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mercredi 27 novembre 2024 17:10

Kendrick Lamar est-il toujours le meilleur rappeur ? Notre critique de l'album "GNX" !

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Kendrick Lamar créé la surprise avec son nouvel album "GNX", sorti vendredi soir. Plus direct que son prédécesseur mais toujours aussi dense, que vaut ce disque événement du rappeur américain ? Notre critique sur Purecharts !
Crédits photo : DR
Il ne manquait plus que lui ! Dans une année surchargée en retour de mastodontes, de Taylor Swift à Beyoncé en passant par Justin Timberlake ou Billie Eilish, Kendrick Lamar vient donc jouer les trouble-fêtes. Vendredi à 18 heures, le rappeur américain a publié un nouvel album surprise, "GNX", deux mois et demi avant sa performance à la mi-temps du Super Bowl. La légende est déjà en marche : selon les bruits de couloir, même son label a été mis au courant au tout dernier moment. Quitte à décevoir Father John Misty, victime d'une drôle de malédiction puisque les deux artistes américains se retrouvent à chaque fois à sortir leurs albums au même moment. C'est ainsi avec autant d'impatience que d'appréhension que l'on lance l'écoute de ce sixième opus, encore déçu par son prédécesseur. Mais oubliez la prétention et l'ambition démesurée du double opus "Mr. Morale & the Big Steppers". Sur "GNX", Kendrick Lamar revient à l'essentiel, à l'évidence aussi. 44 minutes, 12 morceaux et autant de claques.

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Kendrick passe la sixième vitesse


"Wacced Out Murals", la chanson d'introduction, donne le ton entre ouverture hispanique via la voix de la chanteuse mariachi Deyra Barrera, gros synthés, cuivres dignes d'un péplum gladiatoresque et gros beat urbain. Le mélange des genres est toujours là, mais Kendrick sait parfaitement l'homogénéiser. Le tout avant d'enchaîner avec "Squabble Up", sorte de suite logique de son énorme tube surprise "Not Like Us", sorti plus tôt dans l'année où il clashe violemment Drake. Dans le même esprit, "TV Off" le voit clamer haut et fort : « All I ever wanted was a Black Grand National / Fuck being rational, give 'em what they ask for ». Et lâche un « Mustaaaaaarrrrrd » (en référence au producteur DJ Mustard) d'ores et déjà viral. A côté, "Reincarnated" est traversé par une ambiance latino à la Santana, "Luther" et "Heart pt.6" ravivent la flamme d'un R&B rétro, et l'énorme "Dodger Blue", sommet du disque, n'aurait pas dépareillé sur un des derniers albums de The Weeknd.

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A ce titre, "GNX" est un mélange des genres qui fait mouche, à l'image de ses deux producteurs principaux : Sounwave, fidèle collaborateur du rappeur, ainsi que Jack Antonoff, l'artisan des succès pop de Taylor Swift, Lana Del Rey ou Sabrina Carpenter. S'il a fait appel à ce hitmaker new-yorkais, c'est pourtant à ses racines californiennes que Kendrick Lamar rend hommage tout au long de l'album, distillant ci et là des clins d'oeil au G-funk, Luther Vandross ou Tupac Shakur, tout en relatant son passé dans le quartier de Compton. Si certains essaient de déceler de nouvelles piques adressées à Drake dans les paroles, le rappeur fait un constat souvent amer de sa carrière, et se déçoit notamment que seul Nas l'ait félicité à l'annonce de sa participation au Super Bowl... qui avait scandalisé Nicki Minaj. « Je mérite tout ce qu'il m'arrive » martèle-t-il pourtant sur le simple mais juste "Man at the Garden", morceau le plus personnel (et l'un des plus réussis) du projet.



Riche et sophistiqué


Mais ce qui frappe sur "GNX", plus que le travail de production aux petits oignons, c'est surtout la voix de Kendrick Lamar, qui change de registre sur chaque titre. Tour à tour malicieux, sensible, fragile, sombre, menaçant ou délirant, jamais celui qu'on surnomme Kung Fu Kenny ne s'était autant amusé, donnant naissance à autant de chansons que de protagonistes. Preuve en est le trap et malicieux "Peekaboo" où il étale son flow avec une aisance insolente. Aussi, et a contrario de ses collègues, Kendrick Lamar se passe de duos calibrés pour booster les compteurs. Mis à part SZA et Roddy Rich (connu pour son tube "The Box"), il donne sa chance à des petits nouveaux, comme Dody6, Lefty Gunplay ou Hitta j3, qui font des ravages sur "Hey Now" ou "GNX". Une volonté peut-être liée au fait d'être moins à la recherche du tube qu'à l'époque de "Alright" ou "Humble"...



Multipliant les influences sans jamais se perdre dans des poses trop prétentieuses, "GNX" apparaît comme un nouveau sommet de la carrière de Kendrick Lamar qui, comme à chaque fois, mérite son lot d'écoutes pour être pleinement appréhendé. Dans la foulée de sa sortie surprise, Tyler, the Creator se fendait d'un message admiratif sur X, lui qui sur son dernier album "Chromakopia" se décrit comme « le plus gros artiste de [Los Angeles] après Kendrick ». Normal quand il s'agit des deux meilleurs disques rap US de l'année !

Loin du prétentieux "Mr. Morale...", Kendrick Lamar reprend sa couronne de meilleur rappeur américain sur ce puissant "GNX", à la fois sobre et riche. Autopsiant sa Californie natale avec nostalgie et amertume, la star offre un portrait intime et fort de sa vie et de son pays, à quelques mois de le représenter au Super Bowl. Dans la cour des grands !

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