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Garou : "Un album comme celui-là, c'est de la création et de la récréation"

Remercié par Sony Music, et malgré deux albums qui n'ont pas séduit le public, Garou a su revenir sur le devant de la scène grâce à sa participation à l'émission "The Voice", dont il est l'un des quatre coachs. Il publie cette semaine un nouvel opus de reprises, "Rhythm'n'Blues", qui s'inscrit dans la continuité de ce qu'il a toujours fait, faisant sonner le blues au son de sa voix rocailleuse. Entre popularité et oubli, succès et revers, l'artiste se confie au sujet de son nouveau projet qu'il affirme avoir confectionné avec beaucoup de sincérité. Rencontre.
Crédits photo : DR.
Propos recueillis par Jonathan Hamard

Pure Charts : Vous ressortez un nouvel album quelques mois après avoir participé à l'émission "The Voice". Vous pensez que vous devez votre popularité en 2012 à ce télé-crochet ? C'est lui qui vous a permis de pouvoir prétendre à ressortir un nouveau disque ?
Garou : Oui. Pour la simple raison que je ne devais pas être en France cette année. J'étais à New York avec toute l'équipe du Cirque du Soleil. J'ai lâché ce projet pour revenir en France et participer à "The Voice". Ce n'est pas rien le Cirque du Soleil pourtant ! C'est un peu le rêve d'une vie, un projet comme celui-là ! Puis je ne savais pas ce que "The Voice" allait être. Et finalement, ça a été un tel carton que ça m'a amené un public assez jeune qui me ne connaissait pas nécessairement. C'est assez rigolo (sourire) !

Pour "The Voice", Il fallait que je m'amuse, que je m'éclate !
Vous vous êtes fait remarquer sur le plateau. D'entre les quatre coachs, c'est vous qui faisiez le show !
C'est drôle ! Vous n'êtes pas le premier à me le dire (sourire). Je suis quelqu'un d'assez spontané. Mais c'est vrai qu'on connait un petit peu moins cette facette de ma personnalité. D'habitude, j'arrive, je me plante sur scène, je chante et je sors. C'est peut-être plus comme ça qu'on me voit. Avec "The Voice", on m'a découvert comme je suis naturellement. Le premier soir d'enregistrement - parce que ce qu'on a vu n'a pas forcement été diffusé dans l'ordre chronologique de ce que nous avons tourné - il y avait une ambiance coincée. J'ai senti l'urgence de devoir déconner encore un petit peu plus. Assez satisfaits à la production, ils sont venus me trouver pour me demander d'aller dans cette direction. Je ne peux pas faire de faux. Je ne suis pas bon là-dedans. Je ne suis pas un bon menteur ! Il fallait que je m'amuse, que je m'éclate !

"The Voice" vous a permis de vous révéler, alors que le public vous connait depuis plus de dix ans si je comprends bien...
Aussi étrange que ça puisse paraître, c'est le cas. Les gens m'ont découvert différent. Dans le privé, tous mes amis pourraient vous dire que je suis comme ça. J'anime les soirées ! (Rires) Quand je pars dans mes délires, vous savez… (sourire).

J'ai peut-être fait mes deux derniers albums à l'arrache.
Vous n'aviez plus de maison de disques au début de l'année. Sony Music vous a remercié. Croyez-vous que le label Mercury aurait signé avec vous sans le succès de cette émission ?
En fait, je l'ai vécu plutôt à l'envers de ce qu'on pense et de ce qui se vit dans le métier. En réalité, je me suis dépêché de terminer un contrat avec mon ancienne maison de disques, parce que le métier a tellement changé depuis la signature de mon contrat, que j'ai essayé de m'en sortir au plus vite. J'ai peut-être fait mes deux derniers albums à l'arrache mais je ne m'en veux pas. Je savais ce que je faisais. Un beau jour, Pascal Nègre est venu à ma rencontre me parler : « Alors, quand est-ce que tu viens signer avec nous ? Ça fait des années qu'on en parle ! » J'avais envie d'aller voir un petit peu ce qu'il s'y passe. Et puis j'avais besoin d'un peu de liberté aussi. Il a essayé de me convaincre en me demandant ce que je voulais faire : « Pourquoi tu nous ferais pas l'album rhythm'n'blues qu'on attend tous de toi ? ». Une offre pareille… J'ai sauté dessus ! Tout s'est fait tellement rapidement entre cette offre et la signature du contrat. Je ne l'ai pas vécu par le succès de "The Voice" puisque le programme n'était pas encore diffusé à la télévision à l'époque. On ne savait pas encore si l'émission allait être ou non un succès. D'emblée, Pascal Nègre m'a confié qu'il ne voulait pas un album avec des Américains, parce que je commençais à lui sortir des premiers noms d'artistes américains qui s'y connaissaient dans le domaine. Il m'a dit : « Non non non, on va faire quelque chose de moderne avec des Anglais ».

Le défi, c'était de travailler avec une équipe de producteurs anglais sur des titres chantés en français...
Oui. C'était véritablement là que se situait le défi de cet album. Ce n'était pas une contrainte non plus. Ils m'ont tout de suite dit qu'ils voulaient des titres en français mais que si on n'y arrivait pas, ça ne posait pas de problème. J'ai donc rencontré les collaborateurs de Plan B à Londres pendant trois jours pour faire deux maquettes de deux identités totalement différentes dont "Quand tu danses", une très vieille chanson de Gilbert Bécaud, un peu oubliée. En sortant de ces trois jours, je n'avais pas encore signé avec Universal. Et je suis rentré à Paris avec non pas deux maquettes mais dix titres. On s'était beaucoup amusé en studios. Je leur ai fait écouter mes dix titres le jour de la signature du contrat. On ouvrait le champagne, on s'est mis à faire la fête. On écoutait les maquettes toute la soirée. Ça avait l'air d'une soirée de fin de projet, comme si on venait de boucler l'album. Tout s'est fait de manière très rapide et en même temps très spontanée.

C'est vrai que un grand écart cet album. On est surpris de retrouver à la fois un titre de Gilbert Bécaud et un autre d'Alicia Keys. Et qui plus est, on passe d'un titre à l'autre sans se rendre compte qu'il peut y a voir trente ou quarante ans qui les séparent...
L'alchimie a tout de suite eu lieu avec cette équipe rencontrée à Londres. Ils n'avaient aucun a priori sur la langue française. Je galérais dans ma tête, mais eux jouaient sans problème. De mettre ça ensemble sans que ça ait l'air d'un grand n'importe quoi, ce n'est pas évident. Parce qu'il faut une vraie cohérence musicale sur un album. C'est pour ça que je préférais que la question ne se pose même pas. Dans mes choix de chansons, j'ai eu une certaine audace pour leur lancer des défis comme quand on parle en studio et que je leur demande : « Qu'est-ce que le R&B aujourd'hui ? ». Alicia Keys, que tout le monde connaît. Mais le R&B vient du rhythm'n'blues… On le ramène à la racine en quelque sorte. Quand on écoute "If I Ain't Got You", on a vraiment ce sentiment que la version originale date vraiment des années 50. Ça sonne tellement vintage !

Crédits photo : DR.
Comment s'est effectué le choix des titres ? Avez-vous été conseillé ? Avez-vous disposé d'une totale liberté ?
On m'a aidé à faire des listes au début pour se donner des pistes. Il faut dire que je faisais mes listes de chansons pour mes candidats de "The Voice" en même temps. Il ne fallait pas que je mélange les deux ! (Rires) Je n'ai jamais rien mélangé. J'ai eu de beaucoup de monde de Mercury à mes côtés. Olivier Nusse s'est pris au jeu. Même Pascal Nègre est venu avec ses idées. Ils étaient vraiment motivés. Ils le sont encore aujourd'hui. C'est vraiment une grande fierté d'avoir su les garder motivés plus que jamais. Mais le choix des chansons devait avant tout se faire avec les musiciens. Parce que le rhythm'n'blues, c'est une musique complète, avancée… C'est beaucoup d'informations mais c'est complètement connecté sur l'émotion. Le blues est pour moi la musique la plus émotionnelle. C'est un message positif mais tout de même très émouvant. Et ça ne ment pas cette musique-là. Pour bien faire, il faut que les musiciens aiment ce qu'ils jouent, que ça transpire.

C'est la musique que je faisais dans les bars
Qu'est-ce que signifie le blues pour vous, de manière plus intime ?
C'est la musique qui commence dans les champs de coton. C'est la complainte avec un message positif. D'ailleurs, c'était pour cela que j'ai voulu reprendre la chanson "Bad Day". Parce que le texte de cette chanson évoque une mauvaise journée mais parle de beaucoup d'espoir. Elle exprime bien ce qu'est le rhythm'n'blues pour moi. C'est vrai qu'il y a des moments difficiles, mais il faut savoir passer au-dessus. On se donne un coup de boost.

Le rhythm'n'blues est donc un état d'esprit. Quel est votre d'esprit à vous, aujourd'hui ?
Cet album est le plus feel good de ceux que j'ai sortis jusqu'à aujourd'hui. Et c'est ce que je vis aujourd'hui ! C'est la musique que je faisais dans les bars. C'est la plus complète pour moi. Et après ça, j'ai eu une dizaine d'années de carrière avec une chance inouïe d'aller dans beaucoup de pays, même non-francophones. Et aujourd'hui, à 40 ans, je peux amalgamer le summum de ce que j'ai vécu dans les bars auparavant, et profiter du summum de ma carrière pour mettre ça ensemble.

Cet album, c'est aussi une prise de risque dans le sens où beaucoup de projets comme celui-là sont sortis ces derniers mois, et sont annoncés pour les semaines à venir. Vous ne craignez pas une certaine lassitude du public ?
Non. J'ai quelque chose qui se tient. Il y a véritablement de la recherche. Peut-être que certains le penseront s'ils n'écoutent pas mon nouvel album ! Mais un album comme celui-là, c'est de la création et de la récréation. Il y a toujours eu des reprises. Il y a eu des époques où il y a même eu beaucoup plus de reprises que maintenant. Je suis un grand fan d'Elvis et de Sinatra. Ce sont deux artistes qui ont fait carrière en faisant des reprises. Ils se les piquaient même entre eux en plus. Ils ont tous les deux repris un titre de Claude François. Ils ont fait deux belles versions de la chanson "My Way". Je ne crois pas qu'ils se soient posé ces questions-là avant de faire ces reprises.

Ce n'est pas un album organisé
N'avez-vous à aucun moment pensé à enregistrer un duo pour cet album, avec par exemple l'un des artistes que vous reprenez ?
Si, bien sûr que j'y ai pensé. Mais tout s'est fait tellement rapidement. Il aurait fallu organiser ce duo. Et ce n'est pas un album organisé ! Ce n'est pas calculé, arrangé...

Allez-vous trouver le temps de poursuivre l'aventure "The Voice" ? Une première date au Casino de Paris est prévue très bientôt, et peut-être une tournée prochainement...
Là est toute la question (sourire) ! Tout va dépendre de ma tournée. Pour l'instant, elle n'est pas bouclée. Donc, si on veut, c'est une chance car ça me laisse encore le choix (sourire). C'est plutôt de bon augure pour l'instant. Autant j'ai très envie de tourner avec l'album, mais, pour vous donner un petit indice, je devais tourner avec le Cirque du Soleil à Moscou. J'ai laissé tomber ce projet pour "The Voice" alors qu'on ne savait pas si ça marcherait. Alors maintenant, avec le succès que l'on sait, je vous laisse répondre à ma place (sourire).
Pour en savoir plus, visitez garouland.com et sa page Facebook
Ecoutez et/ou téléchargez le nouvel album de Garou sur Pure Charts.

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