Julie Zenatti

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C'est une chanson délicate et intime qui parle d'un traumatisme sur lequel elle s'était tue durant des années. Sur son nouvel album "Refaire danser les fleurs", Julie Zenatti raconte dans le titre "Plein phare" le jour où elle a été victime d'une agression sexuelle dans le quartier de Bastille, à Paris, lorsqu'elle était enfant. « Elle est très importante pour moi. Je voulais que Rose l'écrive car c'était un sujet un peu compliqué pour moi à écrire. Rose est sensible et extrêmement fine dans sa manière d'écrire. Elle m'a fait le cadeau de m'écrire la chanson que je voulais sur un thème important pour moi » confiait avec pudeur la chanteuse dans une interview accordée à Pure Charts l'an dernier, sans mettre encore de mot sur ce drame douloureux à porter.

C'est finalement au micro d'Europe 1, le 9 février dernier, que Julie Zenatti a révélé publiquement que la petite fille dont parle sa chanson était elle. « Aujourd'hui, avec la libération de la parole sur ces sujets, c'est revenu, c'est ressorti » a-t-elle expliqué hier soir dans le plateau de "C à vous", expliquant s'être retrouvée prise au dépourvu : « Je me suis fait, entre guillemets, "avoir" de façon très bienveillante, il y a quelques semaines, sur une émission à Europe 1 avec Philippe Vandel qui m'a posé une question. Ça m'a énormément étonnée que ça vienne d'un homme, qui m'a posé la question de savoir si cette petite fille c'était moi. C'est la première fois qu'on me posait cette question et pour la première fois j'ai répondu "oui". Oui, je fais partie des statistiques, j'ai eu une mauvaise rencontre très jeune" ».

"J'ai grandi avec une espèce de honte"

Interrogée par Anne-Elisabeth Lemoine, Julie Zenatti, très émue de prendre la parole sur le drame qu'elle a vécu, a précisé avoir pu confronter son agresseur devant la justice, une étape qui l'a aidée à surmonter cette épreuve. « Moi j'ai eu la chance d'être reconnue comme victime. La brigade des mineurs a été incroyable avec moi. Il a été arrêté. Et puis mes parents ont été formidables. Mais malgré tout, j'ai grandi avec une espèce de honte. D'ombre et de honte qui vous collent à la peau et vous savez pas trop d'où ça vient. Et on grandit avec ça. Beaucoup de gens ne comprennent pas pourquoi les femmes ont besoin d'exposer ça au grand jour. Mais parce qu'en fait, il n'y a rien de pire pour avancer dans la vie que la honte. Et la honte ça s'insinue dans tous les pores de la peau » a témoigné l'interprète de "Paisiblement fou", fière d'avoir eu le courage de porter cette chanson : « Elle existe et je n'en ai pas honte ».

Regardez les confessions de Julie Zenatti dans "C à vous" :

"Il faut de la bienveillance"

Parler publiquement de son passé a permis à Julie Zenatti de se rendre compte qu'il y avait encore du chemin pour faire évoluer les mentalités, vis-à-vis de la considération des victimes. Malgré le mouvement #MeToo, l'artiste de 40 ans dit avoir reçu son lot de commentaires désobligeants, l'accusant de vouloir se faire de la publicité : « Je n'imagine même pas toutes les femmes qu'on pointe du doigt et que l'on remette en cause la parole des victimes. Et quand, moi, ce petit incident s'est passé la semaine dernière, les commentaires que j'ai lus, venant pour la majorité de femmes, étaient : "Non mais ça va, c'est la mode de raconter une agression, mais pourquoi elle va pas déposer plainte chez les flics". Et en fait, c'est justement tout ça qu'il faut qu'on arrive à faire changer ». « Il faut de la bienveillance » a-t-elle conclu, en lançant un appel.