Julie Pietri

Crédits photo : France 2
Si vous êtes un inconditionnel de la musique des années 80, il est impossible d'être passé à côté de la voix et du visage de Julie Pietri. Armée de sa voix envoutante, la chanteuse a donné naissance à une poignée de succès populaires qui en ont fait l'une des artistes emblématiques de cette décennie. « Avant, j'avais eu une carrière assez longue sous le nom Julie tout court. C'est par l'album "Le premier jour" que je suis devenue Julie Pietri. C'était une volonté de ma part » révèle-t-elle dans un numéro de l'émission "Ça commence d'aujourd'hui" sur France 2, invitée à replonger dans sa malle à souvenirs. On l'oublie peut-être mais la musicienne s'est effectivement fait connaître à la fin des années 70 dans La Bande à Basile, à l'origine de chansons mythiques comme "La chenille" : « J'y ai fait mes armes, j'ai tout appris. Ça a été mon école à moi, c'était extraordinaire. J'ai été remarquée et j'ai pu enregistrer "Maria Magdalena", mon premier tube. Et puis il y a eu "Je veux croire", deuxième disque d'or et c'est comme ça que j'ai commencé à écrire mes textes ».

"J'y croyais tellement, j'étais sûre de moi"

En 1983, alors que sa notoriété gagne en ampleur, Julie Pietri enregistre le duo "Amoureux fou" avec Herbert Léonard, avant d'exploser dans les charts en 1986 avec "Eve lève-toi". Un titre numéro un des ventes et resté plus de six mois au Top 50 ! Pourtant, la chanson est née d'un conflit avec son ancien producteur... « Comme je ne m'entendais pas avec le producteur qui produisait mes chansons, je lu ai demandé mon contrat. C'était le producteur de Sheila, bien connu pour sa gentillesse : monsieur Claude Carrère. Il m'a dit : "Oui mais tu me dois des disques donc tu ne peux pas partir comme ça". Je lui ai alors demandé : "Qu'est-ce qu'il faut pour que j'ai ma liberté ?" » se souvient Julie Pietri. La réponse de l'homme d'affaires ? « "Ben... Tu me laisses tes royalties" ». Un comble alors qu'il percevait déjà des sommes conséquentes grâce à ses deux protégées ! « C'est vrai que tu as besoin sûrement de mon argent, entre Sheila et moi ! Pour avoir ma liberté, je lui ai laissé mon fric » révèle-t-elle.

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"On m'a reproché d'être féministe, homosexuelle..."

Un bras de fer sur une question de gros sous qui lui a donc inspiré le texte, féministe, de "Ève lève-toi" : « J'avais dans l'idée d'écrire un texte sur la liberté de la femme. Je vais un peu donner là-dedans et dire que les femmes doivent lever le poing. Bon, c'est passé complètement au dessus de la tête des gens car ils se font focaliser sur "elle danse" ! La puissance de la mélodie composée par Vincent-Marie Bouvot a pris le dessus ». Selon la chanteuse, le titre se serait écoulé « à 4-5 millions » grâce à son utilisation dans « beaucoup de compilations » au fil des années. Et ce succès, Julie Pietri est allée le chercher à la sueur de son front ! « On a travaillé jour et nuit. J'y croyais tellement, j'étais tellement sûre de moi ! C'était très étrange. C'est rare qu'on soit sûr de soi ! Sur cette chanson-là, j'étais portée par quelque chose de vital et je savais que je parlais aux femmes. C'était un hymne. Je le savais déjà quand l'a proposée à la maison de disques, qui m'a dit : "Bon, si on en vend 10.000, on fera peut-être un album par la suite" » rappelle Julie Pietri.




Si "Eve lève-toi" est aujourd'hui une oeuvre culte des années 80, elle n'a pas marché tout de suite. « On m'a reproché d'être féministe, homosexuelle, de faire de la musique arabe... Moi je me demandais de quoi on parlait ! Ça a été très dur, ça a mis six mois ». Là encore, la détermination de Julie Pietri a joué un rôle crucial : « Je suis parti avec un des premiers remixes, avec NRJ, faire toutes les grandes boîtes de nuit pendant l'été. Fin août, tout le monde m'appelait pour me dire que j'étais rentrée dans le top 50 ».

"On fabriquait des 45 tours jour et nuit"

Soudainement, Julie Pietri a été emportée dans un véritable tourbillon. « Les gens ont été submergés. On fabriquait des 45 tours jour et nuit, et ça a duré pendant six mois et demi ! J'ai été pressée comme un citron. "Drucker vous veut, machin vous veut"... Tout le monde me voulait ! J'y croyais tellement que le destin m'a servie » résume l'artiste, qui a traversé le temps et les générations grâce à cette chanson emblématique... mais qui a pu se demander si elle était à ranger dans la catégorie "ringarde". Heureusement, sa fille Manon l'a rassurée ! « Ah non maman. Mes copains et copines, quand ils t'écoutent, ils disent "respect" » lui a-t-elle répondu avec bienveillance. Le plus beau des compliments !