Olivia Ruiz

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Depuis samedi, un couvre-feu est instauré par le gouvernement dans les métropoles françaises les plus touchées par l'épidémie de coronavirus (Covid-19) comme Paris, Marseille ou Toulouse et leurs agglomérations. Au total, 1.750 communes sont concernées par cette mesure obligeant leurs habitants à rester à domicile de 21 heures à 6 heures du matin, sauf pour ceux « qui rentrent du travail après 21 heures ou qui travaillent de nuit » a précisé le président Emmanuel Macron dans son allocution de mercredi. Pour se déplacer durant cette plage horaire, les personnes devront se munir d'une attestation règlementaire. Une amende de 135 euros sera dressée en cas de non-respect de ce couvre-feu qui, hélas, porte un nouveau coup rude à l'industrie du spectacle et le monde de la culture au sens large, déjà dans une situation économique catastrophique. Immédiatement après cette annonce, de nombreux artistes comme Benjamin Biolay, Clara Luciani, Stephan Eicher et Slimane sont montés au créneau pour faire part de leur profonde inquiétude. « Il est évident que c'est un énorme et énième coup de massue que nous venons tous de prendre. Nous nous faisions une joie de vous retrouver. Nous allons lutter car désormais chaque concert est une victoire » a réagi l'interprète de "Comment est ta peine" sur Instagram.

"C'est un acte militant de jouer"

Pour tenter de maintenir à flots un navire à la dérive, les professionnels du secteur ont tenté d'obtenir des dérogations exceptionnelles, pour permettre aux spectateurs de se rendre à la séance de 20h dans les salles de cinéma par exemple. En vain. « Nous devons combattre le virus, il faut que la règle soit claire, et donc nous ne souhaitons pas faire d'exception. Nous avons conscience qu'il s'agit d'un effort difficile pour les secteurs dont l'activité est principalement nocturne, mais la situation sanitaire nous contraint à limiter au maximum les interactions. Les règles doivent être les mêmes pour tous (...) Je suis sûr que tout le monde va s'adapter, y compris le monde de la culture dont je connais les difficultés. Pour que des règles soient comprises, il faut qu'elles soient les mêmes pour tous. Nous déploierons tous les moyens pour amortir le choc » a tranché le Premier ministre Jean Castex, opposant une fin de non-recevoir aux revendications des artistes. Pour Olivia Ruiz, cette situation est tragique.

Invitée de Bernard Montiel dimanche sur RFM, la chanteuse et écrivaine, qui doit se produire au théâtre des Bouffes du nord en novembre avec "Bouches cousues", a lancé un cri d'alerte pour sauver le spectacle vivant. « Aujourd'hui, c'est un acte militant de jouer pour les artistes, pour les producteurs et pour les salles qui maintiennent les spectacles. On perd beaucoup d'argent » a-t-elle tenu à préciser, alors que les annonces de reports des concerts se multiplient. Les mesures restrictives ont notamment poussé M. Pokora et -M- à annuler la fin de leurs tournées. Pour Olivia Ruiz, monter sur scène dans ce contexte très délicat est courageux : « Si on le fait c'est parce qu'on sait que les gens en ont besoin, parce qu'on sait que les équipes en ont besoin. On a un besoin viscéral de ces rencontres qui remplissent d'amour et qui donnent envie de continuer ». Avant de résumer avec gravité : « C'est pas rien ce qui nous tombe sur le coin de la figure... ». Sensible à la détresse des artistes, Bernard Montiel estime qu'il s'agit là d'un « drame que nous vivons tous ensemble ».