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"Je te donne" : pourquoi le sens du tube de Jean-Jacques Goldman a été mal compris

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
"Je te donne" est devenu un des monuments de la chanson française. Pour le nouvel épisode du podcast "Face A", Michael Jones raconte l'histoire de son duo culte avec Jean-Jacques Goldman, son rapport au succès et les raisons pour lesquelles la chanson a été mal comprise.
Crédits photo : Purecharts
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« Je te donne toutes mes différences, tous ces défauts qui sont autant de chances ». Depuis bientôt 40 ans, ces paroles cultes sont entrées dans la mémoire collective. Cet hymne à la tolérance qu'est "Je te donne" est aussi devenu l'un des morceaux les plus intournables du répertoire de Jean-Jacques Goldman, scellant également son amitié avec Michael Jones. Pour un nouveau numéro du podcast "Face A" de Purecharts, le guitariste gallois nous raconte la naissance de ce tube légendaire. Après avoir rencontré Jean-Jacques Goldman au sein du groupe Thaï Phong (« un coup de foudre immédiat »), le musicien devient l'un de ses amis proches. C'est ainsi logiquement qu'en 1985, Goldman lui propose d'enregistrer un duo : « Il m'a amené la maquette avec son texte et il m'a dit : "Voilà ça raconte notre histoire, donc il faut que toi, tu chantes ta partie en anglais. Et il faut que tu écrives le texte". J'ai écrit le texte en anglais qui raconte notre histoire version britannique et lui la raconte, version française. Et il se trouve que ça a parlé à beaucoup de gens ».



"Ce n'est pas une chanson contre le racisme"


Ce titre humaniste, entre français et anglais, devient un succès immédiat. Sorti en single en octobre 1985, dans la foulée de "Je marche seul", "Je te donne" devient tout simplement le plus gros succès de la carrière de Jean-Jacques Goldman, avec 1,1 million d'exemplaires vendus et huit semaines passées au sommet du Top 50. Si la chanson a été inspirée à l'artiste par la montée du Front national au début des années 80, il ne s'agit en aucun cas d'une chanson contre le racisme, comme l'ont pu le croire de nombreuses personnes. « La chanson parle de nos vies à nous, du fait que deux personnes d'horizons totalement différents, de pays différents, de cultures différentes puissent se rencontrer et avancer ensemble. C'était en pleine période de "Touche pas à mon pote" et les gens ont pensé que c'était une chanson contre le racisme. Pas du tout ! C'est pour le métissage » précise Michael Jones.

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"Que ça devienne un succès, j'ai été le premier surpris"


Pour le guitariste jusqu'alors dans l'ombre, les projecteurs se braquent immédiatement sur lui. A notre micro, il assure ne pas avoir mal vécu ce soudain succès : « Je me suis trouvé dans une situation où sans avoir touché de l'argent sur la vente des disques ou quoi que ce soit, les banquiers me disaient oui à tout. Par contre, je ne pouvais plus emmener mes enfants à l'école ou aller faire les courses au supermarché ». Michael Jones est lui-même le premier étonné que ce titre ait autant fonctionné : « Quand on a écrit le texte, c'était juste une chanson géniale. Que ça devienne un succès, j'ai été le premier surpris. Je me suis fait emporter par la vague sans que je comprenne vraiment pourquoi ».



A LIRE - Michael Jones en interview : "On a fait ces reprises de Goldman sans les trahir"

Après ce tube, la collaboration entre Jean-Jacques Goldman et Michael Jones a continué de plus belle, culminant dans les années 90 avec le trio Fredericks Goldman Jones, derrière les énormes succès "A nos actes manqués" et "Né en 17 à Leidenstadt". « C'est facile de travailler avec Jean-Jacques en général. C'est un très bon musicien et c'est un artiste exceptionnel. Donc il sait ce qu'il veut et il sait comment le demander. Il sait aussi laisser libre cours aux idées des autres. Et c'est un rassembleur de bonnes idées » sourit l'artiste à notre micro, toujours partant pour parler de son ami aujourd'hui retiré des médias : « C'est toujours un plaisir. Chanter n'importe quelle chanson de Jean-Jacques, c'est toujours un plaisir. Et c'est pour ça que je continue ».

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