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Skip The Use en interview : "Le duo avec Shaka Ponk ? Ca va être dément !"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Le rock dynamite de Skip The Use est de retour ! Le groupe lillois vient de publier son troisième opus dans les bacs. De passage en promotion à Paris, le guitariste Yan Stefani et le charismatique leader Mat Bastard ont accepté de se confier sur la genèse de "Little Armageddon", leurs influences ska et punk, les télé-crochets, le nouvel album de Sophie-Tith, les Victoires de la musique ainsi qu'un duo à venir avec... Shaka Ponk !
Crédits photo : DR
Propos recueillis par Yohann Ruelle.

Après avoir connu un succès critique et public comme "Can Be Late", comment avez-vous abordé la genèse de ce nouveau projet ? La pression sur les épaules ?
Yan Stefani : Non pas vraiment, on n'a pas trop pensé à ça ! On s'est plutôt concentrés sur ce qu'on avait à faire, afin de donner le meilleur de nous-même en studio. On ne voulait pas faire les mêmes erreurs qu'on a pu faire avant...

Lesquelles par exemple ?
Yan : On voulait passer plus de temps sur les morceaux, qu'ils soient plus aboutis pour nous, dans notre tête. Être pleinement satisfaits du résultat, en allant plus loin dans la composition, le mixage, les sons aussi... Pour en être fier et ne rien regretter.

Ces deux dernières années, vous n'avez pas cessé de tourner partout en France... C'est là que s'est construit l'album ?
Mat Bastard : Non, on ne sait pas bosser sur les routes ou dans le bus. Donc ça c'est fait dans nos studios, chaque fois que l'on revenait de concert.

Qui se charge de l'écriture des morceaux ? C'est un travail collectif ?
Mat : On fait toute la musique nous deux, et moi je me charge des textes. On bosse chacun de notre côté, puis on se retrouve, on met ça en commun et on retravaille ! On avise ensemble quel texte s'accorde le mieux à quel morceau, on fait coller, on réadapte si besoin...

Les autres ne sont pas impliqués dans ce processus ?
Mat : Ils interviennent une fois les morceaux écrits et finalisés. C'est notre façon de fonctionner, depuis le départ. Il n'y a pas de problème ! Nous, on sait qu'ils assureront derrière.

On ne s'est imposé aucune limite
Le concept derrière "Little Armageddon", c'est quoi ?
Yan : On n'avait pas vraiment de fil conducteur, si ce n'est une idée précise de ce qu'on voulait rendre au niveau du son : quelque chose de brut et en même de très produit. On a fait les chansons les unes après les autres, en essayant d'aller le plus loin dans chaque morceau. On ne s'est imposé aucune limite.

Et sur "Nameless World" notamment, où vous empruntez des sonorités reggae. Donc c'était une volonté affichée, de flirter avec d'autres horizons musicaux ?
Yan : Ce n'est pas une question de voir ailleurs, c'est un retour aux sources ! On a un vécu avant Skip the Use et on voulait retrouver cette énergie. D'ailleurs, un des riffs de ce morceau date de plusieurs années.
Mat : En fait, c'est plus ska que reggae. Cette scène représente beaucoup pour nous, c'est très anglais, c'est la musique de la tolérance, très rock'n'roll aussi. Souvent, les gens font la confusion mais ce n'est pas pareil que du Bob Marley ! (Rires). On aime bien remettre au goût du jour certains trucs old school, c'est pour ça aussi qu'on se permet, des fois, de faire des clins d'oeils "riffistiques" à Led Zep ou les Stones, tout en y apportant une touche actuelle. C'est cette musique qui nous a formés.

Découvrez "Nameless World", le clip animé de Skip the Use :



Ce qu'on aime ? S'amuser et se faire plaisir
Au sein du groupe justement, vous partagez les mêmes influences ?
Yan : Pas nécessairement ! Justement, notre identité, c'est d'avoir une large palette d'univers et de genres. Sur "Give Me Your Life", on s'est frottés à un mélange entre le rock et le disco. C'est ça qu'on aime dans notre création : s'amuser et se faire plaisir.
Mat : C'est vrai, nos influences sont très variées au final. Ça va du rock et du punk au métal, en passant par l'électro, le hip-hop, la pop et même la chanson française, le classique... On est très gourmands question musique !

Dans les autres arts aussi, non ? Je pense au clip en animation de "Nameless World"...
Mat : Ça, c'est nouveau pour nous. On essaye d'être plus investis dans notre image. On connaît moins cet aspect-là mais on tente des choses nouvelles, on expérimente...
Yan : C'est pareil que pour l'album, il y a des choses qu'on ne veut plus faire. Je ne dis pas que ce qu'on a fait avant était pourri, loin de là... Mais presque. (Rires)

Pourquoi faire le choix de ne chanter principalement qu'en anglais ?
Mat : Parce qu'on a envie de s'exporter et de jouer partout dans le monde. Et c'est ce qu'on fait ! On est très heureux que notre message soit compris par la grande majorité des gens sur la Terre.

Chanter en anglais n'est pas une barrière
Elle vous vient d'où, cette culture anglo-saxonne ?
Mat : Déjà, on vient de Lille, une ville frontalière. A côté de nous, c'est la Flandre belge où ça ne parle pas français donc on a tout de suite été baignés là-dedans. On a fait ce choix d'opter pour une langue commune. Et puis tu te rends compte que la langue, ce n'est pas aussi important que ça ! Ce qui compte, c'est le résultat et le fait de chanter en anglais nous a permis d'avoir plus d'impact. En France, on a un gros problème avec ça, à croire que chanter anglais met une barrière à la francophonie. Ce n'est pas notre mode de pensée.

Il y a tout de même un titre en français sur ce nouvel album : "Être heureux".
Mat : Oui, parce que le sujet est très franco-français et qu'on avait envie que ce soit en français pour cette raison-là. Si c'était pour d'autres motifs, on aurait fait plus de morceaux. Il n'y a pas de calcul, on fait toujours des choix pour servir les chansons et on y va à fond ! C'est un disque très personnel finalement, on s'est donné tous les moyens possibles et inimaginables pour arriver à montrer qui on est. On est multiples, on a plein de facettes et on a voulu en laisser aucune de côté. Donc c'est pour ça, si on était dans le rock, on y était à fond, si on était dans la pop, on y était à fond, si on était dans le français, on y était à fond. On ne se planque pas derrière des prétextes.




Le choix du titre, c'est toujours une étape cruciale dans la conception d'un projet. Pourquoi celui-ci ?
Mat : Ce qui nous plaisait, c'était l'oxymore, ce brouillage de pistes et cette association des contraires. C'est un disque où la tolérance et le vivre ensemble reviennent beaucoup, on a voulu traiter de sujets parfois lourds en choisissant des angles assez originaux, musicalement. Il y a un côté soleil noir dans certains de nos titres. "Little Armageddon", ça reflète bien l'ambivalence du disque.

Je suis fan de Pharrell Williams et Rihanna !
Pure Charts a rencontré Indochine il y a quelques temps, au cours d'une session TwitLive. Nicola Sirkis et Oli de Sat nous ont confié que s'ils avaient 12 ans, ils seraient fans de One Direction... Vous aussi, il y a un artiste inavouable que vous vénérez secrètement ?
Mat : Mais on a toujours 12 ans ! (sourire)
Yan : Moi j'étais déjà hardcore à l'époque. Taper. Plus vite. Plus fort.
Mat : Pareil, j'étais un punk très précoce. Mais comme c'est une scène qui a beaucoup évolué - c'est normal aussi - je pense qu'aujourd'hui, je serais entre le punk californien et tout ce qui est dubstep à la Skrillex.
Yan : Allez je l'avoue, je suis fan de Pharrell Williams et Rihanna. Pour un rockeur, c'est pas si facile à assumer !
Mat : J'écoute Patrick Sébastien en soirée avec mes potes, ça compte ? (Rires)

Plus sérieusement, tu as travaillé avec Sophie-Tith sur son prochain album, Mat. Comment est née cette collaboration ?
Mat : Elle est venue me voir pour bosser sur "Premières rencontres", mais je n'étais pas intéressé par ce concept de reprises. On a donc écrit ensemble des chansons originales pour son disque à paraître. Elle voulait que ça sonne très rock, même si là, on est arrivés avec "Enfant d'ailleurs", plus pop. L'album est dans un autre état d'esprit, on a été assez libre de faire quelque chose de chouette. Maintenant, c'est à elle de tracer sa route ! Là, moi je ne me suis occupé que du son et des titres. En tout cas, c'est une chanteuse qui est talentueuse et qui a vraiment quelque chose. Je n'avais vraiment pas envie qu'elle se retrouve à faire un album de variété...

Ecoutez "Enfant d'ailleurs", le nouveau single de Sophie-Tith :



Pour un groupe de rock, avec une forte identité scénique, un public très ciblé... Tu n'as pas eu peur de l'étiquette "télé-crochet" ?
Mat : Je vais te dire. Nous "Little Armageddon", on le fait pour tout le monde, même ceux qui regardent la "Nouvelle Star" : y'a pas de dress code à l'entrée ! Je ne vois pas les choses comme ça. Par exemple, on a déjà fait des concerts avec des gars du hip-hop. Notre but, c'est un peu de briser ces barrières. Ma participation au projet de Sophie-Tith, ça ne va rien changer à ma carrière avec Skip the Use ! Je trouvais ça cool d'aider quelqu'un à faire ses premiers pas. Son premier single, il parle du fait d'être issu de l'immigration et de vivre en France. Et les gens ont dit : "Oui mais c'est assez simple"... J'trouve que c'est "assez simple" quand on est blanc, mais vas-y, peins-toi en black, en rebeu, mets toi des yeux bridés et tu vas voir ce que c'est ! Il y a une deuxième lecture et ce sont ces nuances qu'on a essayé d'apporter. Après, dans l'album, il y a des chansons beaucoup plus immédiates, directes et là, ça risque beaucoup plus de choquer les gens. Elle l'a voulu, elle l'a eu ! (sourire)

A la télé, on a une vision faussée de la starification et de la musique
Tu aurais pu participer à "Nouvelle Star" ou "The Voice" ?
Mat : Non. Je le dis haut et fort, je suis contre ce genre d'émission. Enfin... les télé et radio-crochets ont toujours existé. Mais ce qui me rebute, c'est qu'on met souvent en avant les gens qui foirent et on se fout de leur gueule. Les jeunes aujourd'hui, ils ont l'impression qu'il n'y a que ça pour percer.
Yan : C'est une vision de la starification et de la musique qui est faussée. Devenir une star, c'est pas devenir musicien. Ce n'est pas la même chose !
Mat : J'étais sur le prime pour la finale de la "Nouvelle Star" et c'est ce que je disais à Sophie-Tith. Au final, c'est quelque chose de très mesuré dans le temps. C'est comme Miss France : un an ! "La Nouvelle Star 2014 est Mathieu". Tac ! Sophie-Tith, merci... Et voilà ! Quand tu prends les gamins, que tu les mets devant des millions de personnes, l'après peut être très violent. Donc nous quand on fait ce disque, on s'en bat les couilles de l'étiquette "Nouvelle Star". Maintenant, on est du même bord, c'est parti. C'est sa vraie vie d'artiste qui commence.

Vous trouvez qu'il y a encore un intérêt à remporter un prix aux Victoires de la musique, dans le sens où ce ne sont que les professionnels qui votent ?
Mat : Il faut savoir que dans le collège de votants, il n'y a pas que les grands patrons des maisons de disques. Il y a aussi des petits labels indépendants, qui se défoncent et font ça avec trois bricoles ! Et je trouve ça génial parce que nous, on existe grâce à ces gens-là. Au début, on était sur une structure qui s'appelle NPE, qui participe aux Victoires, et je te prie de croire qu'on était en petit comité, trois groupes peut-être, et ce sont des mecs qui ont mis leurs couilles sur la table pour qu'on puisse survivre. Donc oui, il faut aller aux Victoires de la musique au nom de ces gens-là, et puis tout simplement pour montrer ce qu'il se passe en France au niveau musical. Si tu commences à boycotter ce genre d'événement, ça cloisonne la créativité.

Six mois seulement après la fin de vos dernières dates, vous repartez déjà à l'assaut du public pour une nouvelle tournée. La scène, c'est ça votre rêve ultime ?
Mat : Et encore, on a assuré plusieurs showcases et apparitions durant l'automne, moi j'ai bossé avec Sophie-Tith... Le repos était de courte durée ! Mais on ne se plaint pas, c'est franchement cool, tout se passe toujours dans la bonne humeur. On se sent bien, en tournée.

Un spectacle, c'est une vraie aventure
J'ai l'impression que des titres comme "Birds Are Born To Fly" ont été spécialement écrits dans cette optique-là, par exemple...
Mat : Quand on est en studio, on n'y pense pas. C'est surtout après qu'on fait un gros travail avec le groupe pour transformer ces morceaux en version live. Si le public a cette impression-là, tant mieux, c'est qu'on assure sur ce terrain ! (Rires) Mais moi, j'peux te dire que certains titres comme "Ghost", qui sonnent très bien en studio, y'a du boulot question arrangement. Et même des fois, c'est pire, on sait qu'on se tire une balle dans le pied pour les concerts avec tel ou tel morceau. Pour "Birds", c'est simple. On sait qu'il ne va pas falloir un boulot monstre pour la réorchestrer ! Mais par contre, on n'a pas encore fait la scénographie, et si musicalement ça colle, il faut aussi la rendre attractive dans les conditions d'un concert. Alors oui, c'est une chanson fédératrice, mais il ne faut pas que le public ait les yeux scotchés sur un écran quand on veut le faire participer, il faut réfléchir à comment mettre le refrain en valeur... Ça, ce sont des questions qu'on a pas encore abordées, on est en plein dedans. Un spectacle, c'est une vraie aventure.

Écoutez "Birds Are Born To Fly", le nouveau single de Skip the Use :



Quel est votre pire souvenir de concert, justement ?
Yan : Ben on a pas forcément envie de le partager ! (Rires) Une fois, on a fait un concert avec des artistes de variétés et le public n'était... non, pas très réceptif.
Mat : Ils ont eu très peur. Quand on est arrivés, je pense qu'ils ont cru qu'il y allait avoir un attentat ! Ils étaient effrayés.
Yan : Ouais, il y avait une vraie barrière.

Et là, on se sent comment sur scène ?
Mat : Ah mais nous on rigolait ! On rigolait mais en même temps, on essayait de les rassurer. On assuré la prestation jusqu'au bout.

Le duo avec Shaka Ponk ? Vous n'allez pas être déçus !
Un vraie duo en bonne et due forme avec Shaka Ponk, c'est envisageable ?
Yan : On y a pensé pour cet album-là, c'était dans les cartons, seulement on a eu des problèmes au niveau des disponibilités de chacun.
Mat : On a en effet une chanson en prévision, sur laquelle on a commencé à bosser et qu'on doit terminer. Vu qu'on sort notre album, là c'est compliqué... Mais on le fera ! Avant l'été, je pense que ça sera bouclé. On va se débrouiller. Ça sera dément... Vous n'allez pas être déçus !

Il y a d'autres artistes avec qui vous aimeriez collaborer ?
Mat : Joe Satriani.
Yan : Stromae, on y a pensé à un moment parce qu'on aime ce qu'il propose.
Mat : Le problème, ça reste les disponibilités... L'avantage des home studios, c'est que tu peux vite te retrouver dans un festival, à poser des voix sur une instru à l'arrière d'un bus ! Après, tu remixes le tout en rentrant et ça peut se faire comme ça. Y'a plein de gens qu'on aime bien.

Il y a des moments où vous vous dites que c'est trop, que vous avez besoin de lever le pied ?
Mat : A chaque début de concert ! (Rires) Non, plus sérieusement, non. On est trop jeunes encore pour penser comme ça. Là, faut y aller, on y va sans se poser de question. On est contents d'avoir cette chance et cette opportunité.
Pour retrouver Skip The Use, visitez son site officiel ou sa page Facebook.
Ecoutez et/ou téléchargez "Little Armageddon" de Skip The Use sur Pure Charts.

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