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Muse : on a classé les albums du groupe, du pire au meilleur

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Muse est de retour avec son nouvel album "Will of the People". A cette occasion, Purecharts a décidé de se replonger dans la riche discographie du trio rock anglais et de classer les albums du groupe, du pire au meilleur !
Crédits photo : Nick Fincher

8. "Simulation Theory" (2018)


Le choix évident et indiscutable du classement. Quatre ans après sa sortie, on reste encore circonspect devant les raisons qui ont poussé Muse à s'engouffrer dans cette impasse. Sautant à pieds joints dans le revival 80's popularisé par la série "Stranger Things", le groupe propose un album largement oubliable et qui a provoqué des frissons d'horreur chez les fans de la première heure. Oubliez les grandes compositions rock, lyriques ou psychédéliques des débuts, "Simulation Theory" multiplie les chansons aux synthés plus dégoulinants les uns que les autres, comme sur les singles "The Dark Side", "Something Human" ou "Dig Down", sorte de "Madness" bis raté. La pochette aussi rétro que colorée est un hommage évident à la série à succès de Netflix mais pique les yeux. Si Muse y pastiche son propre passé ("Pressure") ou Thirty Seconds to Mars ("Get Up And Fight"), l'album "Simulation Theory" renferme toutefois quelques titres à la mention "passable" comme "Pressure", justement, mais aussi "Thought Contagion", prouvant que le trio n'a pas encore perdu son savoir faire rock. Ouf !

A écouter d'urgence : "Thought Contagion", du Muse classique qui sauve l'album
A zapper : le très gênant "Something Human"




7. "The Resistance" (2009)


En 2009, Muse est au sommet. Auréolé de l'énorme succès de "Black Holes and Revelations", le groupe a carte blanche pour créer son nouvel album. Un véritable cadeau pour Matthew Bellamy qui, en grand fan d'opéra, se paye un orchestre de 40 musiciens pour donner naissance à sa nouvelle symphonie "The Resistance". Et celle-ci ne fait pas dans la demi-mesure. Dès le début, Muse frappe fort avec les trois gros singles de l'album en guise d'introduction : "Uprising", "Resistance" et "Undisclosed Desires". On y retrouve le goût de Matthew Bellamy pour la thématique de la révolte et trois titres devenus d'énormes tubes. Sauf que la suite se gâte : passé ce trio introductif puissant, le disque s'enlise dans un pastiche des ambitions grandiloquentes du leader, à l'instar de ce "United States of Eurasia", plus Queen que jamais, ou d'un "Guiding Light" sans inspiration. Mais la pièce maîtresse du disque est sans aucun doute "Exogenesis", une composition symphonique de 13 minutes découpée en trois parties qui remonte le niveau en fin de disque et prouve une nouvelle fois les ambitions lyriques de Matthew Bellamy. Bien qu'il ne soit pas le plus accessible, "The Resistance" reste le plus gros succès discographique de Muse avec 5 millions de ventes mondiales dont 845.000 exemplaires rien qu'en France.

A écouter d'urgence : "Undisclosed Desires", tube facile mais ô combien efficace
A zapper : "Guiding Light", du Muse qui fait du Muse




6. "The 2nd Law" (2012)


"The 2nd Law" est un album clivant, autant chez les fans de Muse qu'au sein de la rédaction de Purecharts. Il faut dire que le disque lui-même surprend. Car si les chansons fonctionnent plutôt bien prises indépendamment les unes des autres, l'album dans sa totalité forme un tout peu cohérent au vu des nombreux styles (rock, funk, électro, opéra, pop...) en décalage d'une piste à l'autre. Ainsi, "The 2nd Law" reste un album aux chansons plutôt solides et réussies, mais leur plus gros défaut reste de trop ressembler à leurs modèles. "Survival" ? Du Queen à peine déguisé. "Madness" ? Depeche Mode. "Panic Station" ? Red Hot Chili Peppers. "Big Freeze" ? On croirait entendre Bono chanter et The Edge à la guitare... Muse se frotte même à la dubstep alors en vogue sur "Follow Me" ou "The 2nd Law: Unsustainable", pas des plus marquants. Si l'album part dans tous les sens, c'est justement ce petit grain de folie qui lui donne toute son originalité. Malgré une réception mitigée, "The 2nd Law" a été un énorme carton en France avec plus de 480.000 ventes, notamment grâce au joli succès de "Madness".

A écouter d'urgence : un "Panic Station" bien funky
A zapper : "Explorers", long et peu passionnant




5. "Drones" (2015)


Les fans réclamaient à tort et à travers un retour aux sources avec de gros riffs nerveux, la bande a exaucé leur voeu ! Album concept dressant en fil rouge l'histoire d'un protagoniste aliéné par un dictateur qui va peu à peu briser ses chaînes, "Drones" repose sur la fascination de Matthew Bellamy pour l'anticipation, les nouvelles technologies et la dystopie. Par essence plus politique, le disque, taillé pour le live, est lancé tambour battant par les percussions de "Dead Inside", vite rattrapées par les guitares tapageuses du lead single "Psycho", simple et efficace. Un peu prisonnier de sa vision manichéenne, le groupe réussit bien mieux sa dimension cauchemardesque, avec en point névralgique l'enchaînement (ou plutôt déchaînement) "Reapers" et "The Handler", que la dernière moitié du disque où l'héroïne (qui s'appelle Mary) se "Revolt" pour enfin goûter à la liberté. Malgré tout, l'aventure vaut le détour pour sa cohérence globale et les quelques passages de frénésie absolue ("The Globalist" est, à ce titre, une véritable montagne russe de 10 minutes) qu'elle renferme. A noter qu'il s'agit, à l'heure actuelle, du dernier numéro un de Muse en France... en attendant les chiffres du nouvel album "Will Of The People" ?

A écouter d'urgence : "Reapers", pure débauche d'énergie
A zapper : "Mercy", mais non merci




4. "Showbiz" (1999)


Un splendide arpège de piano pour introduire Muse au monde. "Sunburn", la première chanson du premier album de la formation, synthétise à elle seule la quintessence du trio britannique, et ce qui en fait l'un des groupes les plus influents et ambitieux du nouveau millénaire : des hymnes puissants qui, jamais, même sous les déluges les plus électriques, ne perdent leur sens de la mélodie, de la poésie. Ce n'est un secret pour personne que Matthew Bellamy est un perfectionniste (sa force et sa faiblesse) et malgré l'influence évidente de Radiohead - à l'époque, les médias anglais ont même crié au plagiat car il a été produit par John Leckie, artisan du culte "The Bends" (1995), "Showbiz" reste une introduction très convaincante, une solide collection de morceaux fusionnant les genres - on saute du jazz au blues et à la musique latine dans une esthétique globale rock alternatif - avec ses moments épiques ("Muscle Museum", "Uno") et ses états de grâce. A l'instar de la ballade "Unintended", à la beauté tout simplement renversante. Il a, en outre, le mérite de présenter les premières envolées lyriques si distinctives de Matthew Bellamy, qui reste sans doute le plus grand technicien de tous les chanteurs rock encore en activité.

A écouter d'urgence : "Sunburn", bijou d'élégance au refrain emblématique
A zapper : "Overdue", aux paroles mièvres et à la musique peu inspirée




3. "Absolution" (2003)


Coincé entre les sommets "Origin of Symmetry" et "Black Holes and Revelations", "Absolution" n'a pas à rougir. Mieux, il se redécouvre avec un véritable plaisir, 19 ans après sa sortie. Publié en septembre 2003, ce troisième album marque un véritable tournant pour Muse, qui s'apprête à passer du statut de groupe de rock/psyché/prog à celui qui va remplir les stades du monde entier dans quelques années. Les 15 titres de "Absolution" (13, sans l'intro et l'interlude) en sont la preuve, puisque le trio reprend la recette gagnante de "Origin of Symmetry" (formidables "Apocalypse Please", "Fury" ou "Sing for Absolution"), crée des hymnes rock imparables comme "Stockholm Syndrome" ou le dingue "Hysteria", compose quelques titres à fleur de peau ("Falling Away With You", "Blackout") et s'ouvre même au grand public grâce à "Time is Running Out", premier véritable tube de Muse qui lui vaudra une renommée mondiale. Près de deux décennies après sa sortie, "Absolution" apparaît comme un album rudement solide, dépeignant des thèmes apocalyptiques toujours d'actualité chez Muse et enchaînant les morceaux de bravoure musicaux qui n'ont pas pris une ride aujourd'hui. Preuve d'un succès de plus en plus imposant, "Absolution" s'écoule à 500.000 exemplaires en France et permet au groupe de décrocher son premier disque de platine aux Etats-Unis.

A écouter d'urgence : "Sing for Absolution", toujours aussi puissante
A zapper : "Endlessly", trop redondant




2. "Black Holes and Revelations" (2006)


Si Muse et Coldplay ont souvent été comparés, "Black Holes and Revelations" serait l'équivalent de "Viva La Vida". A savoir un superbe album qui alterne malicieusement entre tubes taillés pour le succès et compositions plus expérimentales ayant amené les deux groupes précités sur le toit du monde. C'est donc le cas de "Black Holes and Revelations", probablement l'album le plus accessible de Muse, mais qui ne manque pas de compositions inoubliables. La montée en puissance sur "Take a Bow" en intro, suivi du tube "Starlight", du funky et très Prince "Supermassive Black Hole" et de l'électrique "Map of the Problématique"... Un quarté gagnant d'emblée de jeu ! Mais le reste de l'album ne calme pas le jeu, bien au contraire. Passés les plus lents "Soldier's Poem" et "Invincible", l'album reprend du poil de la bête sur "Assassin" ou "Exo-Politics", taillés pour la scène. Et comme si cela ne suffisait pas, Muse finit en beauté avec l'imposant "Knights of Cydonia", devenu un incontournable de leurs concerts et considéré à raison comme une de leurs meilleures chansons. Indéniablement, un des sommets de la discographie de Muse.

A écouter d'urgence : L'énorme "Knights of Cydonia", un des joyaux de leur discographie, et le magnifique "Glorious", présent sur l'édition japonaise
A zapper : "Hoodoo", ballade western un peu ronflante

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1. "Origin of Symmetry" (2001)


Quelle autre place aurait pu obtenir ce qui est unanimement considéré comme le chef d'oeuvre du trio ? Extirpé de l'ombre de son modèle Radiohead, Muse finit par trouver sa propre identité sur ce deuxième disque absolument exquis, rencontre grandiose entre la fougueuse créativité du rock alternatif et la dramaturgie de l'opéra. Dès les premières étincelles de "New Born", grenade dégoupillée d'emblée pour exploser au visage de l'auditeur, on embarque pour une odyssée survoltée où la frénésie côtoie le sublime, l'éclat d'un "Space Dementia" se répondant à la déflagration brute de "Plug in Baby" avec une dextérité frisant l'indécence. Ici, Matthew Bellamy embrasse définitivement son destin de rockstar destinée à faire soulever les foules en s'autorisant, le coeur gonflé par la confiance, à claquer la porte du label américain Maverick Records qui demandait au musicien de réenregistrer ses voix en utilisant moins de falsetto. Est-ce qu'une reprise du "Feeling Good" de Nina Simone aurait eu autant de chien sans ce sursaut de "Megalomania" ? Probablement pas ! Si "Showbiz" tournait essentiellement autour de l'insécurité, "Origin of Symmetry", qui tire son nom des travaux du physicien Michio Kaku et de "L'Origine des espèces" de Charles Darwin, téléporte le trio dans une galaxie métaphysique où la science, le futur et la religion sont les grandes interrogations. Tous les thèmes qui deviendront majeurs dans la discographie, parfois disparate mais captivante, d'un des groupes les plus adulés des années 2000. En un mot comme en mille : une masterclass !

A écouter d'urgence : Tout, mais surtout les six minutes divines de "Space Dementia''
A zapper : "Screenager", ballade décousue qui fait pâle figure à coté des autres pépites

Retrouvez Muse sur son site officiel et sa page Facebook officielle.
Ecoutez et/ou téléchargez la discographie de Muse sur Pure Charts.

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