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vendredi 23 mars 2012 19:30
Madonna revient à l'essentiel avec l'album "MDNA"
Par
Jonathan HAMARD
| Rédacteur
Alors, ce nouveau Madonna... Que vaut-il finalement ? Tout le monde en parle ou presque. "MDNA" sonne le retour de La Madone, celle que l'on surnomme encore aujourd'hui la "Reine de la Pop". Pas question pour elle de remettre son titre en jeu. Elle a concocté une dizaine de chansons dans l'air du temps, un peu avant-gardiste mais pas trop, quelque peu rétro mais assez électrique pour dynamiser le paysage musical.
Si la carrière de Madonna est longue, elle est aussi ponctuée de tubes témoignant de la variété des registres dans laquelle la chanteuse s'est illustrée durant ces trente dernières années. Il n'est jamais évident de traverser les décennies sans prendre une ride, ni même lasser le public. Il est nécessaire de savoir se renouveler en tant qu'artiste, quitte parfois à se trahir dans le fond pour espérer perdurer. Pas facile de contenter le public séduit par les titres "Like A Prayer" à la fin des années 80, ceux ayant été convaincus par la touche électro de William Orbit à la fin des années 90, celle de Mirwais au tournant du siècle, et même par l'apport urbain que Pharrell Williams et Justin Timberlake avaient apporté à l'univers de La Madone pour son précédent album "Hard Candy" en 2008. A écouter dans sa globalité pour être appréhendé. Se renouveler. Oui, mais avec un ami de longue date. Madonna a fait appel aux talents du Britannique William Orbit pour lui confectionner des morceaux du même niveau que "Ray Of Light", "Substitute For Love" ou encore "Frozen" (1998). Pari tenu pour le tandem qui ravit une fois encore nos oreilles. Oui mais Le producteur a fouillé dans le passé pour proposer l'un des titres les plus réussis de cet album, à savoir "I'm A sinner", qui pourrait être une chute de l'album "Ray Of Light". Une chanson aussi très proche d'un autre morceau que William Orbit avait réalisé pour Madonna en 1999 : "Beautiful Stranger". "I'm A Sinner" n'en demeure pas moins un mid-tempo plutôt accrocheur sur lequel la voix étirée de la chanteuse n'est pas sans rappeler le final du titre "Ray Of Light". Idem pour le pont qui précède le dernier refrain. Faut-il y voir une illusion ou un manque cruel d'inspiration ? Certainement pas ! Car l'écoute des douze titres de l'album "MDNA" nous ferait mentir même si les références à ce que l'artiste a produit par le passé sont nombreuses. Ce n'est pas pour rien que cette douzième galette s'intitule "MDNA" : l'ADN de Madonna. Plus que son patrimoine génétique, c'est d'une certaine manière son histoire que Madonna a décidé de nous présenter, en musique et avec ses propres mots. Et comme toutes les histoires ont une fin, ici heureuse, elles ont un commencement, ici moins évident. « It's so hypnotic » ! C'est ainsi que s'ouvre l'album sur le son de "Girl Gone Wild". Un titre très produit qui annonce la couleur en nous plongeant dans une ambiance érotico-électro-eighties-euro dance. Beaucoup de bruit pour finalement s'excuser de nous offenser : « Oh mon Dieu, je suis désolée, si je vous ai offensé » nous dit Madonna avec une voix qu'on peine à reconnaitre. Une remarque valable pour la presque totalité des titres. Normal : les beats saturent. Benny Benassi a mixé la voix et les sons à outrance pour cette chanson qui aurait pu servir à n'importe quelle autre chanteuse pop, ce qui n'est pas le cas de "Gang Bang". Ce morceau célèbre les retrouvailles entre La Madone et William Orbit. Première rupture d'un disque tout en nuance ! Plus élitiste mais surtout plus intéressant, ce titre a été construit sur une ligne de basse sur laquelle s'ajoutent coups de revolver et sirène de police. Une course après le temps où la voix tient un rôle prépondérant jusqu'à une vraie cassure. La dernière minute fait la part belle à la vulgarité assumée de Madonna sur des nuances de sons brutales. On reste dans le domaine de l'érotisme, ce qui manquait depuis bien longtemps à l'univers de la chanteuse, "très branchée sexe" durant ses jeunes années. Sauf que Madonna a aujourd'hui 53 ans ! Mais elle entend rester la « Reine de la pop », ce qualificatif qu'elle porte toujours aussi bien : "I'm Addicted" en est un nouveau témoignage. Rarement l'artiste aura chanté sur des morceaux aussi produits. Une bombe pour les dancefloors signée Benny Benassi, ce DJ italien qui aura finalement été contacté pour réaliser les titres au tempo les plus rapides. Massif, "I'm Addicted" remplit très largement sa mission : rendre addict. Une vraie drogue, une surenchère de sons électro sur lesquels Madonna chantonne « MDNA, MDNA, MDNA ». On notera au passage la référence au titre "Like A Prayer" dans le texte : « something happens to me when I hear your voice and I have no choice ». Comprendra qui voudra mais au-delà de se prendre une claque, "I'm Addicted" nous donne cette impression d'être sous l'emprise d'amphétamines (à très haute dose). Et alors que l'on croit enfin pouvoir respirer, Martin Solveig fait les présentations avec "Turn Up The Radio", le titre ayant le moins de saveur, passe partout mais permettant la transition. Car ce douzième album, s'il est un patchwork de différents producteurs qui n'ont pas grand chose en commun, demeure homogène. On note même une progression dégressive où, au fil des titres, les arrangements sont moins lourds pour finalement se réduire à de l'acoustique sur la ballade "Masterpiece". "Turn Up The Radio" sonne donc très Solveig, c'est à dire beaucoup plus léger que les trois précédents titres. Ambiance eighties pour une piste qu'on passera sans hésiter pour se dandiner sur "Give Me All Your Luvin'", plutôt distrayant. Arrivé à "Turn Up The Radio", une fois l'effet de toutes ces drogues estompé, commençait à naître ce sentiment d'ennui, vite oublié grâce à "Give Me All Your Luvin'". Un nouveau souffle aussi apporté par les voix de Nicki Minaj et M.I.A que Madonna pourra donc remercier au passage. "MDNA" se termine mieux qu'il a commencé. Voix que l'on retrouvera sur la chanson "I Don't Give A...". La rappeuse a encore une fois posé son flow sur l'un des titres annonçant une nouvelle segmentation dans l'album. Madonna adopte un tout autre ton pour se livrer totalement, parlant à cur ouvert : « J'ai essayé d'être une fille bien. J'ai essayé d'être une épouse. Je me suis rabaissée. », se justifiant en évoquant son divorce avec Guy Ritchie. Et c'est Nicki qui scande en fin de morceau qui est la « Reine de la Pop » : Madonna, évidemment ! Un titre qui se termine en apothéose sur des échos. Un très bonne idée pour faire la transition, particulièrement intéressante. Entre temps, on a pu entendre "Somes Girls" et "Superstar". Le premier pourrait bien encore être une chute de l'album "Ray Of Light" et n'est pas sans rappeler aussi cette manière de chanter qu'on entendait davantage dans les premiers morceaux de Madonna comme "Like A Virgin". Ce n'est sans doute pas pour rien que la chanteuse y fait directement référence dans le texte : « like a virgin, sweet and clean ». Plus entêtant, mais avec une production métallique pas toujours agréable à entendre, "Superstar" semble lui aussi très proche de ce que l'artiste chantait à ses débuts. Du moins dans l'interprétation. Ça sonne très 80's dans les arrangements et les beats s'estompent. A noter cette manière de mentionner d'anciennes stars ou célébrités comme ce fut le cas sur le titre "Vogue" au début des années 90. Sont cités au fil du morceau : Marlon Brando, Michael Jordan, Al Capone, Abraham Lincoln ou encore James Dean. "I Don't Give A..." annonce donc un nouveau tournant. Après des titres plus light et eighties, on enchaîne sur quatre morceaux signés Orbit dont "I'm A Sinner" : le cur de "MDNA". "Love Spent" est de notre côté le coup de cur de cet album. Avis subjectif. Un single potentiel mais pas sûr que les auditeurs reconnaissent la voix de Madonna tant celle-ci a été transformée. Le point fort de "Love Spent" : sa construction progressive. Un banjo (du moins ce qu'il en reste) en ouverture pour terminer sur des percus et différents sons électroniques plus doux. C'est à partir du deuxième refrain qu'on se laisse embarquer et le final semble tellement déconnecté du reste. On en serait presque déconcerté lorsque la guitare de "Masterpiece" résonne. Plus rien ! Ne reste presque que la voix (et quelques cordes en fond pour égayer le tout). C'est la première ballade de l'album qu'il est donné d'entendre. Un morceau qui fait figure d'ovni. Et "MDNA" se termine mieux qu'il a commencé avec "Falling Free". Emerge alors la sensation de légèreté. Apaisant, ce morceau se referme avec les mots « Free to go » ("libre de partir/de s'envoler"), contrastant avec « It's so hypnotic » de "Girl Gone Wild". L'accent n'aura donc pas été mis sur les mélodies, ce qui n'est plus le cas depuis déjà plusieurs années chez Madonna. Un choix qui se fait au profit de basses lourdes qui disparaissent progressivement pour laisser place à la voix de la chanteuse qu'on savoure sur "Falling Free". Il aura donc fallu attendre les deux seules ballades pour entendre ce grain de voix si particulier et si séduisant, soit l'essence de Madonna (l'ADN). A l'inverse, les textes gagnent en profondeur et en intensité au fur et à mesure que l'on avance dans ce disque, référencé et nostalgique. Martin Solveig et Benny Benassi permettent aussi à la chanteuse de rester dans l'air du temps, là où William Orbit propose des titres pop particulièrement bien construits et presque novateurs. Madonna démontre qu'avec ou sans beats électro, elle reste toujours Madonna. Madonna présente un album en harmonie avec le reste de sa discographie, dans la continuité de ce qu'elle a toujours fait mais plus novateur que le précédent "Hard Candy", au moins dans la construction des titres. "MDNA" est un bon album pop qui divisera par sa diversité, dance et acoustique à la fois, à écouter dans sa globalité pour véritablement être appréhendé.
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Écoutez et/ou téléchargez les albums "Ray Of Light" et "Hard Candy" de Madonna. Regardez le clip de "Gve Me All Your Luvin'" de Madonna : Regardez le clip "Girl Gone Wild" de Madonna : Podcast
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