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Grégoire en interview

Premier artiste français produit par les internautes, Grégoire a également trouvé le succès sur les ondes et dans les bacs. Son titre "Toi + Moi" est devenu l'un des tubes incontournables de cette année et son album est déjà disque d'or. Son parcours, ses chansons, ses projets, Grégoire s'est livré en toute franchise. Interview.
Bonjour Grégoire, quel a été ton parcours avant de croiser la route de MyMajorCompany (Nikolas Lenoir, journaliste) ?
Grégoire : J'ai d'abord eu un parcours assez classique. J'ai obtenu le Bac, j'ai fait trois ans d'études et plusieurs petits boulots. À 25 ans, je me suis dit que si je voulais faire de la musique, c'était soit artistiquement, soit financièrement en travaillant par exemple pour une maison de disques. J'ai ainsi répondu à une offre de stage chez Universal et j'ai passé deux ans au sein de leur service presse. À la fin de ce stage, j'avais toujours envie de faire de la musique même en connaissant l'envers du décor. D'ailleurs, Universal ne m'a pas déçu et m'a fait comprendre que cela était possible. Pendant toute cette période, je n'ai présenté aucune maquette. Je suis parti de la major en mai 2006 et j'ai pris un peu de vacances pour travailler mes chansons.

Comment s’est passée la rencontre avec les fondateurs de MyMajorCompany ?
À l'été 2007, j'ai appelé le réalisateur Franck Authié que j'avais rencontré lors d'une séance studio à Universal. Nous avons enregistré une maquette du 15 août au 15 septembre. Cela m'a servi de support pour rappeler mes contacts dont Anthony Marciano que j'avais croisé lors d'une soirée. Avec Sevan Barsikian et Michael Goldman, il avait monté une société qui s'appelle Bamago. Ils ont ainsi produit Amel Bent et Yannick Noah entre autres. Ils m'ont reçu et je leur ai présenté mon projet dans l'idée de Bamago. Sevan a été le premier à écouter ma maquette sur laquelle se trouvaient "Toi + Moi", "Donne-moi une chance", "Rue des étoiles", "L'ami intime" ainsi que trois autres chansons qui ne sont pas sur l'album. À la fin de cette rencontre, j'apprends qu'ils ont adoré et qu'ils veulent signer avec moi. Ils m'annoncent également qu'ils veulent faire un site qui s'appelle MyMajorCompany.

Quel était ton état d'esprit en arrivant sur ce projet pour le moins innovant ?
Quand je suis arrivé sur le projet en octobre, ils avaient presque tout mis en place pour le lancement du site en décembre. L'équipe de MyMajorCompany avait déjà tous leurs artistes pour ce qui peut sembler une première promotion et je ne crois pas qu'ils envisageaient d'en intégrer un autre. Au départ, ils me recevaient par politesse et ils m'ont ensuite proposé de faire partie de cette aventure. Ils m'ont présenté le site, j'ai réfléchi deux jours et je leur ai dit oui. Je suis le dernier à avoir signé avec eux et j'étais vraiment enthousiaste de cette collaboration.

Comment as-tu réagi en constatant que de plus en plus d'internautes contribuaient financièrement à la production de ce premier album ?
Tout est allé très vite car j'ai atteint les 70.000 euros nécessaires en six semaines, cela signifie que le 15 février, j'avais la somme nécessaire pour la production du disque. J'allais tous les jours sur le site pour voir comment les choses évoluaient et cela allait de plus en plus rapidement. La somme est passée de 55.000 à 70.000 euros en douze heures. Je me suis mis à préparer l'album, à trier des chansons écrites depuis dix ans... Il y a à peine un an, je rencontrais l'équipe de MyMajorCompany et le site n'était pas encore lancé donc les choses se sont très rapidement enchaînées. Encore aujourd'hui, je ne réalise pas vraiment ce qui m'arrive.

Considères-tu que cette méthode de MyMajorCompany est une solution efficace pour prendre en compte Internet dans l'industrie musicale ?
Il y a maintenant un département Web dans chaque maison de disques, ce qui n'était pas le cas il y a encore cinq ou six ans. Cela fait déjà un certain temps qu'elles ont pris conscience des nouveaux médias. En ce qui concerne MyMajorCompany, c'est un mode de production différent qui n'est d'ailleurs pas concurrent des autres maisons de disques. Ensuite, le marketing, la promotion… sont les mêmes. La seule chose dont les maisons de disques n'avaient peut-être pas conscience est le concept du label participatif. Ce n'est plus la question d'être sur Internet, c'est la question de comment interagir avec les internautes. Ce point là n'avait pas encore été développé.

Parlons maintenant de ce premier album. Comment est née cette chanson "Toi + Moi" qui est depuis devenue un véritable tube ?
Cela peut surprendre mais elle est née sur une trottinette. J'allais chez mon frère pour faire des peintures à Paris. J'avais cette mélodie dans la tête et en arrivant chez mon frère, je croise le regard plutôt sympathique d'une jeune fille. Il est 9h du matin et je ressors de chez mon frère vers 17h. J'ai le plaisir de recroiser cette fille mais la différence est que je suis couvert de peinture. Je la vois de nouveau mais cette fois, elle m'ignore. En se détournant, mon regard croise des gens de toutes origines et de tous milieux sociaux. Je me dis que les choses sont absurdes avec cette importance de l'apparence, le manque de communication… J'ai ainsi eu cette idée de "Toi + Moi", d'équation dans le sens que l'on s'additionne et que l'on donne un résultat. Les paroles du refrain sont venues très rapidement et j'ai écrit la suite au fur et à mesure. Je suis rentré chez des amis, je leur ai fait écouter la mélodie en leur demandant si cela leur rappelait quelque chose. Ils m'ont dit que non et je leur ai annoncé que j'avais créé cette musique. Je pensais qu'elle pouvait déjà exister.

Pourquoi penser que cette musique avait déjà pu être composée ?
Je ne veux pas que cela soit comparable mais il y a beaucoup de chansons qui fonctionnent et les gens ont l'impression de les avoir déjà entendues.

Le succès de cette mélodie est peut-être aussi lié à son côté ritournelle ?
J'adore les chansons françaises, les comptines, les chansons d'enfants… C'est d'ailleurs pour cela que j'ai repris À la Clairefontaine. J'aime beaucoup cette idée de redondance présente notamment dans les ritournelles, les farandoles... Pour "Toi + Moi", j'avais cette idée de boucle mais je voulais également commencer cette chanson par un refrain. Je n'ai jamais trouvé une mélodie qui allait bien pour la suite de mon refrain et repartait bien pour faire réintroduire ce refrain. J'ai donc fait le choix de répéter la mélodie. Cela m'a permis de faire la boucle avec la volonté que cela monte en puissance au cours de la chanson.

On retrouve une autre évocation de la farandole dans le clip de "Toi + Moi". Comment s'est passé le tournage ?
Nous avons proposé aux internautes qui ont produit l'album de venir participer au clip. Une caméra a été posée et chaque personne, chaque groupe avait trois minutes pour faire ce qu'il voulait. En ce qui me concerne, j'ai fait plusieurs scènes avec ou sans participant. On me dit souvent que le clip est très convivial. Nous avons voulu le faire à l'image de la chanson, c'est-à-dire simple et joyeux. C'était l'idée en laissant chacun s'exprimer librement devant la caméra.

L'album est déjà disque d'or. Est-ce que tu t’attendais à un tel succès et comment le vis-tu ?
Quand j'étais petit, un disque d'or était l'un de mes rêves. Que celui-ci soit à 2.000 ou 100.000, ce n'est pas une question de quantité mais celle de la récompense. Quand on me l'a annoncé, je n'ai pas craqué. Je me suis surtout dit que j'ai remboursé tous mes producteurs. C'est vraiment formidable ce qui se passe car il y a tellement de gens derrière qui travaillent ainsi que l'équipe de MyMajorCompany qui se consacre aussi à d'autres artistes. Il y a également tous ces gens de l'Alsace au Périgord en passant même par la Lituanie qui ont décidé de mettre de l'argent et pour certains des mois de salaire. Je suis déjà rassuré que ces 347 producteurs puissent récupérer l'argent impliquée dans la production du projet. J'ai plus considéré le disque d'or comme la satisfaction de rendre ces gens heureux que comme un plaisir personnel. Il faut maintenant continuer à faire vivre cet album, le faire découvrir au public. Il y a encore beaucoup de chemin à faire car rien n'est acquis.

En parlant de récompenses, est-ce que tu espères une nomination Révélation aux NRJ Music Awards et aux Victoires de la Musique par exemple ? (interview réalisée quelques jours avant la publication des nommés pour les NRJ Music Awards 2009)
Un disque d'or est une reconnaissance du public et c'est rassurant de savoir que la musique plaît. Cela représente un volume de ventes et donc les gens qui aiment mes chansons. En ce qui concerne une Révélation de l'année, il y a quelque chose qui ne se quantifie pas et donc encore plus abstrait. Si je suis nominé, je prendrai cela comme un grand bonheur. Je n'ose même pas imaginer si je remporte un jour une telle récompense. Je reconnais franchement que je n'y avais pas pensé.

J'ai appris que certains internautes et surtout certaines te trouvent des ressemblances avec un certain Justin Timberlake. Que t’inspire cette agréable comparaison ?
On me l'a déjà dit en effet. Je trouve cela plutôt flatteur. Il est possible que j'en aie des airs. Bien que j'aime les femmes, je reconnais qu'il est très beau et sensuel. De plus, j'aime bien ce qu'il fait. Il faudrait peut-être que je le rencontre pour mieux voir les points de ressemblance.

Quelles sont tes sources d'inspiration ?
Ce sont les sentiments, les émotions… Cela peut aussi bien être le regard d'une femme, d'un ami heureux qu'un reportage sur la guerre, un sans-abri… Les situations sont à l'origine d'émotions. Un panda dans un zoo peut m'émouvoir par exemple. Je suis très fleur bleue dans un sens. Quand Paul Éluard écrit "J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres", cela provoque des émotions et me donne l'envie de le dire à ma manière à quelqu'un.

Tu as de nombreuses influences musicales. Comment s'est faite ton éducation musicale ?
Je suis le dernier d'une famille de quatre frères et j'ai très tôt découvert les Beatles. Je me suis ensuite intéressé à David Bowie, Led Zeppelin, Pink Floyd, Bob Dylan… Ma culture musicale a d'abord été formée par le pop rock des années 60, 70 en élargissant vers la Motown. J'avais également tous les disques des Bee Gees, d'Elton John, de Billy Joel… Je me suis énormément nourri de ça tout en écoutant Brel, Ferré, Barbara. Dans mon adolescence, j'étais très Nirvana et Guns N'Roses. J'aime aussi beaucoup Francis Cabrel, Alain Souchon et Lenny Kravitz. En sortant avec une fille pour qui j'ai d'ailleurs la majorité de l'album, j'ai beaucoup écouté Jean-Jacques Goldman. Je connaissais ses tubes "Je te donne", "Encore un matin", "Là-bas"… et elle m'a fait découvrir des chansons comme "Je ne vous parlerai pas d'elle", "Confidentiel", "Parler de ma vie"… Cela m'a donné l'envie de mieux connaître son répertoire et ses influences de Johnny Winter à Léo Ferré. Avec des paroles simples mais fortes, des mélodies simples mais pas évidentes, Jean-Jacques Goldman m'a particulièrement influencé sur ce type de chansons et sur le fait que je voulais écrire en français. Je n'ai absolument pas la prétention de faire des chansons comme lui mais il m'a inspiré au même titre que les autres artistes.

As-tu eu l'occasion de rencontrer Jean-Jacques Goldman, parrain de MyMajorCompany et dont un des fils est l’un des fondateurs ?
Jean-Jacques Goldman est un des parrains de MyMajorCompany au même titre que Passi et Julie Zenatti. Ils ont juste prêté leur image en faisant des vidéos pour le site. Ils l'ont fait car ils trouvaient que l'idée était bonne. Jean-Jacques Goldman ne l'a pas fait pour son fils ; cela a juste facilité la proposition du concept. Il reste très en retrait de tout ce qui se passe. Je ne suis fan de personne et je n'ai pas exprimé le désir précis de le rencontrer. Je n'aime pas les choses programmées. Si cela doit se faire, cela se fera simplement. J'ai juste appris qu'il a aimé ma chanson au même titre que d'autres artistes. C'est d'ailleurs l'une des choses qui me fait réaliser ce qui se passe. Le fait que d'autres artistes viennent me dire qu'ils aiment ma chanson me touche beaucoup. Le fait d'exister pour des gens qui existaient avant moi est effectivement une façon de réaliser. J'étais par exemple très heureux de participer au Grand Studio RTL avec Laurent Voulzy.

Est-ce que l’idée de faire des duos justement est quelque chose qui peut t’intéresser ?
Concernant les duos, je pense qu’il s’agit surtout d’une question de feeling. Si demain, on me propose un duo avec Paul MacCartney, je pète un plomb déjà. (Rires) Si après, j’arrive et que l’artiste me déçoit d’autant plus que je le mets sur un piédestal, la collaboration perd de son sens. Je ne veux pas faire de choses à contre cœur. Je suis ouvert à toutes les collaborations que la personne soit connue ou non, que ce soit un chanteur, une actrice…, c’est avant tout une question de rapport humain. Il y a des gens auxquels je ne penserais pas mais qui seraient de très bonnes idées. Pour faire de la musique, il y a aussi la nécessité d’avoir une vision complémentaire de la musique.

On retrouve dans le livret de l'album des enchaînements écrits entre les paroles de chansons et cela forme une lettre. Ces talents d'écriture te donnent-ils des envies de roman par exemple ?
Cela est en effet une lettre et elle fait partie d'un bouquin que j'ai écrit il y a deux ans. Quand on prend Les Fleurs du Mal de Baudelaire, peu de gens les ont lues en entier. J'avais pleins de textes et comme je ne savais pas comment faire, comme je n'avais pas rencontré les bonnes personnes… Je me suis dit qu'en envoyant mes textes de chansons à quelqu'un, il serait bien de faire quelque chose de différent. Je savais pertinemment que l'on me dirait qu'il faut des musiques. Sur cela, j'ai eu l'idée en écrivant de la prose, d'y mettre un texte au milieu et de recommencer. J'ai ainsi écrit un recueil qui impliquait que les gens lisent les textes dans un certain ordre et surtout, l'ensemble des textes. Pour le livret de l'album, je ne voulais pas mettre les textes à la suite et j'ai également fait le choix d'y mettre une histoire entre les chansons car certaines ont été écrites il y a dix ans et d'autres pendant la réalisation de l'album. J'ai voulu lier les textes et aussi sortir du contexte de certaines chansons. C'est mon premier album et je ne voulais rien regretter. Tout ce que j'avais envie de dire, je l'ai dit.

Envisages-tu de publier ce recueil ?
Je ne sais pas encore. Je me suis servi de l'idée pour le livret de l'album et je m’en servirai probablement pour les concerts. Écrire est un moyen de dire les choses d'une façon encore plus jolie.

As-tu réfléchi au deuxième extrait de l'album ?
Je me pose beaucoup de questions à ce sujet et il paraît que c'est un bon signe. Cela signifie qu'il y a de la matière. En ce qui concerne le choix, je ne sais pas encore et quoi qu'il arrive, je défendrai mes chansons.

Ce n'est donc pas forcément "Rue des étoiles" comme certains médias l'ont annoncé ?
Ce n'est pas sûr. J'ai interprété cette chanson sur NRJ et ils m'ont demandé s'il s'agit du deuxième single. Je leur ai dit que cela est possible. Cela ne concerne pas que moi et j'écoute beaucoup les avis que j'entends. Ce sont mes chansons donc je n'ai pas nécessairement le recul nécessaire. Pour "Toi + Moi", j'étais d'accord avec tout le monde que cela ferait un très bon premier single. Pour le prochain extrait de l'album, beaucoup de personnes me conseillent "Rue des étoiles", "L'ami intime", "Donne moi une chance" ou "Ce qui reste de toi". Cela se définit sur beaucoup de choses donc le choix n'est pas facile.

As-tu déjà commencé à réfléchir à un deuxième opus ?
J'ai commencé à composer à partir de 15 ans et à écrire à partir de 17 ans. J'ai beaucoup de textes, de musiques et je n'arrête pas. J'ai donc de la matière pour un deuxième album. Je suis pour le moment sur le premier album, une tournée se prépare et il y a encore beaucoup de choses à confirmer pour savoir si j'ai la possibilité de faire un nouveau disque.

À quel moment le public pourra justement te retrouver sur scène ?
Nous espérons que la tournée commencera au printemps et qu'elle se finisse à l'automne de l'année prochaine sur Paris. Nous envisageons également quelques festivals d'été.

Pour finir cette interview, quel message aimerais-tu transmettre à ton public et aux lecteurs de Charts in France ?
J’espère qu’ils vont bien et je voudrais leur souhaiter ce qu’il y a de mieux pour eux, que leur route soit belle. J’aimerais également leur dire merci pour l’attention portée à ma musique.

Merci beaucoup Grégoire pour ta disponibilité et cette agréable interview.
C’est très gentil. Merci à toi.

Pour en savoir plus, visitez son MySpace officiel.
Pour écouter et/ou télécharger le premier album de Grégoire, "Toi+Moi", cliquez sur ce lien.
Retrouvez le clip du premier tube de Grégoire, "Toi+Moi" :
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