Zaz

Crédits photo : Yoann Orhan
Difficile de donner à "Zaz" un successeur. La chanteuse a séduit plus de 745.000 Français avec son premier opus, truffé de tubes dont "Je veux", qui a marqué l'été 2010. Trois ans après, Zaz revient avec "Recto Verso", un album fait de contrastes avec lequel l'artiste joue sur les deux tableaux, chantant ses peines et ses joies, ses douleurs et ses espoirs, qu'elle entend bien partager avec le plus grand nombre. Esthétique sauvage et coloré pour "Recto Verso", dont la pochette montre le visage de l'artiste, maculé de tâches de couleurs vives. Des couleurs qui représentent une palette d'émotions, que Zaz dépeint à travers quatorze chansons, entre lumière et mélancolie.

Des chansons qui appellent au rassemblement

"Recto Verso" est un album fédérateur, plus encore que l'avait été "Zaz". Le premier extrait, "On ira", a l'étoffe d'un tube et s'adresse au public : « Vous êtes les étoiles, nous sommes l'univers / Vous êtes mille pages et moi je suis la plume », chante Zaz sur un texte signé Kerredine Soltani et Volo. Les deux frères ont également mis la main à la pâte sur "T'attends quoi", qui appelle les peuples à se dresser pour sauver notre monde partant à la dérive, sans attendre d'être secourus par un Dieu. Ours invite également à se lever dans "Nous debout", avant qu'on ne s'« enlise dans la vase » : « Soulève, un peu nos rêves / Au dessus des toits, des falaises ».

Son rêve d'un monde meilleur, Zaz ne pourra le réaliser sans que « nos mains nues se rassemblent » : « Si nos voix s'unissaient / Quel hiver y résisterait ? » peut-on entendre dans la chanson "Si", signée Jean-Jacques Goldman. Un piano/voix qui tranche avec le guitare/voix "La lessive", qui met lui aussi en valeur le grain de voix si particulier de Zaz, et à travers lequel l'artiste chante comment son ascension du Mont Blanc lui a permis de comprendre quelle était sa voie et la nécessité du lâcher-prise.

Des ritournelles toujours aussi efficaces et quelques surprises

On retrouve sur "Recto Verso" une recette qui a déjà fait ses preuves. Musicalement, hormis quelques surprises dans un registre plus jazzy, Zaz remet l'accordéon, les guitares, violons, tubas et sifflets au premier plan sur des mélodies populaires essentiellement signées par le duo Volo. La vraie surprise vient du titre "Déterre", écrit et composé par la jeune Buridane, inscrivant Zaz dans un registre plus rock qui sied parfaitement à sa voix. Les guitares électriques donnent le tempo pour faire « jaillir le ras-le-bol ». A travers les chansons "Comme-ci, comme ça" et "Gamine", l'artiste s'affirme un peu plus : « Vous ne me changerez pas / Je suis comme ça / Et c'est tant pis ». Zaz évoque aussi la dualité qui l'anime depuis toute petite, donnant entre les lignes un sens à l'intitulé "Recto Verso". On aurait sans doute pu se passer de quelques titres, sources de longueurs ou de répétitions. On pense notamment à la reprise de Charles Aznavour, "Oublie Loulou", qui, aussi bien musicalement que textuellement, sort des cadres de "Recto Verso".