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samedi 16 mai 2009 0:00

Natasha St-Pier en interview

Natasha St-Pier poursuit sa route en chansons avec son surprenant album éponyme. Elle sera cet été sur scène afin de rencontrer son public avant d’être sur les planches à la rentrée. L’artiste nous parle de son parcours, de ses envies et de ses projets. Interview.
Bonjour Natasha. Deux ans se sont écoulés depuis "Longueur d’Ondes". Pourquoi as-tu choisi de revenir avec un album éponyme ? (Nikolas Lenoir, rédacteur) ?
Natasha St-Pier : J’y parle beaucoup de ma vie, des gens qui m’entourent, de mes aspirations et de mes envies. J’avais trouvé avec mon équipe beaucoup de titres pour l’album mais à chaque fois, j’avais l’impression de faire abstraction d’une partie du disque. C’est étrangement en regardant les photos que j’ai eu l’idée de l’appeler « Natasha St-Pier ». De nombreux univers étaient mis en valeur et je me suis rendue compte que je les reliais. Je revenais après deux années de pause et je faisais un changement musical. Je me suis dit que c’était le bon moment pour faire le fameux disque éponyme.

Le titre "Embrasse-moi" est le premier extrait de cet opus. Pourquoi as-tu commencé avec cette chanson très différente de ce que tu as fait avant ?
Je tenais à indiquer la différence sans déstabiliser le public.
J’aime particulièrement cette chanson. C’est toujours assez compliqué de choisir le premier single, surtout quand un disque marque un tournant musical comme c’est ici le cas. Je tenais à indiquer la différence sans déstabiliser le public et "Embrasse-moi" est apparu comme une évidence. Je ne voulais pas sortir le nouveau single "1,2,3" en premier car il est plus que les autres titres dans la lignée des albums précédents.

Ce nouveau titre est destiné à rassurer une partie du public ou il était prévu dés le départ qu’il succède à "Embrasse-moi" ?
C’est un ordre logique. Cela aurait été une fausse représentation de sortir "1,2,3" en premier car les gens allaient imaginer l’album dans cette couleur musicale. C’est une chanson que j’aime beaucoup mais il n’aurait pas été très honnête de commencer la promo avec ce titre. "Embrasse moi" est plus à l’image du disque.

Retrouvez le clip de "1,2,3" :


As-tu réfléchi au troisième single ?
J’ai beaucoup de projets et franchement, je ne sais pas s’il y aura un troisième single.

Malgré ce changement musical, tu restes fidèle à Pascal Obispo. Que représente-t-il pour toi ?
C’est un collaborateur de longue date mais également un ami. C’est rassurant de pouvoir compter sur lui. Lors de la réalisation de cet album, il a cependant été moins présent que sur les précédents. Pascal a principalement fait la réalisation des prises de voix. Il a certainement voulu me préparer à travailler de façon plus autonome et voir ce que cela peut donner. Il m’a présenté de nouvelles personnes dont John Mamann qui a fait plusieurs musiques de l’album et qui a réalisé toutes les instrumentations. Olivier Reine est également présent sur le disque.

Que t’a apporté le fait de travailler avec une nouvelle équipe ?
Quand on veut aller loin dans la musique, il faut oser.
Tout en ayant la confiance que m’apporte le soutien de Pascal, j’ai travaillé avec de nouveaux avis et cela m’a permis de mieux préciser mes choix artistiques. J’avais différents challenges à relever. C’est très important de se sentir en confiance quand on est en studio et cela m’a permis d’oser plus de choses. Quand on veut aller loin en musique, il faut oser. C’est un processus très agréable à travers lequel je pense avoir beaucoup évolué.

L’album "Longueur d’Ondes" s’est bien vendu avec environ 200 000 exemplaires, ce qui est cependant moins important que ses deux prédécesseurs. Avais-tu une pression particulière pour celui-ci ?
Pas vraiment car nous savons que le marché est en train de s’écrouler. En ce qui me concerne, l’important est déjà de rester la tête hors de l’eau. Je veux encore exister quelques années en espérant qu’un jour, la situation générale s’améliore. Je pense qu’il y a aujourd’hui très peu d’artistes qui espèrent vendre un million d’albums. Il faut savoir être réaliste. Je sais consciemment que je ne vendrai plus 700 000 exemplaires d’un même album comme j’ai pu le faire à mes débuts. Je pense en avoir encore les capacités mais le contexte n’est plus du tout le même. Au lieu de se lamenter, il faut profiter de cette période pour là aussi essayer de nouvelles pistes. Il faut voir les choses positivement. On peut oser des choses que l’on aurait justement pas osées dans une période très commerciale.

Est-ce que tu penses déjà à certaines choses que tu souhaites expérimenter pour un prochain album ?
C’est intéressant que l’on en parle car nous avons commencé à travailler sur cela il y a quelques semaines. Quelqu’un m’a proposé des chansons qui m’ont bluffé et je me suis dit que c’est une direction musicale que j’ai envie d’essayer. Cela se rapproche de ce que j’ai fait pour cet album mais c’est encore un ailleurs que j’ai envie de découvrir. Je commence à le faire lentement car le prochain album n’est pas pour demain. Je me donne du temps et j’ai la chance de faire partie des artistes qui rapportent assez pour que justement, on leur accorde du temps. C’est une belle richesse que l’on a en tant qu’artiste, le temps d’essayer, le temps d’être en studio. Je vais bientôt commencer à maquetter quelques chansons pour le prochain album.

En parlant de temps, pourquoi as-tu pris plus de deux ans pour cet album éponyme ?
Je n'avais plus vraiment l'envie de faire ce métier.
Je n’avais plus vraiment l’envie de faire ce métier, je ne m’y retrouvais plus. J’étais dans une période d’indécisions et j’avais parfois même l’envie de retourner à ma première passion qui est infirmière. J’ai préféré ne rien faire pendant cette période plutôt que de faire un album sans motivation. Je ne voulais surtout pas faire un album pour faire un album, cela n’aurait pas été honnête envers le public. Le temps m’a permis de me retrouver et de revenir vraiment en phase avec la musique.

Tu avais justement fait un "Vis ma vie" dans lequel tu étais infirmière. Aurais-tu vraiment pu arrêter la chanson pour faire ce métier ?
Oui car c’est également une passion et j’avais commencé des études d’infirmière avant de faire Notre Dame-de-Paris. J’avais laissé cela de côté et avec le temps, cela était sorti de ma tête. Mon expérience dans "Vis ma vie" m’a rappelé que j’aimais vraiment cela. Cela a été déstabilisant.

Penses-tu que le fait d’avoir démarré ta carrière très jeune t’a fait passer à côté de certaines choses que tu as voulu rattraper pendant cette pause de deux ans ?
Je ne le pense pas car j’ai eu une enfance très équilibrée et j’ai eu la chance de faire beaucoup d’activités telles que de la danse, du piano, du patinage artistique, du théâtre… J’ai déjà plus de dix ans de carrière et je pense que cela m’a surtout permis d’être mature plus vite. Cela m’a d’ailleurs beaucoup aidé.

Ta carrière internationale a notamment commencé grâce au rôle de Fleur de Lys que tu as tenu dans "Notre Dame-de-Paris". Que retiens-tu de cette expérience ?
J’ai adoré la comédie musicale car c’est une parenthèse dans la vie d’un artiste. On habite à l’hôtel, on peut rester un mois dans une même ville donc ça devient une deuxième maison. La troupe devient un noyau familial. Je suis également passionnée par le théâtre donc dans un tel spectacle, je peux l’allier à la musique et c’est formidable. Si une belle opportunité se représente à moi, il n’est pas dit que je ne la saisisse pas car j’ai vraiment aimé cette expérience.

L’Eurovision a également été un tremplin pour ta carrière. Tu as été classée 4ème avec la chanson "Je n’ai que mon âme". Quel regard portes-tu sur cet événement qui a marqué ton parcours ?
L'Eurovision ne m'a apporté que des avantages.
C’était aussi le moment où je débutais en France. C’était l’apprentissage de la différence du métier entre le Canada et la France. J’avais déjà des habitudes de travail et c’est plus difficile d’en acquérir de nouvelles plutôt que de partir de rien. Le concours de l’Eurovision ne m’a apporté que des avantages. Cela se passait dans la belle ville de Copenhague au Danemark. Je conseille de découvrir cette superbe capitale. J’ai fait un bon résultat, ce qui m’a d’ailleurs permis de faire une grande tournée. Je n’ai pas eu à vivre des critiques négatives de la part des médias.

Parallèlement à la chanson, tu es une artiste engagée dans différentes causes.
C’est en effet très important pour moi. Il y a notamment Fight Aids, la SPA et plus récemment la Caravane médicale du Rally des Gazelles. Ce sont les causes pour lesquelles je m’investis le plus.

Comment fait-on le choix de défendre telle ou telle cause ?
Je pense qu’il ne faut pas trop en prendre car on serait moins crédible. Il faut s’engager auprès des actions qui nous touchent le plus. Le sida est un fléau qu’il faut combattre et dont il faut parler car il y a encore beaucoup de non-compréhension autour de cette maladie. Je suis également très sensible à la cause animale donc je m’engage auprès de la SPA. Avec la Caravane médicale du Rallye des Gazelles, j’ai découvert des nomades qui n’avaient accès aux soins de santé qu’une fois par an. Je suis allée les voir et les soigner en plein milieu du désert. Quand on les a rencontrés, on ne peut plus reculer. J’ai forcément été touchée par ces personnes et les conditions dans lesquelles elles vivent.

Quelle place accordes-tu au public français par rapport au public canadien ?
C'est plus facile d'organiser une tournée en France.
Il est évident que le public français est plus large que le public canadien francophone. Le Canada est immense, il y a beaucoup de gens mais il n’y a pas énormément de francophones. Ils sont surtout au Québec. Les tournées sont donc plus courtes et chaque date coûte plus chère car on ne peut pas amortir sur la durée. C’est plus facile d’organiser une tournée en France.

D’autres artistes canadiens tels que Céline Dion, Isabelle Boulay et Garou ont également trouvé le succès en Europe. Comment expliques-tu ce plébiscite ?
Je pense que le public choisit ce qui le touche. Nous sommes dans une période où la culture est devenue un luxe. Si on décide d’acheter un album, c’est que l’on en a vraiment envie et qu’il apporte quelque chose. Je pense que les gens sont moins liés qu’avant à l’origine des chanteurs. L’important est d’aimer les chansons.

Tu parlais tout à l’heure d’autres projets que tu as et cela me fait notamment penser à ton expérience dans "Seconde chance" sur TF1. Est-ce quelque chose que tu envisages de renouveler ?
Il y a plusieurs projets qui se préparent. Je serai normalement au théâtre à la rentrée. J’en ai fait beaucoup quand j’étais plus jeune et c’est un vrai plaisir d’en refaire.

Est-ce que tu envisages cependant de monter sur scène avec cet album ?
Je fais une tournée de festivals cet été et il y aura une tournée pour l’album en 2010. Cela reste d’actualité.

Tu as récemment fait partie du jury du "Grand lifting des tubes", découvrant ainsi de nouveaux talents, dont les gagnants mAm'Zelle Bip & FrAnck Perrolle. Pourquoi as-tu accepté cette proposition ?
Si les gens n'entendent pas ce qu'ils veulent, ils vont le créer.
Cela me plaisait de découvrir ce que les participants allaient nous faire entendre. Découvrir le travail de ces artistes permet aussi de découvrir ce que le public a envie d’entendre. Si les gens n’entendent pas ce qu’ils veulent, ils vont le créer. Il y avait beaucoup de jeunes et j’ai aimé découvrir ces personnalités très différentes et leurs univers musicaux.

Quel message aimerais tu transmettre au public et aux internautes ?
J’aimerais parler d’un problème très actuel qui met vraiment en péril la musique. Pour les gens qui en téléchargent, j’aimerais qu’ils le fassent légalement. Il n’y a surtout pas que les artistes qui vivent de ce marché. Il y a également toutes les personnes qui travaillent derrière. C’est une vraie économie avec tous ses métiers, ses gens qui en vivent. Cela est mis en danger et il faut vraiment y réfléchir. J’espère aussi que le public, les internautes viendront me voir sur scène lors des concerts prévus cet été.

Merci Natasha pour cette interview.
Merci à toi.
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Natasha St-Pier en interview
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