Kenza FarahR'n'B, Groove » R'n'B Français
samedi 02 mars 2019 14:28
Kenza Farah en interview : "Ma bonne étoile s'est égarée dans les moments difficiles"
Kenza Farah revient après quatre d'absence. Pour Pure Charts, l'artiste se confie en interview sur son nouvel album "Au clair de ma plume", sa pause, la période difficile qu'elle a traversée, et de l'évolution de la musique urbaine. Rencontre !
Crédits photo : Franck Gomez
Propos recueillis par Julien Gonçalves. Ton nouvel album "Au clair de ma plume" vient de sortir, après quatre ans d'absence. Pourquoi cette longue pause ? J'ai enchaîné cinq albums sans répit, donc cinq tournées. J'avais besoin de faire une petite pause. Pour pouvoir écrire et être inspirée, il faut vivre. Quand tu n'es qu'en tournée et en studio, tu as du mal à trouver l'inspiration car on ne peut pas vivre autre chose que la musique. Et puis j'ai sorti des titres entre les deux albums. Je donnais quand même des nouvelles à mon public. Et on a la chance de rester connectés via les réseaux sociaux. J'ai pris le temps de vivre, de profiter de ma famille, j'ai voyagé, je me suis ressourcée. Commencer aussi quelque chose de totalement nouveau dans ma manière de travailler et de voir la musique. "On peut s'oublier en tant qu'artiste" C'est-à-dire ?Sans contrainte, sans deadline, sans la précipitation de sortir des albums. J'ai vraiment pris le temps de faire les choses comme j'en avais envie. J'ai essayé de ne pas me mettre de pression et c'est vrai que je ressentais l'envie de revenir. Et quand je rencontrais des personnes dans la rue, on me demandait des nouvelles de l'album. Je ne voulais pas les laisser sur leur faim. Je savais que j'allais revenir mais il fallait que je prenne du temps pour moi. Les moments importants dans la vie... On peut s'oublier en tant qu'artiste en voulant faire du bien aux autres. Le titre "Photos" est assez sombre. Tu chantes "Même mon sourire est en deuil / Même dans la foule je me sens seule". Tu as traversé une période compliquée ? Oui... C'était un état d'esprit à ce moment-là. Il y a eu pas mal de changements dans ma vie personnelle et professionnelle. Il y a eu des moments difficiles où j'ai du changer plein de choses, comme dans la vie de Monsieur et Madame Tout le monde. Il y a des séparations... En tant qu'artiste, on est obligé de montrer la meilleure façade mais parfois ça ne va pas. J'avais l'impression de me perdre et même en étant très entourée, il fallait que je m'éloigne et que je me retrouve avec moi-même. C'était très important pour moi. Regardez le clip "Photos" de Kenza Farah : Tu n'as pas perdu le goût pour la musique ? C'est toujours là ! La musique, ça m'accompagne tout le monde. Avoir la chance de sortir un album, d'être en studio, de faire de la musique, c'est une chance. Mais la musique est là chaque jour dans mon quotidien : chez moi, sous ma douche, dans ma voiture. Je n'ai pas perdu ce côté-là et c'est aussi pour ça que je proposais des titres à mon public pendant la pause. C'est ma manière de communiquer. "Ma bonne étoile s'est égarée dans les moments difficiles" Sur le titre "Au clair de ma plume", tu dis "Ma bonne étoile s'est égarée". Tu as ressenti ça ?Oui, un peu... En tant qu'artiste, parfois on n'a pas trop le droit de se plaindre car ça fait rêver. Mais on peut vivre des choses difficiles sauf qu'on doit garder ça pour nous. Ma bonne étoile s'est égarée dans les moments difficiles où j'ai pu remettre en doute certains choix ou ce qui m'arrivait. Comment a débuté la création de ce nouvel album ? J'ai recommencé à écrire, tout simplement. C'était assez naturel. Je me suis réconciliée avec ma plume d'où le nom de l'album "Au clair de ma plume", car j'écris souvent la nuit. J'ai commencé à renouer avec la musique, à chercher des mélodies, m'approcher de compositeurs actuels et à retourner en studio. Tu chantes également "Ils m'ont fait tomber comme le World Trade / Ils ont essayé de me détruire". De qui parles-tu ? C'est un ressenti global. C'est un milieu, un peu... Un jour on t'aime, le lendemain on t'oublie. Ça fait partie du jeu. C'est dans ces moments-là qu'on voit vraiment les personnes qui sont là dans les hauts et dans les bas. Même dans les choix que j'ai pu faire, certaines personnes n'ont pas forcément compris ou approuvé, et il y a ceux qui comprennent et qui restent. Je pense que oui, quand c'est un peu plus difficile, les portes sont un peu plus fermées. Mais j'ai toujours été une battante. Si la porte est fermée, on passe par la fenêtre ! (Rires) Regardez le clip de "Bandit" par Kenza Farah : La musique urbaine a beaucoup changé depuis ton dernier album. Ça été facile de s'adapter musicalement ? Je suis mélomane donc j'écoute tout le temps de la musique, j'entends ce qu'il se fait. En travaillant avec des compositeurs actuels, je vais aller sur des terrains nouveaux que je n'ai pas forcément testé avant. Et de laisser parler mon coeur tout en suivant mon instinct. Il faut que ça me plaise. C'est un peu compliqué d'attirer l'attention de tout le monde C'est important d'avoir un tube pour toi aujourd'hui ?Aujourd'hui, non. C'est mon sixième album donc c'est le moment de faire ce que j'aime, de m'éclater en studio, de ne pas penser à l'après. Je fais un son et le public décide de le faire vivre, et c'est lui qui choisit si c'est un tube ou pas. Il n'y a pas de formule magique. Sur l'album "Karismatik", tu avais tenté de nouvelles sonorités, notamment sur le single "Yatayo", qui ont pu dérouté. Tu as des regrets ? J'aurais pu retourné dans un créneau complètement décalé parce que je ne regrette absolument de l'avoir fait. Après cinq albums, quand tu es dans une routine, tu as besoin de t'éclater. Ce serait triste et monotone de faire que ce que le public aime. Et ce ne serait pas naturel. Je ne dois pas faire les choses par contraintes. Ton son a beaucoup évolué depuis ton premier album. Comment on fait pour ne décevoir personne ? Ce n'est pas évident de trouver l'équilibre. Mais cet album, dans la création, dans les textes, dans le côté nonchalant, il se rapproche énormément du premier album. Je l'ai fait avec la même démarche artistique dans ma tête. J'ai toujours ce côté urbain, je ne peux pas le gommer, c'est mon identité. Après, je m'adapte aux sonorités actuelles bien sûr. Mais on ne peut pas plaire à tout le monde. Et puis mon public a grandi, ça fait 13 ans que je fais ce métier. C'est un peu compliqué d'attirer l'attention de tout le monde donc c'est pour ça que je me concentre sur ce que j'aime, comme ça je n'aurai pas de regrets. Marwa Loud ou Aya Nakamura cartonnent sur le créneau de la pop urbaine. Ça fait plaisir, j'imagine ? C'est super positif. Ces dernières années, on était dans une ère très très rap et là j'ai l'impression qu'il y a de plus en plus de femmes qui s'imposent. Tout le monde propose quelque chose de différent. Cette musique est tellement diverse, il y a de l'afro, de l'oriental, de la pop. L'urbain, c'est vaste, il y a de la place. J'espère qu'il y aura encore plus de femmes qui vont s'imposer sur la scène urbaine. En tant que femme dans ce milieu, ça a été parfois difficile de t'imposer ? Honnêtement pour moi, non. J'ai toujours grandi dans ce milieu-là. On est conscient que dans les studios, dans l'industrie, c'est un milieu masculin. Il n'y a pas beaucoup de filles qui composent. On évolue dans un milieu masculin mais quand on sait ce qu'on veut, qu'on sait s'imposer, je n'ai vu aucun souci. J'ai plutôt été accueillie comme la petite soeur. Regardez le clip de "Au clair de ma plume" de Kenza Farah :
Pour plus d'informations, rendez-vous sur la page Facebook de Kenza Farah..
Écoutez et/ou téléchargez "Au clair de ma plume" sur Pure Charts. Podcast
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