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mardi 08 avril 2008 16:00

Kenza Farah en interview

Après avoir vendu plus de 200 000 exemplaires de son premier album "Authentik" dont elle a écrit la grande majorité des textes et reçu le trophée du "Meilleur artiste R'n'b" à L’Année du hip-hop, Kenza Farah vient de débuter sa première tournée et part à la rencontre de son public. Elle a répondu à nos questions.
Charts in France : Bonjour Kenza, ton premier album, "Authentik", a été certifié double disque d’or (Top 5 en 2007), marquant ainsi le succès dans ta jeune carrière, et ton parcours de plus de huit ans dans la musique. À 21 ans, penses-tu que les choses ont été vite (Nikolas Lenoir, journaliste) ? :
Kenza Farah : Je reconnais franchement que tout ce qui m’arrive n’est que du bonheur. Sans jamais oser le penser à voix haute, je l’ai toujours voulu et espéré. C’est vrai qu’au départ, ça paraît très haut et même inaccessible. Cette année a été très vite c'est vrai, avec beaucoup de surprises, d’émotions, de sentiments et cela fait que je suis évidemment contente de ce qui m’arrive.

Tu as été sacrée "Meilleur artiste R'n'b" aux Trophées "L’Année du hip-hop", comment as-tu vécu cette récompense ?
Ce trophée m’a fait énormément plaisir. C’est symbolique car il marque la reconnaissance du public. J’ai conscience de ça, mais je continue à prendre la vie comme elle vient et à apprécier chaque jour ce qu’il m’est offert de vivre. Je continue à travailler et je vis les choses simplement.

Comment appréhendes-tu cette première tournée ?
C’est vrai que pour moi, c’est quelque chose de nouveau. En fait, je la vis comme un bonus. J’apprends un peu plus chaque jour. C’est aussi une manière de me forger et de voir ce qui m’attend dans quelques années quand je ferai d’autres tournées. Dans ce sens, c’est également un entraînement et une concrétisation car je vais à la rencontre de mon public en défendant ce premier disque. Quand on me dit que j’ai vendu un certain nombre d’albums, ça me fait plaisir, mais ce n’est pas vraiment palpable. Par contre, de voir les gens devant moi en concert, c’est vraiment autre chose. Je me rends ainsi mieux compte que mes mots touchent le public. C’est un peu comme si on m’avait parlé de quelqu’un depuis longtemps et que je ne l’avais jamais vu (sourire). Et grâce aux concerts, je rencontre ces gens.

En ce début de tournée, dans quelles émotions es-tu ?
Je suis contente et impatiente. Nous avons déjà fait quelques dates et ça se met bien en place (ndlr : Kenza Farah sera notamment à La Cigale de Paris le 18 mai prochain). Le stress vient une demie-heure avant, quand on se prépare pour monter sur scène… Mais nous sommes dans une bonne ambiance et ça se passe vraiment bien.

Dans un milieu R'n'b ou rap plutôt masculin, comment as-tu réussi à t’imposer ?
Déjà, je montais sur scène à Marseille dans toutes les fêtes de quartier et c’est vrai que j’étais une des rares filles à le faire, donc j’ai rapidement côtoyé le milieu masculin. Je suis aussi très entourée de garçons dans mon label, et je pense qu’avant tout ce sont le respect et l’amour de la musique qui nous unissent. Je ne pense pas avoir de formule magique (rires) ! Je reste moi-même et la musique fait le reste.

Ayant été repérée grâce à un Skyblog créé par l’une de tes premières fans, de quelle manière considères-tu qu’Internet a changé les rapports entre les artistes et les producteurs ?

Pour que cette personne puisse mettre mes sons sur Internet, il est intéressant de parler du cheminement. Quand je chantais à Marseille, je faisais des concours de chant, je me produisais dans les MJC, et petit à petit, cela m'a permis de rencontrer du monde et d’enregistrer gratuitement en gagnant les tremplins. Cela m’a ainsi permis de faire des maquettes que je distribuais ensuite gratuitement. Mes sons sont arrivés dans les téléphones, par l’intermédiaire des Bluetooths, puis sur Internet. C’est par ce moyen que mes premiers fans ont mis mes chansons en ligne, ainsi que des photos de mes premiers concerts. Pour en revenir à ta question, je pense que le Net est devenu un moyen de communication incontournable. C’est aussi une manière d’échanger, pour les jeunes notamment. Il y a un rapport plus direct des artistes au public et c’est bien car les gens sont ainsi plus rapidement au courant de ce qui se passe. Cela permet un vrai suivi. J’ai par exemple des gens qui m’écoutent depuis six ans, d’autres depuis huit ans, d’autres qui viennent de rejoindre l’aventure Kenza Farah… Je suis heureuse de cela car c’est vraiment une relation à long terme et Internet le favorise.

Comment trouves-tu tes sources d’inspiration ?

Je puise mon inspiration sur ce que je vis au quotidien, mais aussi sur ce que je vois, sur mon environnement. Il y a des choses qui me touchent mais que je ne vis pas forcément, et ça peut naître de ce que me racontent mes amis, d’une émotion après avoir vu un film, un reportage par exemple. Je suis vraiment sensible à tout ce qui m’entoure. Mes émotions viennent ensuite prendre vie sur mon cahier.

Peux-tu nous parler de la mise en musique des textes et des choix d’arrangements ?
Sur ce point là, je travaille à la base comme une artiste de rap. C’est mon équipe qui me donne des palettes d’instrus. Il peut y avoir quarante instrus sur un CD par exemple, je les écoute et j’en sélectionne quelques uns. Quand le morceau me plaît, le thème va me venir tout de suite. En écoutant une musique un peu douce ou à tendance hispanique, cela va m’inspirer "Mi Amor". Pour le titre "Je me bats", je voulais porter un texte autobiographique sur mon histoire, un peu comme une carte de visite. Quand j’ai écouté l’instru de ce qui allait donc devenir "Je me bats", j’ai vraiment accroché aux notes de piano du début, et j’ai écrit ce texte sur cette musique.

On découvre dans ton album des choses aussi différentes que l’amour et la guerre par exemple. Selon toi, comment le public s’authentifie aussi rapidement à tes textes ?
Je pense que ce sont des problèmes de société, des choses qui touchent un minimum en fait. J’ai 21 ans, ces sujets m’ont touchés, et c’est aussi pour cela que j’ai voulu en faire part au public. Dans le R'n'b, et dans la vie en général, l’amour joue un rôle important, mais il n’y a pas que ça. J’ai donc aussi voulu parler d’autres choses comme les gens qui souffrent, ceux qui n’ont pas la chance que l’on a, qui sont dans la misère et aussi dans la cruauté de la guerre. J’ai voulu faire quelque chose de très varié et au final, je suis contente car l’album est vraiment éclectique et c’est ce que je voulais.

Il y a un texte très fort qui s’intitule "Cris de Bosnie", et que tu chantes avec le groupe Le Silence des Mosquées. Peux-tu nous parler de ce titre et de cette collaboration ?
"Cris de Bosnie" est un morceau que j’écoute depuis que je suis petite. En grandissant, je reprenais parfois des chansons du groupe Le Silence des Mosquées. J’ai donc ainsi régulièrement interprété "Cris de Bosnie" a cappella, avec mes sœurs… Je l’avais même enregistré chez moi et sur ces premiers enregistrements, je me souviens qu'on pouvait même entendre les bruits de chaises de mon frère qui était à côté… (rires) Bref, une de mes sœurs l’a envoyé à une copine, qui l’a envoyé à une copine, et il s’est ainsi retrouvé sur le Net. Il a également été mis sur le Skyblog et en très peu de temps, il a eu un million d’écoutes ! J’étais agréablement surprise et c’est toujours la même émotion quand je la chante dans les concerts, mes fans chantent tous le refrain. Ca fait vraiment chaud au cœur, parce que c’est une reprise du Silence des Mosquées, mais aussi avant tout un message de paix, un message universel qui s’adresse à tout les peuples. Ensuite, comme le public a aimé le titre, et que la chanson a connu un bel engouement, j’ai décidé d’inviter le groupe sur mon album, afin que l’on reprenne cette chanson ensemble. Je voulais ainsi qu’elle soit enregistrée comme il se doit et qu’elle ait la reconnaissance qu’elle mérite. C’est un message de paix et de fraternité.

Peux-tu nous donner quelques infos sur "Authentik Mix Tape", un opus qui sera disponible dans les bacs le 21 avril prochain ?
Ce CD comportera tous mes sons de l’underground. Ce sont les sons avec lesquels j’ai commencé, donc c’est en quelque sorte mon CV musical. Il y aura des chansons de 2000 à 2006. À partir de là, il y a deux ans, j’ai travaillé sur "Authentik", actuellement en bacs. Il y aura beaucoup de titres nés de collaborations avec des rappeurs par exemple. C’est quelque chose que je devais à mon public, à tous ceux qui me suivent depuis pas mal d’années maintenant. Il y aura tout ce, avec quoi je me suis fait connaître au départ sur un même disque, avec des freestyles que j’ai fait durant cette année et des inédits. Le tout mixé par DJ Roc J ! Je suis contente de voir que certains titres que j’ai enregistrés il y a huit ans par exemple, se retrouvent sur un vrai CD, et pas un CD gravé (rires) ! Ca résume très bien mon parcours avant l'album "Authentik".

Tu participes aussi à l’album de G.A.P. du groupe Soosol, peux-tu nous en dire un peu plus sur cette collaboration ?

G.A.P. est un rappeur de Marseille avec qui j’ai collaboré il y a environ trois ans. Il participe d’ailleurs à "Authentik Mix Tape". Son groupe Soosol est un groupe incontournable de l’underground marseillais. Je les respecte et je les aime énormément. Ils font partie des gens qui ont fait appel à moi avant, quand il n’y avait pas toujours des possibilités d’enregistrer. Il avait voulu faire un son avec moi, et aujourd’hui c’est tout à fait normal que l’on retravaille ensemble, que l’on retravaille le morceau, et qu’il soit sur l'album à paraître ce mois-ci si tout va bien.

En parlant d’album justement, il semble que tu sois déjà en préparation de ton prochain opus. Peux-tu nous parler des thèmes que tu souhaites aborder, des collaborations que tu envisages ?
Je veux avant tout que l’on reconnaisse le son Kenza Farah et que ce soit dans la continuité de mon premier album, "Authentik". Il y a seulement un an qui s’est écoulé depuis la sortie de ce disque, mais j’ai beaucoup gagné en maturité. Tout ce que j’ai vu, ce que j’ai vécu, m’a apporté beaucoup d’émotions. Je veux vraiment amener quelque chose de novateur. Je veux aussi surprendre, car j’aime me dépasser dans tout ce que je fais. Je m’y donne à fond, et j’espère que le public y sera réceptif.

Tu penses le sortir à quelle période ?
Je l’espère en octobre.

Quels sont les disques que tu écoutes actuellement ?

J’aime beaucoup l’album de Mary J Blidge en ce moment. J’écoute aussi souvent le dernier single de Keny Arkana.

Pour finir, en ce début de tournée, quel message aimerais-tu transmettre à ton public et à celles et ceux qui liront cette interview ?
Déjà, un grand merci à tous pour le courage et la force que vous me donnez. J’espère que la tournée va bien se passer et que tout le monde en sera content.

Merci à toi Kenza pour ta gentillesse, ta sincèrité, et d'avoir répondu à nos questions en toute simplicité.
Merci Nikolas. Ca m’a fait plaisir.

Pour en savoir plus, visitez son MySpace officiel.
Pour réserver vos places de concert, cliquez sur ce lien.
Pour écouter et/ou télécharger le premier album de Kenza Farah, "Authentik", cliquez sur ce lien.
Redécouvrez le clip du dernier single de Kenza Farah, "Appelez moi Kenza" :
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