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"Là-bas" de Jean-Jacques Goldman : le fils de Sirima, assassinée, sort du silence

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Tube incontournable du répertoire de Jean-Jacques Goldman, le duo "Là-bas" est associé à l'histoire tragique de la chanteuse Sirima, assassinée en 1989 par son compagnon deux ans après le succès de la chanson. 32 ans après la tragédie, le magazine Gala a retrouvé la trace de son fils Kym Wiratunga, qui revient sur le drame et révèle avoir tenté de rentrer en contact avec Jean-Jacques Goldman.
Crédits photo : Bestimage
C'est une chanson entrée dans le coeur du public en 1987, et qui reste encore aujourd'hui l'un des duos préférés des Français. Sur son double album "Entre gris-clair et gris-foncé", Jean-Jacques Goldman invitait une jeune chanteuse britannique inconnue à partager le duo "Là-bas". Choisie comme deuxième extrait du disque après "Elle a fait un bébé toute seule", cette superbe ballade envoûtante s'était à l'époque classée deuxième du hit-parade et écoulé à plus de 600.000 exemplaires, propulsant du jour au lendemain Sirima Wiratunga sous le feu des projecteurs. Mais deux ans plus tard, son destin bascule en tragédie : alors que son premier album "A Part of Me" vient tout juste de paraître, la musicienne est assassinée à coups de couteau le 7 décembre 1989 par son compagnon. Elle n'avait que 25 ans et était maman d'un petit garçon prénommé Kym, âgé de seulement un an. Un drame qui avait profondément bouleversé Jean-Jacques Goldman, au point que lors de ses concerts, il n'a jamais pu chanté les parties de Sirima, laissant systématiquement le public combler les paroles et le vide laissé par sa perte.

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32 ans après le meurtre de Sirima, le magazine Gala est parvenu à retrouver la trace du petit garçon. Aujourd'hui adulte, Kym exerce la profession de commercial chez Virgin Media dans la ville de Manchester, au Royaume-Uni, où il réside. Que lui est-il arrivé lorsque son père a été condamné à neuf ans de prison pour avoir tué la chanteuse ? « Après le drame, ma grand-mère maternelle, Edith Navaratne, a obtenu ma garde et m'a ramené en Angleterre. J'ai d'abord été élevé dans la région du Fenland, puis j'ai pas mal déménagé afin que mon père ne nous localise pas. Nous avons fini par nous installer dans la petite ville de March » détaille-t-il pour nos confrères, lui qui se dit fier de porter le nom de famille de sa mère, Wiratunga : « C'est le nom que ma mère a fait enregistrer sur mon certificat de naissance, mais je lui en suis reconnaissant. Je préfère être associé à ma mère qu'à mon père ».

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"On m'a arraché une part de moi"


Grandir sans sa mère est une blessure qui ne se refermera jamais complètement pour le jeune homme, qui avait « cinq ou six ans » lorsque sa famille lui a expliqué ce qu'il s'était passé ce jour fatidique de 1989. « C'était dur de tout saisir et de reconnaître que mon père avait tué ma mère. J'ai grandi avec le sentiment qu'on m'avait arraché une part de moi. Je n'osais pas soutenir le regard des autres, encore moins évoquer le sujet » se souvient-il. Bien qu'entouré par ses grands-parents, Kym était un enfant déboussolé par les « sentiments confus » qu'il éprouvait vis-à-vis de sa mère : « Je trouvais éprouvant d'aimer quelqu'un dont je n'avais aucun souvenir, de la même manière qu'il m'était difficile de détester l'homme qui avait pourtant bouleversé nos vies. Mes émotions étaient très vives ». Aujourd'hui, Kym Wiratunga ne veut plus avoir affaire au meurtrier de Sirima. « J'ai passé l'essentiel de ma jeunesse à maudire cet homme que je ne connaissais pas et avec lequel je ne souhaitais aucun contact. Je n'en veux pas plus aujourd'hui » explique-t-il, catégorique : « Je ne pense pas être capable de lui pardonner un jour, ce n'est même pas une pensée qui traverse mon esprit, et je suis en paix avec cela ».

"J'ai cherché à joindre Jean-Jacques Goldman"


Avec le temps, Kym est devenu « plus curieux » d'en apprendre plus sur sa mère Sirima, sa personnalité, ses projets de vie. S'il reconnaît ne pas avoir beaucoup écouté "Là-bas", sans doute par pudeur, il dit avoir connaissance du lien privilégié qui unit Jean-Jacques Goldman aux Français grâce à cette chanson. « J'ai vu des extraits sur YouTube et la communion de Jean-Jacques avec ses fans sur ce titre est incroyable. Je n'en reviens pas à chaque fois que je visionne ces images. Une émotion m'étreint, mais elle est positive » confesse-t-il, en mettant fin, par la même occasion, aux rumeurs qui voulaient que Jean-Jacques Goldman l'ait adopté après la disparition de Sirima : « Elle est fausse ». Et pour cause, malgré ses tentatives, Kym Wiratunga n'est jamais parvenu à entrer en contact avec l'ex-patron des Enfoirés. « Il y a très longtemps, j'ai cherché à le joindre, mais je n'avais que son compte Facebook comme moyen de le faire et j'imagine que mon message a été noyé au milieu des centaines de messages de fans qu'il reçoit chaque jour » regrette le jeune homme. Il espère aujourd'hui que cette prise de parole interviendra en sa faveur : « Peut-être qu'il nous lira et qu'il se manifestera ? Qui sait… ».

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