Alain Chamfort

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Alain Chamfort regarde dans le rétroviseur. Pour l'album "Dandy symphonique" et le spectacle qu'il présente actuellement en tournée aux quatre coins de la France, l'illustre chanteur offre une rétrospective des mille et une vies qu'il a menées durant sa carrière, débutée en 1973 avec l'album "Je pense à elle, elle pense à moi - L'Amour en France" sur le label Flèche fondé quelques années plus tôt par Claude François. Mais en 1976, l'artiste vole de ses propres ailes et signe sur une autre maison de disques un contrat lui garantissant une totale liberté de création, qui aboutira sur sa rencontre déterminante avec Serge Gainsbourg. De leur amitié naîtra "Rock'n Rose" (1977), un projet confectionné avec les futurs membres de Toto comme musiciens, et surtout "Poses" (1979), qui rencontra un grand succès grâce au tube désormais mythique "Manureva".

"Il y avait Jane Birkin qui m'aimait bien"

Alain Chamfort revient sur cette collaboration qui l'a propulsé vers les sommets. « Serge a accepté pour plusieurs raisons. La première, c'est que j'étais revenu avec les playbacks. Les bases instrumentales étaient enregistrées avec les musiciens et quand il a entendu les rythmique, ce n'était plus du tout un son de variété française, mais avec une musicalité plus intense. D'autre part, il y avait Jane Birkin qui m'aimait bien. On s'était croisés à plusieurs reprises, on avait eu le temps d'échanger et je pense qu'elle avait quelques éléments sur moi, qu'elle a su transmettre à Serge pour qu'il se décide vraiment à accepter qu'on collabore ensemble » se souvient au micro de France Info l'artiste de 73 ans, pour qui le carton de "Manureva" « repose autant sur la musique que sur le texte ».

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"Manureva, je l'ai faite un peu à reculons"

Pourtant au départ, Alain Chamfort n'était pas convaincu par le potentiel de la chanson, qui devait s'appeler "Adieu California". Alors qu'une maquette finalisée était en cours de fabrication, le chanteur, insatisfait, demande à Serge Gainsbourg de réécrire les paroles. « Je l'ai faite un peu à reculons parce que ça intéresse qui de parler de Marilyn Monroe, de Coca-Cola ou de l'imagerie américaine ? Un jour, il a eu la chance de croiser des skippeurs de bateaux qui ont évoqué le nom : "Manureva", le bateau d'Alain Colas. Comme Serge était sensible aux mots et qu'il n'était pas très sûr de lui, car il ne faut pas croire, mais il avait conscience de la qualité de ce qu'il avait écrit sur "Adieu California", il a écrit ce petit hommage. Il m'a appelé le lendemain pour susurrer au téléphone les quelques premiers vers ». Cette ode à l'Amérique devient alors un hommage à Alain Colas, navigateur disparu en pleine mer durant la première Route du Rhum en novembre 1978. En pleine vague disco, le morceau, entêtant et indémodable avec ce gimmick au synthétiseur, finit par tourner en boucle sur les radios, se classant deuxième du hit-parade.

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Pour Alain Chamfort, fait Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres en 2018, "Manureva" est devenue « un peu une référence ». « Je sortais vraiment de l'école Claude, véritablement, et je proposais quelque chose de musical, d'actuel et c'était un renouvellement. C'était un petit peu le début de la pop française et je fais partie de ces gens qui ont participé à la naissance de cette nouvelle culture. C'était évidemment inspiré par ce qu'on entendait via le monde anglo-saxon et américain, mais malgré tout, avec la French touch, avec notre façon à nous de faire les choses » se félicite-t-il aujourd'hui, heureux de constater que son titre a su traverser le temps et les générations.