Christine and the QueensVar.inter, Pop, Rock » Rock inde
mercredi 08 mai 2019 11:38
Chris évoque son évolution physique et le succès : "J'ai gagné en confiance, en puissance"
Christine and the Queens se raconte dans un entretien exhaustif accordé au "Monde". La chanteuse revient sur la genèse de son alter-ego scénique, explique sa transformation physique, sa définition du féminisme et confie ses doutes à propos du succès : "Je fais ce métier pour être comprise".
Crédits photo : Bestimage
Lorsqu'elle est revenue métamorphosée en garçonne dans le clip "Damn, dis-moi", avec un nouveau nom de scène, Chris a dérouté une partie du public. Où est passée la chanteuse et ses "Queens" dont la chevelure virevoltait au rythme de ses pas dans "Saint Claude" ? L'artiste de 30 ans donne les clés de cette évolution identitaire dans un long entretien accordé au Monde. Chris n'a pas oublié d'où elle vient. C'est dans un club de Londres, quand elle avait la vingtaine, qu'elle était « empêtrée dans ses questionnements » sur la société, le genre, que cette jeune française « paumée » a été prise sous son aile par trois drag-queens. Est-ce vraiment étonnant que ce deuxième chapitre de sa vie d'artiste, après le phénoménal succès de "Chaleur humaine" (2014), soit marquée par l'affirmation d'une « féminité puissante, conquérante, inspirée de mythes masculins » ? « Rappelons-nous encore une fois les drag-queens : on peut voler à un autre genre pour raconter sa propre histoire. Eh bien moi, je raconte ma féminité en empruntant certains codes de la virilité (cheveux courts, muscles huilés) qui sont en réalité très féminins. Mon changement de look a choqué, comme si j'avais inventé la poudre à explosif. Mais enfin ! Il y avait eu avant moi Annie Lennox, Grace Jones, de nombreuses femmes des années 1990 qui étaient des amazones ou des tomboys ! Je n'ai rien inventé » décrypte-t-elle. "Je me croyais fragile mais performer est devenu un métier"Pour Chris, « le succès a été vraiment inattendu ». « Aucun calcul, pas le moindre calibrage. Tout est parti d'un geste hyper sincère. Et ça a marché commercialement. Je trouve ça beau et émouvant. Ça me met au défi de poursuivre, de penser au troisième chapitre en remettant tout sur la table, car j'aime le risque ». L'amour du public, la chanteuse explique l'avoir absorbé comme une force vitale, l'a transformé en moteur. « J'ai longtemps cru que j'étais faible, incapable de voyager, de parler devant un groupe, et voilà que je fais le tour du monde et m'adresse à des foules. Je me croyais fragile mais performer est devenu un métier. Mon corps s'est musclé. Chanter, danser, bondir sur scène tous les soirs est une hygiène de vie. Mon rapport à la féminité passe donc aujourd'hui par un corps en santé et en force ; qualités réputées viriles qu'on oppose à la douceur, la langueur, voire la mollesse supposées des femmes » analyse Chris, pour qui la scène est « devenue une addiction ». « C'est un tel plaisir ! Une telle décharge d'adrénaline ! J'en parle comme d'une substance, moi qui n'en prends aucune, car je crains le manque et connais parfois des angoisses : si un jour on venait à se lasser de moi, à ne plus vouloir m'écouter, que ferais-je ? » s'interroge celle qui dit faire ce métier pour « être vue », au sens « comprise ». "Ce culte de la célébrité me met très mal à l'aise"Mais cette vie sous le feu des projecteurs est à double tranchant. L'irruption des réseaux sociaux dans notre quotidien, la fissure entre l'image privée et publique, a modifié notre rapport avec les autres. « C'est ma grande angoisse (...) Ce sera l'éternelle inquiétude. M'aime-t-on pour ce que je suis, vraiment ? Ou pour l'idée que l'on s'en fait ? Ce culte de la célébrité entretenu par les réseaux sociaux me met très mal à l'aise et je trouve effrayant l'importance qu'on y accorde. Le fond du truc est cafardeux. Ça me foutrait presque le bourdon. Je me suis parfois trouvée dans des situations où j'avais instantanément plus de privilèges simplement parce que j'étais connue. Cette révérence-là, je la trouve très laide. Et en plus, je n'ai pas du tout l'impression de la mériter » avoue Chris, désormais honorée dans le monde entier, du festival Coachella aux colonnes du prestigieux magazine Time. Humble face à cette reconnaissance internationale, Chris dit seulement vouloir « continuer à faire des choix artistiques en liberté ». « Comme un nouveau-né » précise-t-elle. L'artiste a pourtant conscience d'avoir une voix, écoutée par beaucoup : « Je reçois des lettres qui m'émeuvent, des témoignages de filles me remerciant de leur avoir donné l'audace d'assumer leur sexualité ou la force de se lancer dans un projet personnel. J'envoie des signaux, c'est vrai. J'affiche une façon d'exister en tant que femme qui m'a manqué à l'adolescence comme elle a dû manquer à d'autres. En cela mon geste est militant ». Où se positionnera la suite de ses projets ? « Dans la création artistique, quelle que soit sa forme. Le cinéma, le théâtre, pas forcément toujours la pop music où la nuance est si dure à imposer. Il y a tant de formes possibles. Tant de belles choses à faire » conclut-elle, pleine d'ambition. Regardez le clip "Damn, dis-moi" :
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