo" est née en piano-voix et après je l'ai jouée comme ça, je savais que je voulais du rock. Elle va être dingue sur scène ! Je veux que les gens sautent partout. Donc ce nouvel album est clairement pensé pour la scène ? Je l'ai hyper pensé pour la scène. Le premier non car je n'en avais jamais fait ! Je ne m'étais jamais projetée, j'avais une vision très carrée de ce qu'était un disque mais je n'avais pas ouvert ma vision à 360 en pensant notamment à la scène. C'est tout nouveau ! Et la scène, c'est l'endroit où je me suis sentie le mieux de ma vie, donc tout ce que j'ai fait là, je l'ai fait en pensant à la scène. Tout ! Il y a une phrase que j'aime beaucoup sur ce titre c'est "Ça fait partie de la danse de se faire marcher sur les pieds"... Moi aussi je l'adore ! Sur RTL, tu as dit "On passe son temps à me marcher sur les pieds". C'est-à-dire ? J'ai l'impression que les gens sont malpolis. Et encore plus avec les artistes peut-être, car il y a ce truc-là d'appartenir au domaine public... Evidemment, tout le monde n'est pas malpoli mais il y a un endroit où les gens se permettent, même si c'est des petits détails. Mais moi je ne me permets pas quoi ! Parfois, on te marche sur le bout de l'ongle, parfois on t'écrase carrément le pied. Par exemple, c'est des trucs business, sur des négociations de points... Tu as tout fait sur ta chanson, et il y a juste un mec qui a mis un synthé qui fait "bip". Normalement, tu n'es même pas obligée de lui donner des sous pour ça, mais nous on le fait car on est des gens bien. Eh bien ces gens-là sont capables de te demander la moitié de la composition... Typiquement, je me dis que si j'avais été un mec, on ne m'aurait jamais fait ça. On sent qu'un truc a lâché en toi avec "Bravo". Comment on fait pour se détacher du regard des autres ? Je sais pas. Je pense en essayant d'être le plus soi-même. C'est une grande phrase mais c'est pas évident d'être soi-même. Ça veut dire être à l'écoute de ses émotions, de ses envies, de ses besoins, mettre des limites. Mais plus tu es toi-même, plus tu es rayonnant. Je ne me vois pas mais je me sens bien en ce moment. (Sourire) C'est plus simple de faire pleurer que danser Dans une précédente interview, tu me disais que c'était difficile de faire des chansons rythmées. On dirait que ça ne l'est plus... Plus du tout ! (Rires) C'était hyper dur, mais je crois encore une fois que c'est parce que je ne me projetais pas sur scène. Maintenant que je sais comment j'habite la scène, que je me sens libre dans mon corps... Je ne me regarde jamais danser, bouger, il ne faut pas d'ailleurs sinon je ne me plais pas. Maintenant que je m'y sens libre, j'ai besoin de cette énergie de danse, de m'exprimer, de me lâcher. Et ça ce n'est possible qu'avec des chansons qui bougent, donc je me suis mise à les aimer et à les créer. C'est la scène qui m'a permis de me faire confiance. La chanson piano-voix, c'est ma zone de confort, et ça le sera toute ma vie. C'est plus simple de faire pleurer que danser. J'adore faire pleurer, c'est ma passion dans la vie. Je crois que je suis une grande comédienne de drame. Donnez-moi des fleurs, du champagne et des verres à casser, c'est pour moi ! Mais faire danser, c'est difficile. Alors que dans la vie je suis super heureuse. C'est marrant... Avec le succès international de "Voilà" et ta tournée en dehors de nos frontières, est-ce que tu as pensé ton nouvel album pour qu'il soit compris par le public européen ? Pas trop... Parce que c'est tellement improbable le succès de "Voilà". Je ne comprends pas, je ne sais pas l'analyser. Je sais pas ce qui fait une chanson qui pourrait marcher en France ou à l'étranger. En revanche, j'ai des envies. Un jour, j'ai envie de faire le festival San Remo, en Italie. Il faudra que je chante en italien, donc un jour je ferai une chanson en italien pour aller là-bas. J'ai des envies d'aller chercher des territoires et des langues que j'adore. La chance que j'ai c'est que "Voilà" est inscrite chez les gens, donc a priori je vais refaire une tournée en Europe, vu que ça s'est hyper bien passé, les gens ont eu l'air d'adorer. Avant, ça se faisait beaucoup chez les artistes. Par exemple, Dalida, elle était très internationale. J'espère m'inscrire dans la lignée d'une chanteuse comme Dalida. Je rêve de faire le festival San Remo en Italie ! Tu aimerais enregistrer des chansons dans d'autres langues ?Ah oui ! Pas tout de suite. Il faut que ça ait un sens. Faire pour faire, pour rentrer en radio à Londres, je m'en fiche. J'aurais pu le faire mille fois mais ce n'est pas ce que je veux faire. Peut-être que ce serait faire un duo avec un artiste que j'adore, avec une vraie rencontre. San Remo, c'est sûr que je veux le faire. Mais j'ai le temps ! Je crois très fort que la chanson française a toujours eu la cote mais aujourd'hui, je crois qu'on ne sait plus l'exporter. Mais regarde les succès d'Indila, Stromae, Zaz, Aya Nakamura... Et avant, il y avait Brel, Aznavour, Piaf, ils étaient partout... Cet été, j'étais en Afrique, dans un tout petit village, ils avaient un iPhone et sur YouTube, ils écoutaient Slimane ! On ne le travaille pas assez l'export. Mais je sais que c'est un vrai travail, que c'est exigeant. En tout cas, moi l'étranger j'adore, c'est zinzin, tu changes de langue, tu manges différemment, les publics sont très différents. Genre en Pologne, les gens ne sont pas expressifs dans la vie mais en concert, ils se lâchent, c'est fou. "Voilà" est devenue une chanson culte pour les fans de l'Eurovision. Tu n'as donc aucune explication de cet engouement ? Non... Franchement, je n'aurais jamais parié sur le succès de cette chanson. Mais même pas en France ! Je ne sais pas ce qui appartient à la chanson, ou au moment... C'était la fin du Covid, il y avait un truc hyper libératoire. Ou est-ce que ça appartient à la prestation, très sobre, dans une émission hyper produite ? Et aussi, je m'entends très bien avec les gens donc j'ai fait énormément d'interviews et je suis devenue pote avec tout le monde. Je sais pas, il y a peut-être eu de tout ça. Mais elle ne m'appartient presque plus. Elle est tellement reprise que je crois que parfois les gens ne savent même plus que c'est moi qui la chante. (Rires) Je n'aurais jamais parié sur le succès de "Voilà" On parle beaucoup du côté politique de l'Eurovision. Toi qui l'as vécu de l'intérieur, tu en penses quoi ?Franchement, non. Après, c'était un contexte particulier, à la fin du Covid. Il y a forcément un truc politique entre les délégations, mais je n'ai pas été victime de ça. Par exemple, la candidate de Malte, elle avait acheté des voix sur les sites de paris en ligne, et ils avaient un contrat dans toutes les salles de sport pour passer la musique dans les salles d'Europe. J'ai envie de te dire, chacun défend son truc comme il peut. Nous, on n'avait pas de stratégie, on est venu comme ça. Et ça a marché ! Quelque soit la stratégie, c'est les journalistes et la presse qui font l'artiste. Si tu es méchant, peut-être que tu gagnes mais tu ne dures pas. Nous, quand on retourne en concert aux Pays-Bas, à chaque fois, on invite tout le monde, du mec qui nous emmenait sur scène au technicien... En plus de la musique, tu es également devenue comédienne. Tu as des projets ? J'ai très envie de prendre ce chemin, mais il faut que ça réussisse à se glisser avec mon album qui est ma priorité. J'ai tourné dans le prochain film de Claude Lellouch, qui s'appelle "Finalement" avec Kad Merad et Elsa Zylberstein. C'est un film musical, je joue une chanteuse, j'habite le film en chantant. C'est hyper beau ! Claude Lellouch est tellement discret, il filme la vraie vie, il pourrait être là, tu ne le vois pas, il est incroyable. En tout cas, je ne me pose plus les questions sur ma légitimité, sinon ça ouvre des portes dans mon cerveau et c'est fini. Pour l'instant, je n'ai pas eu un rôle très différent de ce que je suis. Là, c'était assez facile d'être moi-même. Le film sortira en octobre, quasiment en même temps que mon album ! Podcast
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